- Il est encore temps de me dire que c'est une blague. On rigole tous cinq minutes et on n'en parle plus.
Sam ne perd pas une seule seconde, à peine rentre-t-elle, la porte encore grande ouverte, qu'elle râle. Elle nous regarde Malo et moi tour à tour, avant de se tourner vers notre père qui la suit. Il referme la porte et souffle longuement. Elle fait alors à nouveau volte face pour cette fois-ci ne regarder que Malo.
- Toi. C'est à cause de toi. Je n'ai rien à voir là-dedans, Rafael non plus ! Tu n'as qu'à y aller tout seul, merde à la fin !
Personne n'a toujours rien dit, alors je sens et je sais qu'elle bouillonne de l'intérieur. Puis elle se tourne vers moi.
- Je t'en supplie dis quelque chose, Raf.
- On ne va pas au bagne Sam. Si tu viens ça l'embêtera tout autant, sans compter que je n'y vais pas sans toi. Ce n'est pas les deux meilleures raisons du monde ?
Elle plisse les yeux plusieurs secondes d'affilées, me fixant. Puis elle tourne les talons et repart, comme ça, laissant à nouveau la porte d'entrée grande ouverte.
- Bon. Ça s'est plutôt bien passé non ?
Mon père sourit à l'intervention de Malo. Un peu plus et il pourrait se laisser aller à rire. C'est l'effet Malo je suppose. Je me décide à me mettre en action, faire attendre Sam dans la voiture n'est sûrement pas la meilleure idée qui soit pour la calmer. Tout le monde me suit. J'ai eu beau dire à Sam qu'on n'allait pas au bagne, intérieurement c'est précisément l'impression que j'ai.
Une fois tous installés et prêts à démarrer, c'est repartit pour un tour.
- Vous savez qu'on est en plein milieu de semaine n'est-ce pas ? Les gens normaux ne font pas ça. Les gens normaux n'arrachent pas leur fille à ses études en plein milieu de semaine pour rendre visite à un vieux sénile qui fait des caprices. Rafael n'a peut-être pas cours en ce moment, mais moi si.
- Bon écoute Sam, ton grand-père veut revoir Malo avant son départ. Nous ne l'avons pas vu depuis de longues semaines, tu pourrais te montrer un peu plus respectueuse. Si le concept de respect t'échappe à ce point, tu peux aussi te taire.
Le ton de mon père était sans équivoque et a jeté un froid à une ambiance qui n'était déjà pas au beau fixe. Il démarre alors dans le silence le plus total, Sam prenant à la lettre son injonction. Seul le bruit de la radio nous sauve de ce silence. Malo, assit à l'avant, se retourne alors légèrement vers ma sœur et moi. Il s'adresse directement à elle, d'une voix à peine plus forte qu'un murmure pour ne pas se faire attendre de mon père :
- Désolé. Si ça peut te consoler j'ai tout fait pour éviter ça.
Il n'obtient en réponse qu'un regard profondément hostile alors que je laisse un ricanement m'échapper. C'est à mon tour de recevoir un regard noir, de la part de Malo cette fois-ci, ce qui honnêtement ne fait que rajouter à mon hilarité.
Mais à la vérité je suis stressé. Rendre visite à P-P ne m'a jamais mis à l'aise, loin de là, mais cette fois il y a plus. Malo a annoncé la veille qu'il comptait retourner voir son père. Sam a joué celle qui était ravie, mais je sais que son expression était forcée. Elle a beau dire, elle ne le déteste pas autant qu'elle le voudrait. Mes parents eux ont d'abord eu peur, s'imaginant déjà qu'il ne reviendrait plus. Mais une fois qu'il leur a bien expliqué que ce n'était un voyage que de courte durée, ils se sont immédiatement détendus. P-P y a vu là l'occasion de revoir Malo, et donc de nous revoir tous, sinon où serait le fun...
Seulement là où je stresse, c'est que personne n'est encore au courant que je compte accompagner Malo aux États-Unis. J'ai beau être sûr de mon choix, plus sûr que je ne l'ai jamais été en réalité, je n'en reste pas moins totalement paniqué. L'annoncer à mes parents, c'est la partie facile. Même si j'ai en horreur l'idée qu'ils puissent se faire des films sur un renouement fraternel, au moins je sais que ça ne leur posera pas de problèmes.
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Roman d'amourDes rires d'enfants. Une complicité d'enfants. Une confiance d'enfants. Seulement Rafael n'a plus rien d'un enfant. Son rire ne ricoche plus contre les murs, cette complicité est depuis longtemps enterrée et la confiance est une notion devenue c...