Chapitre XXIX

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Rubis, Princesse d'Amurrisse, Ygora, Royaume d'Exasimir, Ouranos.

Mon discours fini je me suis éloigné des combattants et les regarde à présent depuis les cieux où j'ai trouvé refuge. Je les observe se tuer avec circonspection. Pourquoi des êtres qui semblent tellement se soucier de la paix se battent-ils entre eux ? J'avoue que ça me dépasse. J'hésite à mettre un terme à la bataille. Je le pourrais facilement. Le truc c'est que si je le faisais, alors, tous les efforts que nous avons faits seraient vains. Et ça n'aidera personne. Alors, pour le moment je me contente d'observer, les bras ballants. Concentrée sur l'avenir du monde entier qui semble s'étendre à mes pieds. Je suis alors interrompue. Par une violente attaque. Que d'un seul mouvement je bloque. Mon Amoliar, en parfaite harmonie avec moi, se tourne vers notre agresseur, qui est en fait une agresseuse. Un sourire digne des plus grands psychopathes et reflet étrange de celui de mon adversaire s'étend sur mes lèvres.

– Chère mère. Vous ici ? Mais quel Diable vous amène ?

C'est elle le Diable. Déesse, j'ai une envie viscérale de lui arracher le bide et de me faire un collier avec ses boyaux. Désolée pour l'image...

– Oui ma fille. Ne fais donc pas l'innocente. Tu sais très bien ce qui nous amène ici. Tes chers amis du peuple Sombre savent-ils que tu es la cause de tous leurs ennuis ?

Je fronce les sourcils. Elle ne va tout de même pas essayer de me faire croire que l'attaque d'Ouranos est de ma faute ? Non elle n'oserait pas, elle n'est pas comme...

– Si j'ai décidé de m'en prendre à ses pauvres gens c'est parce qu'ils t'aident toi et que tu es une traîtresse à ton espèce.

Et bien si. Elle a osé. Je suis tellement sous le choc que la seule réaction que j'ai est d'exploser de rire. Alors que je suis à des centaines de mètres du sol, alors qu'une guerre est en cours, alors que ma mère est la pire des salopes, moi je n'arrive pas à m'arrêter de rire. J'en ai mal au ventre. Non, mais sérieusement ? Elle me prend pour une simplette ? Je finis par me reprendre. Bien sûr, mais au bout d'un certain temps seulement. Je prends une grande inspiration avant de déclarer d'une voix glaciale en totale désaccord avec ma crise de rire d'il y a quelques secondes :

– Ainsi c'est moi la traîtresse ? De la part de la Vokoato qui commandite le meurtre de sa propre fille, je trouve ça vraiment comique. C'est toi qui es la cause de tout. Mais cela va bientôt changer.

– Tu te penses de taille ?

– Je me pense largement à la hauteur. Tu ne feras pas de plus vieux os qu'ils ne le sont déjà.

– Tu m'insultes ?

– Je dis ce que je pense, ce n'est pas la même chose. Désolée si tu n'as pas l'habitude de la franchise.

Le silence se fait. Nous nous affrontons du regard. Une question comme en suspens entre nous : qui passera à l'attaque le premier ? Mon pouvoir, aussi déployé qu'il en est capable, commence à faire vibrer l'air qui m'entoure. Le sien, plus faible, commence seulement à réchauffer l'atmosphère en signe d'avertissement. Je n'en prends pas compte et passe directement au passage violent. Je forme une boule de feu dans ma main et la lui lance. Elle l'évite avec facilité, mais ce n'était qu'une diversion. Elle tombe directement dans mon piège, une cage bloquant toute personne à l'intérieur sur le modèle des murs du palais de la capitale d'Alairia. J'espère que ça la contiendra assez longtemps. Je repose mon regard sur la bataille en contrebas. Les dommages, dans les deux camps, sont considérables et cette vision me file la nausée. Ce moment d'inattention me fait manquer la sortie de la Reine du piège. Mais je ne manque pas la douleur qui irradie bientôt dans mon dos, là où la lame de sa longue lance m'a lacérée la peau de haut en bas. La brûlure qui s'ensuit me fait vaciller au milieu du ciel. Je dégaine en moins de temps qu'il n'en faut, mais le mal est déjà fait. Je tente de contenir la douleur, en vain. Je pousse un hurlement de pure affliction et me tourne vers ma mère qui me regarde avec son éternel sourire supérieur.

Rubis - I. Renaissance Où les histoires vivent. Découvrez maintenant