J'ai la dérangeante et oppressante impression que je brûle. Le feu fait voler mes cheveux, m'assourdit. Je suis grisée. Désorientée. Mes paupières sont lourdes. Tellement lourdes... Je me sens terriblement vide, comme perdue, mes sens mon lâchement abandonnés ne me laissant que le noir abyssal et l'absence de vie.
Si c'est ça la mort, je demande à être remboursée, c'est carrément pas cool...
La caresse violente du feu se transforme en un étrange bourdonnement. Bourdonnement vite remplacé par quelque chose de différent. D'angoissant.
Des murmures. Chuchotis rauques qui me hérissent littéralement. Mon rythme cardiaque s'accélère. Je ne contrôle plus rien. Soudainement, j'ai l'impression de m'effondrer. De tomber. Toujours plus vite toujours plus profondément. Je vais peut-être finir par toucher le fond des enfers, je pense avec une pointe de tristesse. Ma chute ne semble pas avoir de fin.
Les chuchotis stoppent pendant que je ralentis. Une voix étrange s'élève alors me faisant sursauter. Une voix parlant une langue qui m'est totalement étrangère et qui pourtant résonne en moi.
Une langue qui éveille le brasier qui règne désormais dans mon âme et mon cœur.
Une langue ancienne et terriblement puissante.
Une langue dont les mots âpres et violents me sont inconnus, mais qui, à mon oreille pourtant, prennent une signification bien connue.
Les ronronnements et autres syllabes qui composent ce langage sonnent à mes oreilles de telles manières que je les comprends, comme si j'avais toujours parlé cette langue.
—Re tampos katvanireo, chalirio, etho tæne hoboreo mynam forberep re liarnia re anterer Eosere ori minarep aper re tæne. Rakeres tæne arearia ori venires reyoinep tæne poalys etho ni parieo tæne ia noriep. Tyne kates ethys ika re Eosia katchoareo, rekeres kela voyi tyne mouaryeis entu tæne barnuman iner ethis inliarnia horian.
L'heure est venue, enfant, il te faut maintenant trouver la flamme des anciens Dieux et vivre parmi les tiens. Accepte ton héritage et viens rejoindre ton peuple, il ne t'appartient pas de refuser. Tu es celle que la Déesse a choisie, acceptes cela ou tu mourras en te baignant dans son âme incandescente. Au fur et à mesure qu'elle parle, la traduction s'imprime sur mes paupières closes en lettres de feu, ce que je trouve un peu exagéré...
Un long frisson que je ne saurais qualifier me parcourt tout entière alors que je sens comme un doigt m'effleurer au niveau du cœur avec une douceur saisissante, une légère douleur laisse cependant place à celle-ci. C'est comme si une bestiole essayait de se frayer un chemin de ma peau jusqu'à mon cœur — ce qui ne me rassure pas énormément vu qu'il m'est quand même nécessaire pour vivre et que je souhaiterais le conserver le plus longtemps possible, même si j'ignore si, là où je suis, il m'est encore d'une quelconque utilité... — afin d'y laisser une trace indélébile. Une trace dont je ne peux et ne veux pas comprendre la signification. J'ai l'impression que si je venais à m'en rendre compte je ne serais plus jamais la même, que cela troublerait définitivement une chose précieuse, mais que je n'arrive pas à cerner avec précision... Cela me colle une lassitude telle que j'ai l'horrible impression que je vais céder et m'enfoncer encore plus dans le monde des morts — c'est bien l'endroit où je me trouve n'est-ce pas ? Il n'y a aucune autre solution plausible au fait que j'entende des voix et ressente des choses qui me paraissent si réelles... — , il faut à tout prix que je m'empêche de sombrer. Il faut que je reste hors d'atteinte de cette voix à la langue vibrante et terriblement pleine de vie... Je ne m'en relèverais jamais sinon, j'en suis sûre, enfin, en même temps je suis morte, donc c'est clair que je ne m'en relèverais pas... Mais tout de même !
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Rubis - I. Renaissance
ParanormalLe destin. Quelle belle connerie. Sérieusement, qui croit à ce foutoir ? Moi, en tout cas je n'y croyais pas. Je n'y ai jamais cru. Je suis une orpheline, abandonnée par ses parents. Mais ça on s'en fout. Parce que le problème c'est que, même s'ils...