- Que plus personne ne respire dans le périmètre. Je répète : personne ne respire.
Je crois qu'inconsciemment on suit tous les directives de Gabriel, même en sachant à quel point c'est stupide. Il rompt notre cercle, venant doucement s'emparer du téléphone de Thomas, le posant à plat dans ses mains tendues en avant. Si avec tout ce cirque ça ne marche pas, rien ne marchera.
- Passe-moi ça crétin.
Thomas le lui prend vivement des mains, ne supportant plus la tension. C'est l'instant de vérité. Si son portable est réellement mort, il va devoir se le racheter lui-même. Je lui ai déjà proposé de lui en racheter un, après tout je n'y suis pas pour rien et ce n'est pas l'argent qui me pose problème. Mais je crois que les roux ont un gène particulier les rendant incroyablement têtus et bornés.
Il inspire un grand coup, nous regarde tous tour à tour, puis reste appuyé sur la touche allumant l'appareil. L'écran reste noir pendant d'interminables secondes alors qu'on retient de nouveau notre souffle, toujours en cercle comme la bande d'abrutis que l'on est. Si le coach nous voyait... Je ne sais pas s'il serait plus défaitiste de nous voir grandir un jour ou fier de nous voir unis même pour une broutille matérielle. L'exclamation de Thomas me tire soudainement de mes réflexions, nous faisant tous sursauter :
- Oh punaise, il fonctionne ! Les gars il fonctionne !
- AMEN !
Le métisse se lève en criant et les bras tendus vers le ciel. Le portable ressuscité se met alors à vibrer, jusqu'à ne plus s'arrêter. Des dizaines de messages et d'appels en absence se réceptionnent tous en même temps.
- Charlie va définitivement me tuer...
La porte d'entrée du bungalow s'ouvre alors et le coach fait son entrée, répondant dans la foulée :
- Tu la vois dans quelques heures, t'en fais pas. Allez, on décolle, tous dans le bus !
Ça y est, on y va réellement. On ramasse tous nos sacs déjà bien préparés et n'attendant plus que nous, suivant les directives du coach.
- Je bénis ce jour comme étant celui où je n'aurai plus à supporter les ronflements de Gab, nous annonce Amyn pour détendre l'atmosphère.
- Eh ! Je ne ronfle pas. Je savoure mon sommeil, nuance.
- Dans le bus, on se bouge, intervient une nouvelle fois le coach.
Gabriel hésite à protester une nouvelle fois devant le sourire railleur d'Amyn, mais il abandonne et sort du bungalow, bientôt suivi par le reste d'entre nous. Une main vient se glisser dans la mienne en même temps que je sens le souffle de Loïc contre ma joue quand il vient me chuchoter :
- Ça va aller ?
Je me tourne légèrement pour lui sourire, attendri de le voir s'enquérir de mon état.
- Ouais... La mer va me manquer.
Je laisse mon regard se porter sur les vagues tout en marchant pour rejoindre le parking. Oh que oui, cette vue va me manquer. On aurait pu croire que mon rêve de gamin de voir la mer n'était que ça, un rêve de gamin. Qu'une fois que j'y serai parvenu, l'objet de mes convoitises perdrait en grande partie de son attrait. Mais à la vérité il n'en est rien. Je reste toujours aussi fasciné par le grand bleu, je le serai sûrement toujours.
- À moi aussi.
Je lui serre légèrement sa main, heureux de l'avoir à mes côtés pour encore quelques heures.
- Je vous préviens je vais derrière.
- Jamais de la vie Amyn, derrière c'est pour Rafael et moi. À moins que tu ne veuilles te joindre à nous ? On est assez ouverts.
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RomanceDes rires d'enfants. Une complicité d'enfants. Une confiance d'enfants. Seulement Rafael n'a plus rien d'un enfant. Son rire ne ricoche plus contre les murs, cette complicité est depuis longtemps enterrée et la confiance est une notion devenue c...