Je suis en avance, comme bien souvent, seulement je n'ai pas eu à attendre plus de cinq minutes que déjà je le vois arriver. Il me rejoint rapidement, montant les marches des gradins deux par deux pour venir s'installer à mes côtés.
- Salut mec.
Je lui souris en hochant la tête pour toute réponse, avant de reporter mon regard sur le stade devant nous. Thomas m'imite, son humeur s'assombrissant à vue d'oeil.
- J'arrive pas à croire que toutes ces heures, tous ces efforts n'auront servis à rien... soupire-t-il.
Son ton n'est pas accusateur ni même rancunier, juste défaitiste. Je baisse alors la tête quelques secondes, le temps d'être sûr d'avoir les idées à leur place mais aussi de me rappeler pour quoi je suis ici. Pour la course. Pour l'équipe. Pour Sam surtout.
- Je t'ai demandé de venir parce que j'ai besoin de toi Thomas. De ton avis.
- Mon avis ? Attends pause... depuis quand je suis devenu la voix de la raison dans ce groupe ?
Je le fixe sans ciller, attendant qu'il ne se rende compte de lui-même à quel point ce qu'il vient de dire est stupide. Il a toujours eu ce rôle.
- Ouais, je suppose que quand on vous voit à côté, ce n'est pas bien compliqué...
Il ponctue sa remarque d'un léger ricanement naturel, ce qui m'arrache pour ma part un second sourire. Que je perds dans la seconde qui suit quand je me décide à continuer, reportant mon regard sur le stade.
- J'ai peut-être fait une erreur. Une grosse. J'étais persuadé au plus profond de moi que Gabriel n'apporterait que du mauvais à Sam, que rien n'était sincère. Mais... si t'avais vu son expression hier... Je crois que j'ai brisé le cœur de ma sœur. Et il y a la course aussi, les qualifications. Je mets toute l'équipe sur la touche à cause de ça. Quand j'étais persuadé que cette relation était malsaine, j'étais prêt à endosser cette responsabilité, à cent pour cent. Mais maintenant...
- Tu veux mon avis si oui ou non tu dois faire confiance à Gabriel ?
Je tourne mon regard dans sa direction, plongeant mes yeux dans les siens. Je sais qu'il doit y voir à quel point je suis perdu, à quel point j'ai désespérément besoin d'être guidé, besoin qu'il soit mon fil d'ariane.
- Ok. Il n'y a pas de réponse simple à ça Raf. Il n'y a pas de oui ferme, ni de non. Je suis fils unique, je n'ai pas de Sam moi, mais j'ai une meilleure amie si ça peut compter. Je la connais depuis que je suis en âge de marcher sans me casser la figure. Elle est ce qui se rapproche le plus de ta relation fusionnelle avec ta soeur. Alors je te comprends, je comprends comment tu as réagi, vraiment. Si j'avais les mêmes doutes que toi sur un mec, je péterais une pile aussi.
- Mais... ?
- Mais là je suis extérieur à l'histoire, je peux avoir un regard neutre. Ça fait plus de deux ans qu'on connait Gabriel. Tous les cinq on est chacun différent, mais on est une famille Raf. Vous êtes ma famille. Tu le crois vraiment capable de te faire ça ? Je pense que le fait que ça touche à Sam t'a aveuglé, mec. Tu as décidé de ne voir que son côté frivole, si je peux dire ça comme ça, alors qu'au fond de toi tu sais qu'il n'est pas mauvais. Toutes les filles avec qui il était, celles qu'il a 'trompé'... Tu l'as déjà entendu dire ne serait-ce qu'une seule fois qu'il en était amoureux ? La vérité c'est qu'il ne s'est jamais mis en couple avec aucune d'entre elles Raf. Elles savaient très bien ce qui en retournait. Avec Sam c'est différent. On le sait tous. Et... il est vraiment mal. Il te perd toi, il perd la course, il l'a perd elle. Il est complètement éteint Raf.
- Je ne peux pas m'empêcher de penser que si tu te trompes, si je le laisse faire alors que... Ça me bouffe Thomas.
- Imaginons que depuis le début tu aies raison. Il la déteste toujours autant qu'avant, il a juste trouvé un moyen de prendre le dessus sur elle, de manière pire que sournoise. Tu crois que sa petite compétition de celui qui fera la plus grosse crasse à l'autre irait jusqu'à le faire renoncer aux qualifications ? Il aurait depuis longtemps mis sa fierté de côté pour s'excuser et tout arranger. Pour avoir une chance de courir.
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RomanceDes rires d'enfants. Une complicité d'enfants. Une confiance d'enfants. Seulement Rafael n'a plus rien d'un enfant. Son rire ne ricoche plus contre les murs, cette complicité est depuis longtemps enterrée et la confiance est une notion devenue c...