Quand je rentre chez moi il n'y a personne. Mes parents, il ne fallait pas rêver. Malo ça se jouait à pile ou face, je ne suis pas plus surpris que ça. En revanche je sais que Sam ne va pas tarder, sa journée de cours doit s'être terminée à l'heure qu'il est. C'est donc dans sa chambre que j'ai décidé de l'attendre, prenant un maximum sur moi pour essayer de me montrer patient.
Quand je pousse sa porte Nute me saute presque immédiatement dessus, poussant de petits jappements joyeux. Je me baisse à sa hauteur et le laisse me lécher le visage tout en passant mes mains dans sa fourrure de bébé. Il paraît que les animaux sont des déstressants naturels, je ne perds rien à essayer. En me relevant je remarque l'oreiller au sol, complètement déchiqueté avec son coton débordant de multiples trous. En jetant un coup d'oeil à Nute je vois que ce dernier me fixe toujours de sa bouille d'ange, sa queue remuant frénétiquement. Pas une once de culpabilité sur les traits. Après tout ce n'est ni mon chien ni mon oreiller, alors je hausse les épaules en venant m'allonger sur le lit de ma sœur. Le petit monstre me rejoint automatiquement, s'allongeant de tout son long sur mes jambes.
L'attente est longue pendant que je laisse Nute me mordiller les doigts. Au moins un qui semble s'amuser. En revanche de mon côté j'ai tout le loisir de penser, ce qui dans ma situation est la pire chose qui puisse être. Toutes les conversations avec Gabriel me reviennent en mémoire, toutes ces fois où je l'ai vu aller draguer des inconnues, parlant de la gente féminine de manière très peu gentleman. Jamais, même dans mes pires cauchemars, je n'aurais pu imaginer qu'il jetterait un jour son dévolu sur Sam. Il est beaucoup trop vieux pour elle, en plus de tout le reste bien sûr. Il ne l'a même jamais appréciée, ça se trouve il s'est juste trouvé une nouvelle occupation tordue et Sam est trop naïve pour s'en apercevoir.
Nute relève vivement la tête et les oreilles en entendant comme moi la porte d'entrée claquer en bas. Je me crispe intégralement, me rasseyant sur le bord du lit. Je reconnais presque immédiatement les bruits de pas de ma sœur alors qu'elle monte les escaliers. À l'instant même où la porte de sa chambre s'ouvre le chiot à mes côtés bondit et accourt vers elle.
- Mon bébé, moi aussi je suis contente de te v... Nute ! Qu'est-ce que tu as fait ? Vilain garçon !
Elle lui tape sur le museau et se relève alors, les poings sur les hanches alors qu'elle se tourne vers moi.
- J'espère que tu lui as fait la leçon. Il est irrécupérable...
Je ne réponds pas et ne bouge toujours pas, me contentant de laisser peser mon regard sur elle. Sauf qu'elle ne semble pas s'en émouvoir une seule seconde, puisqu'elle retrouve presque instantanément son sourire, un sourire lumineux alors qu'elle vient s'assoir sur mes genoux.
- Mon grand frère m'a manqué, plus jamais tu ne t'en vas comme ça.
Elle passe ses bras autour de mon cou et vient se blottir contre moi. C'est plus fort que moi, je passe mon propre bras autour de sa taille pour lui rendre son étreinte. Mais ça n'efface rien, loin de là. Alors tout en la gardant près de moi je lui réponds, des tremblements mauvais perçant dans la voix :
- Ah oui je t'ai manqué ? J'ai un peu de mal à croire ce que tu me dis, en fait je commence à reconsidérer tout ce que tu as pu me dire ces derniers temps.
C'est à son tour de se tendre, je peux parfaitement le sentir. Elle se recule alors légèrement, de sorte qu'elle puisse me regarder dans les yeux, desquels ressort une profonde incompréhension.
- Qu'est-ce que tu veux dire ?
- Je veux dire Gabriel.
Il suffit d'une demie-seconde, peut-être même moins que cela, pour que la nouvelle fasse écho en elle, avec tout ce qu'elle implique. S'il me restait un dernier espoir que tout ne soit qu'une vaste blague de très mauvais goût, elle vient tout simplement de donner un coup de pied dans cet espoir. Sa mine coupable parle beaucoup trop pour elle. Je me relève alors, l'obligeant à en faire de même. Je m'éloigne de quelques pas mais quand je l'entends prendre sa respiration pour parler, c'est soudain trop, il faut que j'explose à nouveau.
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RomanceDes rires d'enfants. Une complicité d'enfants. Une confiance d'enfants. Seulement Rafael n'a plus rien d'un enfant. Son rire ne ricoche plus contre les murs, cette complicité est depuis longtemps enterrée et la confiance est une notion devenue c...