Mascarade

Chapitre 31

« Des chaînes mentales ? Demanda Junior face à son grand-père assis confortable dans son fauteuil.

- Oui c'est cela »,, lui répondit le vieil homme qui fixait de manière pensive la baie vitrée au sein du salon. Il pouvait observer à travers la fenêtre les étoiles dans le ciel qui brillaient joliment. Junior suivit son regard et les observa de même. 

« Moi je vois pas ça à la maison. On voit même pas les étoiles.

- C'est normal,  l'humain a cherché à devenir plus fort que notre Dieu puissant. Résultat ils sont privés d'une telle beauté, lui dit le vieil homme en riant. Quand ces explorateurs sont venus sur nos terres, nos ancêtres les ont reçu comme des constellations. Résultat, nos ancêtres sont devenus esclaves, ont obéit à des esclavagistes qui les considéraient plus bas qu'un chien. Après l'esclavage, ils nous ont libéré mais pas nos terres. Le début de la colonisation. On nous a exploité, vidé de nos richesses pour nous plonger à la fin dans de grandes difficultés. Le pire, nos anciens colonisateurs et esclavagistes sont encore glorifiés et pris pour exemple. Ils ont l'audace de nous dicter et nous apprendre ce qui est soit disant bon ou mauvais. Même définir ce qu'est un humain civilisé et différent d'un à l'état sauvage. Et tout ça en oubliant nos cultures primitives, notre identité, notre dignité et aussi notre fratrie.  Il faut que tu saches Junior que l'esclavage a été une prise d'otage avec des chaînes. Mais la colonisation une chaîne mentale qui nous a terrassé complètement. On en est ressorti appauvri mentalement et même je dirais physiquement. C'est de là que les esprits de millions de jeunes gens se sont réveillés. Pour eux une lutte sans sacrifice n'existait pas ».

« Il est plus important, plus utile pour l'impérialisme de nous dominer culturellement que militairement. La domination culturelle est la plus souple, la moins couteuse, la plus efficace », Thomas Sankara

Février 2018

« On veut plus du franc CFA, on veut plus du Franc CFA ! »,  s'écriaient en cœurs plusieurs manifestants descendus dans les rues de la grande capital du pays. C'est avec un grand étonnement que les soldat montant la garde de sécurité autour les observaient.

« Purée, ça rigole pas, s'exprima le soldat Jamal aux côtés de Michael qui surveillaient tout comportement suspect dans les foules marchant sur les rues afin de se faire entendre.

- Non, pas du tout, lui répondit Michael qui soupira.

- Vous pensez que ça va marcher ? Demanda un soldat à côté.

- Un jour où l'autre, les gens finiront par arrêter de se faire avoir », lui répondit Jamal en souriant.

*****

Au même moment, sur le siège passager arrière de la voiture, Nafissatou regardait les informations avec un grand étonnement sur l'écran de son portable.

« On veut plus du franc CFA ? Se demanda-t-elle avant que le chauffeur gare la voiture tout juste devant l'école primaire.

- Madame, on est arrivé, lui informa à l'avant le chauffeur.

- Euh, oui, Sackina tu fais attention d'accord, l'avertit Nafissatou.

- Oui maman, lui répondit Sackina qui s'apprêta à sortir de la voiture mais Nafissatou lui tira son sac. Surprise, la petite-fille se retourna pour voir sa mère retirer sa poupée de son sac dans lequel elle l'avait caché.

- Non, tu amènes pas ça à l'école, après tu vas la perdre, quand tu vas revenir à la maison, tu vas la trouver d'accord ?

- Oui maman, lui répondit Sackina qui fit la moue et descendit de la voiture sous l'œil attentif de Nafissatou.