- Inspire, expire. Tu vas finir par devenir bleu Raf.
Je me force à inspirer, gonflant mes poumons. Loïc me regarde toujours de son petit air moqueur mais attendri. Je glisse ma main dans la sienne pour lui éviter de trembler.
- Ça ne devrait pas être si terrible, tu dramatises.
Si je dramatise ? Je les connais. Ça va être un désastre sans nom. Ils ne m'ont jamais vu en couple ni même avec qui que ce soit. Alors maintenant que je m'en sens prêt, ça va être ma fête. J'expire maintenant tout mon air, suivant à la lettre les instructions de mon nouveau petit ami.
- Ok. C'est parti.
À peine ces mots ont-ils franchi mes lèvres que je me surprends à le tirer moi-même en avant. Il ne fait aucun commentaire, même si je vois du coin de l'œil son expression. Lui aussi je le connais, plus que quiconque. Je sais qu'il se retient de se moquer de moi, de me charrier. Une envie de lui grogner au nez me prend, mais déjà nous entrons à l'intérieur des vestiaires.
Thomas et Amyn sont dos à nous et ne font absolument pas attention à notre arrivée. Ce qui n'est en revanche pas le cas de Gabriel.
- Bordel de merde de bordel de... Merde !
- Qu'est qui se pa...
Thomas et Amyn se sont décidés à nous porter de l'attention suite à l'exclamation pour le moins inspirée de Gabriel. Amyn s'est alors arrêté en plein milieu de sa phrase, son regard braqué sur nos mains entremêlées. Mais déjà l'information lui est montée au cerveau et il reprend, la voix tirant dans les aigus :
- Non ! Si ?!
Thomas est le premier de cette bande d'idiots à reprendre ses esprits, son sourire s'élargissant d'une oreille à l'autre alors qu'il vient nous saluer, nous prenant tour à tour dans ses bras.
- C'est pas trop tôt ! Je suis content pour vous les gars.
Je me racle la gorge, histoire de ne pas rester complètement silencieux, et hoche la tête dans sa direction. Qu'est-ce que je pourrais bien y redire de toute façon ? Sa remarque ne fait que me confirmer encore une fois à quel point j'ai pu être aveugle. Donc en somme elle ne fait que me mettre encore plus mal à l'aise.
- J'y croirais quand je vous verrai vraiment.
Gabriel vient de reprendre la parole, lui et Amyn possédant le même air de conspirateur au visage. D'éternels gamins. Alors que je sens déjà mes joues se réchauffer, Loïc vient à ma rescousse, loin d'être aussi affecté que moi par la situation.
- J'ai toujours su que t'étais branché porno gay Gab.
Le concerné manque s'étouffer avec sa propre salive alors qu'Amyn et Thomas s'en donnent à coeur joie dans de grands éclats de rire. Loïc poursuit, toujours avec le même ton moqueur :
- Mais qui suis-je pour te priver de tes fantasmes ?
Je ne comprends pas, pire je ne vois rien venir. Mais Loïc resserre son emprise sur ma main et d'un geste vif me ramène vers lui. Dans la seconde qui suit ses deux mains encadrent mon visage et ses lèvres sont sur les miennes. Ce baiser n'avait pas à vocation d'être doux, il n'en a jamais eu la prétention. Aussi sa langue me demande-t-elle la permission, venant me caresser sensuellement. Je le laisse faire. Je ne vais pas mentir, je ne m'y suis pas complètement habitué. Mais ce n'est pas désagréable, loin de là. Il reste à mes yeux mon meilleur ami, mais j'apprends au fil des jours à voir au-delà. Je n'en suis peut-être pas amoureux, mais paradoxalement je l'aime tellement que ça me suffit. Je ne pense pas être fait pour l'amour, Loïc sera sans doute mon plus beau compromis. Il me suffit en lui-même.
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RomanceDes rires d'enfants. Une complicité d'enfants. Une confiance d'enfants. Seulement Rafael n'a plus rien d'un enfant. Son rire ne ricoche plus contre les murs, cette complicité est depuis longtemps enterrée et la confiance est une notion devenue c...