- NDA : Dans ce prologue les personnages sont jeunes, donc non ce ne sont pas des fautes de grammaire ou autre ;)
11 ans plus tôt
— Pourquoi qu'elle y aurait droit elle ? Elle peut pas d'abord, c'est une fille.
Le blondinet croisa les bras sur son petit torse, refusant de bouger.
— Mais Rafael... Sam aussi elle est déjà venue c'est nul comme argument.
— Mais Sam c'est pas une fille ! Sam c'est une sœur, c'est pas pareil !
Les deux garçons continuaient de se fixer du regard, aucun des deux ne voulant être celui qui céderait le premier. Rafael a toujours été celui capitulant devant son aîné, mais à ce moment tout en lui criait à l'injustice. Son frère ne pouvait pas faire ça, il ne le laisserait pas faire. Contre toute attente il le vit souffler avant de détourner les yeux le premier. Son premier réflexe fut de lui sauter dans les bras, mais il se retint de justesse. Il ne fallait pas baisser la garde face à l'ennemi avant d'être certain de sa victoire. Il ne bougea donc toujours pas, mais le suivit du regard quand il retourna s'assoir sur son lit.
— Pourquoi tu ne veux pas Rafael ?
Il ne paraissait pas réellement triste quand il lui posa la question, juste curieux.
— Parce que personne n'a le droit de rentrer dans le Fort, un point c'est tout. Il est à nous.
— Même pas mon amoureuse ?
— Surtout pas ton amoureuse.
Le brun regarda le plus jeune d'un œil amusé, presque fier de le voir lui tenir tête. Il finit donc par hocher la tête tout en se relevant, venant se poster devant lui en lui tendant la main :
— C'est d'accord, le Fort reste à nous. Parole de grand frère.
Au fond il s'en fichait pas mal que son amie ne puisse pas venir, il ne pouvait résister face au sourire heureux et un peu débile du blondinet. Rafael lui serra la main comme il avait vu son papa le faire, avec l'impression d'avoir remporté une grande bataille. Mais il ne fit pas attention au sourire espiègle qui était apparu sur les lèvres du plus vieux, et avant même de comprendre ce qu'il se passait ses fesses tombèrent durement contre le parquet de la chambre. Il avait osé lui faire un croche-pied.
— Le premier arrivé choisit !
Et sur ces mots il partit en courant, le laissant assis par terre. Rafael cligna plusieurs fois des yeux, avant de froncer violemment les sourcils.
— Malo c'est de la triche !
Il se releva précipitamment, à tel point qu'il faillit à nouveau retomber par terre. Il se promit que s'il le rattrapait, il lui ferait manger toutes les feuilles de la forêt. Deux fois. Il sortit donc de la maison en trombe, sous le regard amusé de sa mère qui venait d'assister au même cinéma de la part de Malo.
Mais c'était perdu d'avance, il le savait bien. Aussi s'arrêta-t-il de courir pour se contenter de marcher, les bras à nouveau croisés contre son torse. Le Fort était là, devant lui, à la frontière entre leur jardin et le bois. Mais ce que Rafael voyait surtout à cet instant, c'était la mine fière et prétentieuse de son frère. Crétin. Il fit exprès de trainer des pieds en le rejoignant, pour bien lui montrer que non, lui ne riait pas. Il boudait.
— Bon. J'ai gagné. C'est moi qui choisit alors.
Il faisait exprès de l'ignorer, et ça l'énervait encore plus.
— Crétin.
Il bougonna du bout des lèvres, les yeux lançant des éclairs en venant s'assoir à côté de lui sur la petite couette recouvrant le sol du Fort.
— Alors moi je serai...
Malo fit mine de réfléchir très sérieusement, et malgré lui Rafael pouffa devant sa mine concentrée. Malo en rajouta donc encore, plongeant carrément dans la caricature pour faire rire le plus jeune, ce qui marcha inévitablement.
— J'ai trouvé ! Moi je serai Mon Seigneur du Fort. Et toi... mon bouffon ! C'est par-fait.
C'était toujours comme ça. À chaque fois qu'ils se rejoignaient dans le Fort, ils s'inventaient une nouvelle vie avec une nouvelle identité. Les règles étaient simples, il fallait essayer d'être le plus fidèle possible à son rôle, quoi que l'autre ait décidé pour nous. Mais c'était presque toujours Malo qui décidait, il se débrouillait toujours pour gagner un stupide jeu juste avant pour faire en sorte de pouvoir choisir. Seulement Rafael s'en fichait bien. Il savait que du haut de ses dix ans Malo avait plein d'amis et qu'il pouvait très bien décider de s'amuser avec eux. Et pourtant tous les samedi après-midi il les passait dans le Fort, avec lui. Et pour rien au monde il n'aurait voulu que ça change. Cependant un léger détail le perturbait encore.
— C'est quoi un bouffon ?
— Un bouffon, c'est quelqu'un qui doit faire rire le seigneur ! Sinon...
Il laissa sa phrase en suspens, le regard chargé de menaces, ce qui fit à nouveau rire le plus petit. Ce dernier ne cessait de se dire à quel point il avait de la chance d'avoir un grand frère aussi drôle. Sam était trop jeune pour pouvoir participer à leurs bêtises, c'était différent. Non Malo était vraiment chouette. Il se refit alors la promesse que personne d'autre n'entrerait jamais dans le Fort, que cet endroit resterait leur petit monde rien qu'à eux, où ils pourraient continuer de s'inventer de nouvelles identités.
Jusqu'au jour où tout s'arrêta.
Il n'y eu plus de samedi après-midi.
Il n'y eu plus de Malo.
Juste un Fort laissé à l'abandon.
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Links I [BxB]
RomanceDes rires d'enfants. Une complicité d'enfants. Une confiance d'enfants. Seulement Rafael n'a plus rien d'un enfant. Son rire ne ricoche plus contre les murs, cette complicité est depuis longtemps enterrée et la confiance est une notion devenue c...