Je suis tellement surprise que la bride qui me permet de contrôler mon pouvoir m'échappe tragiquement. Je sens le Feu se déverser dans la salle et en moi avec une telle violence que je me remets à trembler. La douleur, une douleur si extrême qu'elle en est insupportable se met à couler en moi comme un long fleuve de feu. L'oiseau qui prend racine en moi et en mon pouvoir pousse un cri déchirant à l'intérieur de mon être alors qu'il étend ses longues ailes enflammées en me transperçant. Son Pouvoir est le mien, il m'enveloppe, m'encercle et je me sens brusquement soulevée du sol. La robe dont mon pouvoir m'a habillée se transforme en un torrent de flammes brûlantes et destructrices. Terriblement destructrices. En même temps que mon pouvoir, un sentiment que j'ai appris à côtoyer ces derniers temps se déploie en moi, l'angoisse. La peur immonde de ne pas arriver à maîtriser ce feu, cette puissance qui en plus de me détruire s'échine à vouloir tout détruire autour d'elle. Mais cette fois-ci, je ne la laisserais pas faire. Je vais y arriver. Je dois y arriver, je dois réussir à la contenir. Si je ne le fais pas, des gens vont mourir, encore. Alors même que je suis au bord de la crise de nerfs, je fais quelque chose que je n'ai jamais fait. Pas même alors que je vivais sur Terre.
Je me mets à prier. Je ne sais pas pourquoi, ni même pourquoi cette étrange idée a germé dans ma tête, mais elle est là bien ancrée. Alors je me mets à implorer cette Déesse qui malgré tout le mal qu'elle m'a fait et qu'elle me fera encore est la seule autour de moi à ne m'avoir jamais déçue. À ne m'avoir jamais menti. Ou bien même trahi. Parce qu'étrangement c'est l'effet que la demande en mariage d'Erèbe me fait, celui d'une trahison. J'ai l'impression qu'il a transformé ce qu'il se passait entre nous et qui était pur, innocent en une chose ignoble uniquement guidée par la vengeance et la haine. Pourquoi tous ceux pour qui j'ose éprouver quelque chose me trahissent toujours ?
Soudain une douce chaleur, plus puissante que la mienne m'entoure et je sens mon rythme cardiaque s'apaiser. Elle est là. Alors je laisse toutes les émotions que je contiens depuis des jours, des semaines, exploser, prendre possession de mon être et je commence à lui parler, car au fond de moi, je sais qu'elle me comprendra.
– Déesse, aide-moi à résister à l'appelle de la Mort. La douleur est trop intense. Je ne tiendrais plus longtemps. Je t'en supplie aide-moi à être forte, car la vérité c'est que je ne le suis pas. Je suis une enfant à laquelle on a donné trop de pouvoirs et de responsabilités. On m'a tout enlevé et trop redonné avant de me projeter dans un endroit dont je ne connaissais rien, et depuis ce jour-là je suis perpétuellement perdue. Toutes mes règles ont été bousculées, détruites. Et ce cycle infernal ne cesse de se renouveler. Quand cesserais-je enfin de me sentir couler au milieu d'un océan dont ni la surface ni les profondeurs n'ont été définies clairement ?
Je sens son sourire avant qu'elle ne se mette à son tour à parler :
– Ma belle enfant. Tes sentiments sont la chose que tu redoutes le plus, car tu ne peux t'empêcher d'en éprouver, c'est plus fort que toi, et si tu veux tout savoir, c'est même plus fort que moi. Mais tu n'es pas une enfant perdue, enfouie sous ses responsabilités et étouffée par ses pouvoirs. Le Pouvoir n'est qu'un simple outil. Un outil dont le mode d'emploi t'est innée. Le problème c'est que tu réfléchis trop. Qu'est-ce qui est mal ? Qu'est-ce que je suis en train de faire ? Et si je les blessais ? Ferme les yeux. Sens ton pouvoir. Sens sa puissance ronronner au creux de ta main comme un chaton et comprends que sans toi, ce Pouvoir n'est rien. Tes sentiments sont ce qui le guide et ton cerveau n'aura jamais assez de puissance pour l'en empêcher. Mais ce qui est bien avec les sentiments c'est que tu en trouveras toujours un à l'intérieur de toi qui contrediras celui qui a créé ta tornade. Maintenant, laisse tes sensations te guider, pour te maîtriser il faut que tu trouves ce qui t'a fait perdre le contrôle...
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Rubis - I. Renaissance
ParanormalLe destin. Quelle belle connerie. Sérieusement, qui croit à ce foutoir ? Moi, en tout cas je n'y croyais pas. Je n'y ai jamais cru. Je suis une orpheline, abandonnée par ses parents. Mais ça on s'en fout. Parce que le problème c'est que, même s'ils...