Je n'ai jamais eu besoin de réveil le matin. C'est plus du niveau de l'instinct chez moi. Ce qui veut dire qu'il y a un problème. Des coups donnés contre la porte de ma chambre viennent de me tirer de mon sommeil. Pour venir me réveiller avant ma course, il faut vraiment être insomniaque. Pour la première fois de ma vie je comprends Sam au réveil. Tout simplement parce que même si je n'aime pas dormir, j'aime encore moins me faire réveiller contre ma volonté. Ladite porte s'ouvre alors et je ne suis pas surpris de découvrir mon perturbateur.
Malo apparaît sur le seuil, visiblement soulagé de me trouver dans mon lit et éveillé. Il est déjà entièrement habillé, chemise repassée, cravate accordée, cheveux en ordre. De mon côté je suis étalé de tout mon long et en diagonale dans mon lit, la tête enfoncée dans l'oreiller. Je n'ose même pas imaginer l'état actuel de mes cheveux. Je me passe alors une main sur le visage et grogne légèrement, mais me décide à me redresser, mon dos venant s'appuyer contre ma tête de lit. Au moins avoir un minimum de contenance, même si je ne comprends pas encore le pourquoi du comment de cette situation.
- J'avais peur que Sam ne dorme encore avec toi.
Il n'a pas bougé du seuil, dansant d'un pied sur l'autre. Mon cerveau n'est pas encore parfaitement éveillé, aussi je n'arrive qu'à lui rétorquer un peu bêtement :
- Pourquoi ?
Il me sourit doucement et se décide finalement à s'avancer. Il referme la porte puis vient s'assoir en bord de lit, à moins d'un mètre de moi. Je crois que ça y est, je suis pleinement réveillé.
- Parce que je voulais te parler. Je m'excuse d'avoir joué les fantômes hier, j'avais besoin de réfléchir.
Je n'ose ni bouger ni l'interrompre, complètement figé alors que je le laisse continuer.
- J'ai suffisamment réfléchi maintenant. Et... ne crois pas que ce qui s'est passé représente une erreur à mes yeux. Ce n'est pas le cas.
Un sourire doux s'installe sur ses lèvres alors que sa voix l'est tout autant, comme une simple caresse.
- Je ne suis pas fier des circonstances mais ça s'arrête là. Pour tout te dire ça faisait déjà un moment que je me retenais, alors si tu ne me l'avais pas demandé je sais que j'aurais fini par craquer tôt ou tard.
Il relève ses yeux vers moi, me détaillant avec une intensité raisonnant beaucoup trop en moi. Il ne fait aucun geste dans ma direction pour autant.
- Si je résistais, ce n'est pas parce que je ne le veux pas, crois-moi que si. C'est uniquement en raison de la situation... atypique. C'est sur ça que j'ai réfléchi. Ma conclusion c'est que nous n'avons rien fait de mal, et qu'il n'y a rien de mal non plus à l'assumer et... continuer. Je suis fatigué Rafael d'aller à contre-courant de mon attirance pour toi.
Son regard est toujours aussi intense. Je vois qu'il attend de moi une réaction quelconque, une réponse. Mon sang circule à une vitesse anormale, guidé par mon cœur qui s'affole. J'avais réussi. Je me suis mis en sourdine, j'ai agis dans le bien et l'intérêt de Loïc, j'en ai ressenti une immense satisfaction personnelle de voir ses yeux étinceler. J'avais réussi putain. Alors pourquoi faut-il qu'il revienne tout compliquer, pourquoi maintenant, pourquoi encore ? Et comment je fais pour faire taire cette vague m'agitant de l'intérieur, comme un barrage cédant rien qu'à la pression de son regard et la force de ses paroles ? Je crois que je suis en état de panique interne.
- J'ai embrassé Loïc.
Je confirme, je panique. Mais il faut que je le tienne à distance, il faut que je lui fasse comprendre que bien sûr que oui ce qui s'est passé était une monumentale erreur, que bien sûr que non l'on ne doit jamais recommencer. Lui faire comprendre le plus rapidement possible.
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RomanceDes rires d'enfants. Une complicité d'enfants. Une confiance d'enfants. Seulement Rafael n'a plus rien d'un enfant. Son rire ne ricoche plus contre les murs, cette complicité est depuis longtemps enterrée et la confiance est une notion devenue c...