Dans un sursaut d'énergie, je me suis levée de mon lit pour me rendre dans la Bibliothèque Interdite. Animée par la curiosité, je pose pour la seconde fois aujourd'hui ma main sur l'épais panneau de bois sombre et vivant. Quelques instants plus tard, je suis à nouveau sur le canapé vert avec un immense livre parlant devant moi. Je m'apprête à l'interroger lorsqu'une secousse ébranle le palais et qu'une alarme stridente résonne dans son enceinte. Mais que se passe-t-il donc ? Intriguée et un minimum apeurée, je ferme doucement les paupières et laisse mon pouvoir s'échapper par tous les pores de ma peau. Il se déploie à une vitesse faramineuse et réintègre mon corps tout aussi vite après avoir effleuré une énergie inconnue et terrible. Je me mets à trembler de la tête aux pieds. Cette énergie. Elle est si violente. Si différente de celles que j'ai pu côtoyer jusqu'ici... Mon esprit, curieux et avide, m'ordonne d'aller voir ce qu'il se passe, de ne pas rester terrée ici. Mais ma conscience, ma raison, elle, me conseille pour ma propre survie de m'en tenir à cette pièce pour le moment. Je n'ai encore reçu aucun entraînement et me retrouverais vite submergée lors d'un combat. Mais j'hésite tout de même. Après tout, je sens un pouvoir presque inépuisable gronder au fond de moi et ce serait sans doute l'occasion de tenter de m'en servir. C'est vrai. Si je ne m'entraîne pas, comment pourrais-je un jour contrôler cette maudite puissance ? Comment pourrais-je même espérer devenir la rédemptrice de toute une planète si je n'arrive pas à maîtriser mes pouvoirs ?
Je me rends compte que je suis sortie de la bibliothèque au moment où je pose un pied dans le couloir. Je passe devant un miroir et détaille avec une grimace mon apparence négligée. Je ferme les yeux et me rappelle des instructions de Rynuvia. Il te suffit de l'imaginer et de le souhaiter. Alors je laisse encore une fois une infime partie de mon pouvoir m'échapper pour me transformer. Après un bref regard dans le même miroir un léger sourire confiant se fixe sur mon visage pendant que je reprends ma route. Je passe les doubles portes qui mènent au hall dont des éclats de voix envahissent l'espace. J'ai à peine le temps de poser mon regard sur l'assemblée que la majorité d'entre elle s'agenouille avec révérence. Le silence s'est si brusquement fait, que je reste un moment coite. Puis, comprenant que c'est ma présence qui les a tous mis dans cette inconfortable situation, je leur demande de se redresser. Mon regard, guidé par mon pouvoir se fige sur une dizaine d'hommes au teint blafard qui contraste avec leur chevelure noire. La vue de leurs yeux violets m'arrache un frisson pendant que les visions et rêves d'un certain jeune homme me reviennent en tête soudainement.
Le regard des hommes en question est rempli d'un je ne sais quoi que je qualifierais d'admiration si j'étais naïve. Mais je ne le suis pas. J'incline légèrement la tête pour leur montrer mon respect alors qu'ils mettent tous un genou à terre pour me rendre hommage. Ce témoignage de respect des autres est si inhabituel que j'en suis légèrement déstabilisée, mais je n'en laisse rien paraître, car lentement une idée s'est frayée un chemin dans mon esprit : je suis une princesse, que je le veuille ou non, que je l'aie prévu ou non. C'est ainsi et je dois l'accepter. Si je ne le fais pas, le peuple trouvera quelqu'un d'autre qui aura moins de scrupule et l'acceptera sans broncher. Quelqu'un dont les intentions pourraient détruire la planète.
Je manque de sursauter lorsque le valet, avec un temps de retard considérable, annonce :
– Son Altesse Royale la Princesse Héritière d'Amurisse, Rubis, fille aînée d'Elea la Sanglante et descendante d'Aliam la Lumineuse, Phoenix du Nouveau Monde et Comtesse des Confins Sanglants.
Je fronce les sourcils intérieurement. Comtesse ? Comment cela se fait-il que j'ai un titre dont je n'ai jamais entendu parler ? Je reste de marbre à l'extérieur tout en me faisant la réflexion que si je continue comme ça, d'ici cinq ans mes titres seront tellement nombreux et barbants qu'on devra prendre une dizaine de minutes pour tous les débiter comme c'est le cas d'un de mes personnages favoris dans une de mes séries préférées. Mais ce n'est pas si grave. Pour que ça n'arrive pas, je n'ai qu'à éviter de me faire remarquer ! Hum... En moins d'une semaine que je suis ici, j'ai déjà réussi à faire tout l'inverse. J'ai comme un doute sur le fait que la discrétion puisse être un adjectif qui me décrive. À mon plus grand dam. J'interroge du regard ceux qui se disent mes amis pour savoir qui sont ces hommes à l'air farouche. Cependant, ils n'ont pas le temps de me répondre que celui qui préside leur petite escouade se présente :
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Rubis - I. Renaissance
خارق للطبيعةLe destin. Quelle belle connerie. Sérieusement, qui croit à ce foutoir ? Moi, en tout cas je n'y croyais pas. Je n'y ai jamais cru. Je suis une orpheline, abandonnée par ses parents. Mais ça on s'en fout. Parce que le problème c'est que, même s'ils...