Je respire un grand coup alors que je pousse les larges portes. Le quartier de la Défense ne m'a jamais mis très à l'aise. Ce coup-ci je ne pense pas y être pour grand-chose. Qui s'y sentirait à l'aise, avec cette impression d'être tassé et englouti par les immeubles d'affaires tout autour ? Mais le siège de mes parents y est, comme à peu près les sièges de toutes les grosses boites internationales de Paris j'imagine, alors je n'ai pas tellement le choix.
Quand j'entre il n'y a presque plus personne de présent. Rien d'étonnant, il est déjà tard. L'hôtesse d'accueil me sourit en hochant la tête, me laissant passer sans rien demander. Je ne viens clairement pas souvent ici, je n'y ai pas spécialement ma place après tout, mais tout le monde m'y connais quand même. Tout le monde ici connaît la famille Garnier, comme bon nombre de parisiens tout court. Je ne suis pas encore au stade de me faire reconnaître dans la rue, Dieu merci, mais les gens savent associer le nom de Rafael Garnier aux grands PDG que sont mes parents. C'est déjà trop pour moi.
En arrivant devant l'ascenseur je jure tout bas, avant de revenir sur mes pas comme l'abruti que je suis. L'hôtesse d'accueil relève vivement la tête dans ma direction, son sourire revenant à la vitesse de la lumière. Je remarque alors qu'elle est étonnement jeune, très jeune même. Pas plus que la vingtaine.
- Désolé, vous pouvez m'indiquer le bureau de monsieur Nash, s'il vous plaît ?
Elle fronce les sourcils, se passant une mèche de cheveux derrière l'oreille alors que son regard se reporte sur son écran. Elle cherche quelques instants et de mon côté je m'appuie sur le comptoir, attendant patiemment.
- Je euh... Je suis nouvelle à ce poste, mais il n'y a aucun monsieur Nash travaillant ici. Vous êtes sûr de vous ? Je veux dire, n'allez pas dire à vos parents que...
Je souris alors sincèrement, tentant de la faire déstresser pour lui autoriser à respirer un grand coup.
- Pas de problèmes ne vous en faites pas. Et oui je suis sûr, il est arrivé il y a quelques mois. Malo Nash.
- Oh ! Vous voulez parler de votre frère ? Je suis désolée, il est enregistré au nom de Garnier, par soucis de simplicité j'imagine. J'aurai dû y penser.
Malo Garnier hein ? Mes parents ont vraiment osé ? Je me referme quelque peu face à ces mots. Mon humeur est même redescendue de vingt étages tout à coup.
- Oui, voilà, ce Malo-là...
Je vois ses épaules se détendre considérablement à mesure que la pression la quitte. Je déteste imposer cette pression. Je me doute qu'elle avait juste peur de foirer avec le fils de ses patrons alors qu'elle vient de commencer ici, mais si elle savait comme je n'ai que faire de cette entreprise et de ses employés...
- Vingt-cinquième étage, le bureau au fond du couloir.
Elle me sourit sincèrement, pratiquement d'une oreille à l'autre. Je suis toujours profondément blasé par ce que je viens d'apprendre, mais je suis aussi poli et je ne veux pas la remettre mal à l'aise. Je force alors un sourire sur mes propres lèvres, hochant la tête tout en m'éloignant, quand sa voix retentit de nouveau.
- Oh, et j'aime beaucoup votre écharpe au passage.
Je me retourne légèrement, à mi-chemin entre son comptoir et l'ascenseur. Je fronce à mon tour légèrement les sourcils, avant de la voir rougir complètement. Alors celle-là si je m'y attendais... Je ne sais pas quoi lui répondre, alors je me contente de hocher à nouveau la tête tandis que mes propres joues se colorent.
Quand les portes de l'ascenseur se referment sur moi, je m'autorise à respirer un bon coup. Il faut que je me ressaisisse, ne pas être un désastre complet devant Malo. Du moins limiter au maximum les dégâts, je ne me fais pas d'illusions. Seulement je crois que le destin ou le grand manitou qui s'en occupe m'a dans son viseur. Comment je suis censé ne pas paniquer complètement, prendre le temps d'être parfaitement sûr de moi alors qu'à l'instant même où les portes s'ouvrent je tombe sur Malo, pile en face de moi et à seulement quelques centimètres ? C'est à peine si je ne lui rentre pas dedans en voulant sortir.
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RomanceDes rires d'enfants. Une complicité d'enfants. Une confiance d'enfants. Seulement Rafael n'a plus rien d'un enfant. Son rire ne ricoche plus contre les murs, cette complicité est depuis longtemps enterrée et la confiance est une notion devenue c...