Rubis - I. Renaissance

Chapitre VI

L'ombre m'enveloppe lentement, insidieusement, entourant mon être et emprisonnant mon âme entre ses griffes acérées. Me rappelant étrangement le premier rêve horrible que j'ai fait il y a bien longtemps, le jour de mon anniversaire. Mes sentiments un à un semble absorbés par la noirceur ambiante ne me laissant comme seuls compagnons le vide, l'absence de vie et la mort.

Prenant tout l'espace dans mon crâne une voix, que j'attribue sans hésiter à Écho, fait bientôt sienne la totalité de mes pensées et sensations, et malgré le fait que je ne ressente plus rien, je peux dire qu'en temps normal, j'aurais flippé.

- Roumiar gan de Mouar ori Kosouvali gan de Minar, folir katvanireo re tampos gan de Rakerosy. De Youfir monyaris goureo katep katvororeo ori dory tyne ryvaleis re clovar. Tæne Minar yvan, re wirass tyne abores katcelantura ref fer tæne peraersidep etho tæne hoboreo ylli ignarep. Terroyna de Holiar kateo pili montyf fer katep katroumiareo. Tryales tæne sporit ethis inairianeo ori tæne worpas ethis frolireo ref de wirass goureo huytep.

Gardienne de la mort et Créatrice de la vie, voilà venue l'heure de l'Acceptation. L'Histoire mémorable et immémorable va être avouée et ainsi tu découvriras les clefs. Ta vie durant, la vérité t'a été dissimulée, car pour te protéger il te fallait tout ignorer. Aujourd'hui, le Pouvoir est trop grand pour être gardé. Laisse ton esprit s'envoler et ton corps se libérer, car la vérité va frapper.

Son ton caverneux et cérémonieux accentue d'autant plus le roulement caractéristique du si beau langage qu'elle utilise, faisant sinuer un long serpent de doutes et de craintes le long de ma colonne vertébrale. Autour de moi, le noir s'épaissit devenant de plus en plus suffocant et horriblement irrespirable.

—Tryales de Holiar slapep entu tyne kochalep amdem gan tæne æria ori gan tæne horian rym tyne ethys veryn katarmenteo runte. Gropes gan contrep tyne tæne inferes re tolor mouariam xine rediar... De Holiar govanireo æhermos ô ethis andung.

Laisse l'Holiar (équivalent de pouvoir) glisser en toi prendre possession de ton cœur et de ton âme comme tu lui as déjà offert auparavant. Cesse de résister tu t'infliges une douleur mortelle sans raison... L'Holiar parvient toujours à ses fins.

Continue-t-elle toujours dans la même langue.

Un hurlement de pure affliction s'empare alors de ma gorge me transperçant de part en part. Je sens le feu qui brûle en moi s'éveiller lentement attiré par ma douleur, en nourrissant son pouvoir destructeur. Encore une fois Il est trop puissant pour que je ne puisse Lui opposer la moindre réelle résistance. Il s'empare de mes membres les uns après les autres me les volant sans pitié aucune. Son doigt crochu et brûlant traverse lentement la chair s'approchant avec délectation de mon cœur battant follement. Je Le sens s'enfoncer dans mon organe avec tellement de souffrance que je manque de m'évanouir, mais tiens bon en serrant les dents si désagréablement fort que je crains qu'elles ne se brisent. Si je ne ressens plus aucune émotion, les sensations qui parcourent mon corps sont quant à elles tellement puissantes qu'elles m'entraînent vers une véritable géhenne. Le noir autour de moi semble avoir disparu tant la violence qui me traverse accapare toutes mes pensées.

– Rakeres ethys, gropes gan contrep !

Accepte-le, cesse de résister !

Murmure une voix douce et enjôleuse, terriblement tentante.

– Enthermos ! Enthermos myn ni gropers gan contrep ergort re thermin ika troineo myn treherm entu govarchir !

Jamais ! Jamais je ne cesserais de résister contre une chose qui me transforme lentement en monstre !

Je hurle dans la même langue sans même y faire attention, produisant naturellement les grattements gutturaux qui la caractérisent tout en continuant d'essayer de ralentir la progression du doigt grâce à la force de ma pensée.