À la seconde où je suis rentré chez moi, j'ai envoyé un message à Malo. Je me suis senti comme un gamin idiot à hésiter de longues secondes, le doigt suspendu au-dessus du bouton d'envoi, avant de me lancer. Je ne suis pas rentré dans les détails, je lui ai juste annoncé avoir eu ma discussion avec Loïc et avoir pris ma décision. J'étais conscient qu'il doit être en plein boulot, sûrement même en réunion ou que sais-je encore. Je ne me faisais donc pas d'illusions sur le fait de recevoir une réponse, et encore moins dans la minute même. Or à peine l'avais-je remis dans ma poche que le vibreur de mon portable s'était manifesté. Je crois que j'ai souri niaisement en voyant son prénom s'afficher. Il m'avait répondu. Il était occupé et pourtant il m'avait répondu.
« Ne prévois rien pour ce soir »
Lui non plus ne s'est pas encombré de détails. Comment ça ne rien prévoir ? Genre je ne dois m'attendre à rien entre nous deux pour quand il rentre ? Ou je ne dois pas planifier de guet-apens ? Si c'est ça il peut se rassurer, je ne serai jamais le genre de personne prenant les rênes à ce point.
Mais s'il me demande de ne rien prévoir pour ce soir dans le sens ne pas sortir, rester à l'attendre, là je suis mal. Je crois. Parce que ça voudrait dire que lui a prévu quelque chose. Et l'idée de me retrouver à nouveau seul avec lui, comme ce jour là à la plage... Cette idée est toute aussi grisante qu'effrayante.
Ce qui fait que je suis maintenant allongé dans mon lit, laissant le temps défiler. Je me demande si je dois m'habiller de façon élégante ou non, si je dois aller prendre ma douche et me coiffer ou non, ou même si je dois m'attendre à quelque chose au final... Plus j'attends, pire c'est. Ça fait longtemps que je ne m'étais pas mis dans un tel état. Je veux réellement que tout se passe bien, que tout soit parfait. Je ne sais absolument pas dans quelle direction l'on va tous les deux, mais je ne veux pas gâcher ça.
Mes pieds battent frénétiquement le vide alors que je suis toujours allongé sur mon lit. Il n'aurait pas pu être plus explicit lui, aussi ? En réfléchissant bien, il ne sait pas ce que Loïc et moi nous sommes dit. Le plus logique serait qu'il m'ait demandé de ne rien prévoir ce soir pour que l'on puisse en parler tous les deux, ici. Non ? Je soupire longuement, très longuement, à tel point que je me demande si mes poumons ne se sont pas repliés sur eux-mêmes. Dans la seconde qui suit, je suis debout, ne supportant définitivement plus de rester inactif.
Il me faut Sam.
Elle a toujours été là pour moi quand ça ne va pas, et je serai toujours là pour elle. Il faut qu'elle me change les idées, il me faut sa folie pour éviter de trop penser. Je sais qu'elle aussi a besoin de moi. Il faut que je retrouve ma petite sœur...
Quand je pousse la porte de sa chambre, c'est dans une lenteur extrême et un silence quasi religieux. On dirait presque que je ne veux pas effrayer un animal sauvage se trouvant de l'autre côté. La comparaison n'est pas si éloignée de la vérité ceci-dit.
- T'es restée là toute la journée..?
Je ne vais pas dire que je suis plus surpris que ça de la trouver avec ses écouteurs aux oreilles et son portable à la main, mais penser qu'elle ne sorte même plus me serre le coeur. Sam peut être casanière par moment, très casanière même, mais elle alterne. Elle finit toujours pas sortir et à ce moment-là on ne la revoit plus de la journée. Elle fait toujours dans les deux extrêmes. Sauf que là elle reste cloitrée dans sa chambre, il serait temps pour elle de voir autre chose que ses quatre murs.
Elle ne me répond pas, ses écouteurs l'ayant empêché de m'entendre. Mais elle m'a vu. Elle ne fait aucun mouvement quand je m'approche d'elle, alors je décide de lui retirer un de ses écouteurs. Elle lève sur moi de petits yeux interrogateurs. Je lui répète alors doucement :
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RomansDes rires d'enfants. Une complicité d'enfants. Une confiance d'enfants. Seulement Rafael n'a plus rien d'un enfant. Son rire ne ricoche plus contre les murs, cette complicité est depuis longtemps enterrée et la confiance est une notion devenue c...