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Chapter 14

Média : Jafasa 👬

La dernière fois que j'ai vomi doit remonter à une dizaine d'années.

Rectification : la dernière fois que j'ai vomi remonte à trente secondes.

- Bordel c'est n'importe quoi...

J'aimerai lui répondre quelque chose, genre quelque chose de vraiment inspiré histoire de me faire paraitre un peu moins pitoyable, mais c'est peine perdue quand un nouveau haut le cœur me prend et que je m'empresse de renverser ma tête dans la cuvette des toilettes devant moi. Malo s'accroupit à ma hauteur et pose une main dans le bas de mon dos.

- Tu te sens capable de te relever ?

Je lève le bras et actionne tant bien que mal la chasse d'eau tout en basculant vers l'arrière. Ce serait stupide de laisser sa tête dans la cuvette tout en tirant la chasse d'eau. Je ne suis pas stupide.

- Aide... Aide-moi.

Il souffle légèrement mais vient me prendre par le bras pour me hisser sur les pieds. J'ai l'impression que l'intégralité de mon énergie vient de se dissoudre dans cet unique acte. Je suis la réincarnation d'un chamallow. Cette constatation me fait glousser.

- Un chamallow humain.

- Hein ?

Malo me regarde en fronçant les sourcils. Ça lui donne un air bougon. Il n'a pas compris ma blague, ce qui prouve que le seul stupide ici, c'est lui.

- Laisse tomber...

Je fais un geste vague de la main dans sa direction en accompagnant mes paroles, avant de me diriger vers le lavabo. J'avais dans l'idée de me rafraichir le visage, mais dans la mesure où je ne contrôle plus du tout mes mouvements, je me retrouve la tête entière sous le jet d'eau. Ça rafraîchit au moins.

- Ma... brosse à dents.

- Rafael tu ne vas pas te brosser les dents pour dégueuler dans cinq minutes.

- Steuplé.

Il lève les yeux au ciel, sauf que c'est trop tard, j'ai bien vu son petit sourire. Je crois que je l'amuse. Je plisse les yeux en tentant de me décider si oui ou non ça me dérange, avant de tout simplement hausser les épaules. Les cheveux me dégoulinent le long du visage, mais ça non plus je n'y prête pas attention. Je prends appuie sur le lavabo et commence alors à me laver les dents. Le dentifrice a un goût étrange. Mes papilles gustatives ne sont pas au meilleur de leur forme elles non plus. Mais même bourré, je préfère rester un minimum digne avec une haleine de menthe fraîche plutôt que de relents gastriques, ou qu'importe le nom qu'on donne à cette chose.

- Il faut... les autres. Faut y retourner.

- Ils sont partis il y a plus d'une heure. Tu leur as déjà dit au revoir. Deux fois.

- Faux. T'es bourré Malo.

Son éclat de rire résonne dans toute la pièce, à tel point que je me demande si son but est de me rendre sourd. Je grogne alors, clairement mécontent. Il se contente de son côté de passer son bras sous mon aisselle, me soutenant pour quitter la salle de bain. Je ne sais pas où on va. Je ne sais pas pourquoi on y va. Mais on y va. C'est la première fois que je prends conscience de la taille de ma maison. J'ai l'impression d'avoir parcouru des kilomètres entiers quand finalement on s'arrête devant une porte. Nous allions donc à une porte. Chouette, j'adore les portes.

Malo l'ouvre et nous fait entrer à l'intérieur. Sauf que là un détail me saute aux yeux.

- Ce n'est pas mon lit ça.