Chapitre V'

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Ailleurs

L'absence de soleil n'illumine pas grand-chose, même à son zénith il ne reste que le vide qu'il a laissé, comme pour rappeler la déchéance du peuple obligé de vivre sous lui. Une déchéance qui date de millions d'années. Une déchéance sur le point d'être levée.

– En êtes-vous sûre Mère ?

Interroge une voix masculine en réponse à une réplique inconnue.

La salle où siège un immense trône en Rouliage, métal précieux extrait des mines locales à l'aspect d'obsidienne métallisée, est plongée dans une éternelle obscurité et balayée par des vents phénoménaux rendant tout coup de balai inutile. Tout ici est en noir, plus ou moins sombre, plus ou moins matte, mais de toute manière noir. Tout sauf les yeux de la femme assise sur le trône et ceux du jeune homme debout devant, qui eux sont d'une belle couleur améthyste envoûtante.

– Penses-tu que je puisse avoir tort ?

S'insurge la jeune femme avec un air résolument rébarbatif.

– Loin de moi cette idée, Mère, mais voyez-vous, au dehors le peuple gronde et une pareille nouvelle à nouveau mise en déroute serait le signe de notre fin à tous.

Le regard lilas de la jeune femme à la beauté renversante et délicate se perd un moment dans le vague :

– Crois-tu que je l'ignore ? Je vis sur cette terre de puis plus longtemps que je ne peux le dénombrer et si j'ai tenu toutes ses années c'est pour avoir la chance d'un jour accomplir la vengeance de nos ancêtres.

L'homme accablé secoue lentement la tête :

– Sauf votre respect Mère, vos ancêtres sont morts il y a de ça bien longtemps, alors que votre descendance elle vit encore et prospère. C'est eux que vous mettez en danger. Si vous vous parjurez encore une fois nous seront tous exécuté, les uns après les autres, sans pitié ni remord de la part de ses pauvres sots qui n'attendent qu'une chose, la délivrance...

En réponse à cela la tête couronnée claque sa langue en signe de désapprobation.

– Et que suis-je censée faire d'autre dans ce cas mon fils ? Laisser cette chance inespérée me passer sous le nez alors que ça fait des centaines d'années que je l'attends ?

Il pousse un long soupir :

– Bien sûr que non Mère, mais faire une annonce serait une bêtise monumentale et je sais que vous n'êtes pas bête. Contentez-vous de l'ombre pour cette fois.

Elle a un rire ironique :

– L'ombre est mon domaine très cher, je pensais que tu le savais, ce qui ne m'empêche pas de me poser la question plutôt sensée de, et si par miracle je réussissais, si justice était rendue, qui le saurait ? Qui pourrait affirmer que j'ai tenu parole, si personne n'est au courant de ladite parole ?

Le fils a un léger sourire :

– Ne suis-je pas ici avec vous en train de parler de promesses Mère ?

Le sourire se transmet à la mère.

– Déesse, mon fils ce que tu es maléfique !

Le regard de l'homme se fait joueur et il s'incline devant sa mère :

– Votre Altesse, je m'en vais de ce pas informer le conseil de votre décision.

Elle éclate d'un rire machiavélique, le goût de la vengeance déjà imprégné sur son palet comme celui du meilleur des plats.

– Qu'il en soit ainsi.

°○°○°

Petit bonus du chapitre cinq que je ne voulais pas mettre avec le reste parce que sinon ça aurait été trop long et qui est un peu différent du reste. Enfin bref, merci d'avoir lu 😘


Rubis - I. Renaissance Où les histoires vivent. Découvrez maintenant