Chapitre VII Part 1

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J'ai séparé ce chapitre en deux parties car il se déroule dans deux endroits différents, j'espère que ça facilitera la compréhension et la lecture !

Une fois, deux fois. Le son aigu et agaçant des trompettes de réceptions, on ne peut plus cliché, remplit l'espace de son imperturbable résonance. Le visage du jeune homme assis sur le trône en Rouliage était un masque d'impassibilité recouvert d'une très grande impression de puissance alors que l'ambiance autour semblait légère et plutôt festive. Cela faisait bientôt cinq longues années que pour son anniversaire sa mère organisait une sorte de bal-concours pour permettre à l'homme de se distraire et de rencontrer de belles dignitaires avec comme dessein secret pour la reine qu'il trouva chaussure à son pied.

Les précédentes années il s'était plié à cette obligation avec un minimum d'entrain, mais cette fois-ci c'était différent, il paraissait las et l'esprit occupé à de sombres contemplations, quelque chose depuis un certain temps le tourmentait désagréablement. Quoi qu'il fasse il se sentait horriblement creux, seul, si seul que son âme semblait se déliter dans la noirceur impétueuse de cette solitude. Mais personne de son entourage ne semblait s'en rendre compte alors il continuait, inlassablement, de vivre.

Une jeune femme à la chevelure ébène vient s'agenouiller au centre de la salle du trône il l'observa un instant et se rappelant de rêves lointains se remit à rêver de blondeur et de lumière. Le vent gonfla les pans de la tunique noire et fraîche de la femme alors qu'à la place de ces habits absorbeurs de lumière il entrapercevait un rouge flamboyant, léger clin d'œil à une couleur dont il ne se rappelait que par intermittence tant elle était rare par ici et qui capterait avec délice les rayons d'un soleil inexistant. La brunette se mit à danser avec douceur et légèreté. Elle manquait terriblement de... De consistance comme si sa vie n'avait jamais été vraiment palpable, mais qu'elle s'effilochait déjà au rythme du vent dans l'atmosphère. Les pensées tournoyantes de son esprit préoccupé ne le rendaient pas très accessible ce que sembla remarquer la jeune danseuse devant lui. Le rythme déjà soutenu de la musique accéléra soudain faisant naître en lui un sentiment de malaise et de stress insupportable dont il n'avait pas l'habitude.

Brusquement l'odeur d'un pouvoir qui lui était inconnu vint lui chatouiller les narines le faisant frissonner, son être entier sembla s'apaiser au contact de ce doux parfum exotique pendant que son cœur tourmenté sans qu'il comprenne pourquoi se serrait dans sa poitrine de manière irrépressible. L'air autour de lui était plat et désert de tout pouvoir pourtant il sentait sa texture presque jusqu'au fond de sa gorge, il l'emplissait de manière violente et affolante sans qu'il ne sache pourquoi. Une douloureuse chaleur s'empara alors de son corps, remplaçant le froid que le vide et la solitude avaient laissé en lui.

Au fond de son crâne s'éleva une douce voix, un rire aérien. Il sentait le vent souffler dans la longue chevelure blonde qu'il n'avait pas, les rayons blanchâtres d'un soleil fade, mais existant lui caresser le visage, presque sensuellement. Ses yeux se fermèrent pendant qu'il acceptait la douce torture de ces magnifiques sensations. Il ressentait une telle joie, un tel sentiment de liberté qu'une vague immense de tristesse le submergea et l'emmena sur des terrains qu'il détestait à fréquenter. C'était trop doux, trop simple, trop léger... Il se leva soudainement interrompant la danseuse qu'il ne regardait même plus, trop absorbé à sa colère et à sa tristesse. Les ombres qui l'habitaient commencèrent à remuer lui donnant un haut-le-cœur. Il les détestait. Tous et toutes. Tous ces démons qui lui rendaient la vie impossible, lui rendaient la moindre respiration difficile, le moindre sourire douloureux...

– Tu es mien.

Chuchota la douce voix de la jeune femme dont il voyait quelques passages de la vie. Son cœur s'affola et manqua même un battement. Une horrible douleur le prit à la poitrine alors qu'il posait le genou à terre pour tenter de résister à la souffrance.

– Mon Prince !

Hurla le chef des gardes du palais tandis que son âme lui échappait peu à peu se laissant attirer par la lumière de la jeune femme. Il se laissa glisser entièrement au sol de peur de ne plus jamais arriver à atteindre le ciel.

– Tenez bon, Votre Altesse !

Il lâcha un gloussement qui faillit le faire s'étouffer à cause de l'hémoglobine qui avait envahi sa gorge.

– Pour quoi faire ?

Le froncement de sourcils du garde est la dernière chose qu'il vu avant de sombrer dans l'inconscience. Pour toujours, du moins il l'espérait. Il courait droit vers la mort pourtant, s'il était honnête avec lui-même, c'était la première fois de toute sa vie qu'il se sentait aussi vivant.

À suivre...


Rubis - I. Renaissance Où les histoires vivent. Découvrez maintenant