Chapitre XXX

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Tout le monde a les yeux fixés sur moi. Ils attendent la suite de mon discours. La suite des évènements. Espèrent des changements. Des explications. Je les regarde droit dans les yeux. Tous, autant qu'ils sont. Ils sont tous concernés. Et j'attends moi aussi. La suite du plan ne dépend pas de moi. Mais j'ai confiance. Soudainement une vague de magie m'effleure. Je me décale juste à temps. Moins d'une seconde plus tard, les huit personnes pour lesquelles j'ai fait attendre tout ce beau monde apparaissent à l'endroit même où je me situais. Trois d'entre elles sont fermement ligotées. Le silence au sein de l'assemblée se fait pesant. Ils les ont reconnus. Bien sûr qu'ils les ont reconnus et c'est bien le but. Je lève la main et fais apparaître une cage où les trois personnes sont enfermées.

– Nous voulons la paix. C'est tout ce que nous avons toujours demandé. Rester posés chez nous à attendre que la vieillesse nous emporte. Et pour que cela arrive, il faut du changement. Nous avons besoin d'union. Non pas de querelles.

Je me tourne vers les trois dirigeants.

– Êtes-vous capables de vous unir au lieu de vous entre-tuer ?

L'un d'eux veut répondre, je ne lui en laisse pas l'occasion :

– Vous avez prouvé à de nombreuses reprises que non. La seule chose pour laquelle vous savez vous réunir est la guerre. Vous êtes des inconscients qui ne se rendent pas compte de la puissance destructrice d'une guerre. De ce qu'elle force les gens à faire. De la terreur qu'elle impose à tous. Vous l'aimez, la chérissez. Vous l'adorez. Vous ne vivez que pour et par elle. La voilà la vérité ! Comment allez-vous faire quand elle n'existera plus ?

– C'est impossible !

Je n'écoute pas le cri de la Reine de Torentellisse. Et prends une grande inspiration avant de continuer.

– En tant que Phœnix j'ai pour prérogatives de maintenir la paix et de la protéger à tout prix. C'est exactement ce que je vais faire.

Je me tourne vers la cage et la fais disparaître. Il est venu le temps de mettre un terme à tout ce bordel.

– Avancez-vous pour recevoir votre sentence.

Mon pouvoir les force à avancer vers moi. Je vois et sens la peur sur la plupart d'entre eux. Sauf chez le dirigeant de Glaciace. Il est bien trop confiant. Il pense pouvoir y échapper. Avoir une sorte d'immunité diplomatique. Ce sera sûrement douloureux. Violent même. Mais je ne ferais pas d'exception. Même pour lui.

– Par les pouvoirs que m'ont conférés les Déesses. Moi, Reine du Royaume d'Amurisse, descendante d'Aliam la Lumineuse, Phœnix du Nouveau Monde qui se bâtira sur les cendres de l'ancien. Je vous condamne, Roi de Glaciace. Reine de Torentellisse. Ainsi que Reine d'Abrasia. À mort. Si vous avez des dernières paroles, nous nous assurerons qu'elles soient entendues et si vous avez une dernière volonté, nous l'accomplirons dans la mesure du possible.

Je prends une pause. Tous les soldats sont stupéfaits et les souverains sont carrément choqués. Je pense qu'ils ne me croient pas. Ils pensent que je suis encore une gamine inconséquente qui ne sait pas ce qu'elle fait - et quelque part ils ont raison, je ne suis qu'une gamine, mais j'ai bien plus le sens du devoir et du sacrifice qu'ils ne l'auront jamais - ni ce qu'elle dit, mais ils ont tort.

– La première à subir sa peine sera la Reine d'Abrasia. Votre Majesté veuillez vous approchez.

Elle hésite un moment et semble vouloir partir. Je déploie immédiatement mon pouvoir et la fais avancer.

– Placez-vous au centre de la cour.

Elle s'exécute plus ou moins volontairement. Ma magie est pleinement déployée. Elle illumine tout et siffle comme le plus clair des avertissements, quelqu'un va mourir et elle a hâte de s'abreuver de cette mort.

Rubis - I. Renaissance Où les histoires vivent. Découvrez maintenant