L'Ombre autour de moi se met à murmurer et l'un de mes rêves me revient à l'esprit. Le jeune homme qui se tient devant moi est détonnant de lumière au milieu des ténèbres de ce palais. Son costume noir ajusté est simple et ses cheveux de jais ont l'air terriblement soyeux. Je vois au fond de son regard opalin une ombre bouger et c'est alors que je ressens la morsure de son pouvoir qui envahit l'air. Un pouvoir tellement puissant que je doute même d'arriver à le dompter au meilleur de ma forme. Un pouvoir aussi destructeur que celui qui m'habite. Je le vois. Je le sais.
– Votre Altesse, c'est un grand honneur d'enfin vous rencontrer en chair et en esprit.
Il s'incline respectueusement et mes cœurs loupent un battement commun alors que ses paroles prennent lentement un sens dans mon esprit.
– C'est vous n'est-ce pas ? Celui qui hante mes rêves ?
Il a un rire doux et léger qui résonne dans l'espace horriblement creux du couloir et je sens un frisson me parcourir toute entière, mon bas-ventre se contracte. Je reste un moment sans rien dire en observant l'être qui se tient devant moi. Encore une fois, je ne maîtrise pas mon corps. Mais étrangement, je ne ressens aucune peur avec lui. Aucune appréhension, aucun déclic négatif.
La noirceur de ses habits se fond avec élégance dans le décor pendant que sa peau laiteuse qui semble illuminée de l'intérieur, le rend si beau que j'ai du mal à continuer à l'observer. Cette lumière qui émane de lui ne vient pas de sa puissance, l'Ombre tapie au fond de lui tente bien au contraire de lui arracher la luminosité qui semble l'entourer. Mais je vois au travers de ses yeux. Oui, je vois l'âme qui se reflète à l'arrière de ses prunelles, c'est elle qui envers et contre tout essaye de chasser les ombres qui l'habite.
Il a arrêté de rire et me dévisage gravement tout en s'approchant de moi. Je sens tout mon corps me brûler. Je brûle. Pas à cause de mes pouvoirs, ici je n'en ai aucun, non. À cause de sa présence. À cause de ce qui, au-delà même de nos simples personnes nous relie. Je tremble alors qu'il continue d'avancer. Je tremble sans aucune maîtrise sur mon être. Je me sens si faible. À nue alors même que je suis habillée. Mes yeux dans les siens je perçois que lui aussi se sent vulnérable. Oui, je suis horriblement vulnérable. Pas parce qu'encore une fois tout autour de moi s'est écroulé. Non. Pour une fois, je ne regrette absolument pas d'avoir encore tout perdu, en vérité, je sais que j'ai aujourd'hui plus que je n'avais hier. Je me sens vulnérable, car je sais que lui aussi voit au travers de mes yeux. Qu'il distingue mon âme torturée comme je vois la sienne.
Il pose sa main étrangement froide sur mon bras brûlant et le courant électrique qui me parcourait déjà s'intensifie brusquement. Je détourne le regard. Je ne me suis jamais sentie aussi brûlante et calme en même temps. Je n'ai jamais ressenti ce creux aussi fort dans ma poitrine que maintenant. Sa présence m'a totalement chamboulée, je ne sais pas pourquoi, ni comment.
Une larme coule le long de ma joue sans que je l'en empêche. Je me sens si faible, tremblante comme feuille presque collée contre un inconnu qui, curieusement, me complète, comme jamais personne auparavant n'avait même pu l'envisager. Ma larme va s'écraser durement au sol et illumine tout le couloir d'une lumière orangée irréelle, fugace. Comme l'émotion que ce moment a fait naître au fond des yeux de l'inconnu. Je n'ai pas pu résister à l'envie de le regarder à nouveau. Et je comprends que j'ai bien fait quand je me rends compte que ses yeux sont brillants, brillants de larmes contenues.
– Tu m'es venue.
Déclare-t-il simplement d'une voix un brin faiblarde et étranglée. Je ne relève pas. Je ne veux pas savoir à quoi doit ressembler la mienne. J'acquiesce avec un léger sourire. Il ne réplique rien, mais la reconnaissance que je vois au fond de son regard me suffit amplement. Il me suffit.
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Rubis - I. Renaissance
ParanormalLe destin. Quelle belle connerie. Sérieusement, qui croit à ce foutoir ? Moi, en tout cas je n'y croyais pas. Je n'y ai jamais cru. Je suis une orpheline, abandonnée par ses parents. Mais ça on s'en fout. Parce que le problème c'est que, même s'ils...