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Mercredi 4 Octobre 1978.

Dimanche, Regulus est devenu majeur. Nous avons échangé quelques lettres pour cette occasion. Et j'ai dû faire face à la cruauté qu'il subit chaque jour. Quand son statut de Traite-à-son-sang s'est rependu, il a commencé à se faire insulter et maltraiter. J'en ai immédiatement parlé à McGonagall, en qui j'ai plus confiance que Dumbledore, pour qu'elle puisse limiter les dégâts. J'aurais donné beaucoup pour être avec lui et complètement dégommer ses ''camarades''. Pandora essaie de l'aider autant qu'elle le peut, mais elle aussi est dans leur viseur.

Pourtant, leur détermination ne fléchit pas comme je l'ai tant redouté. Regulus est un Serpentard et il ne faut pas l'oublier. Ils ne sont pas reconnus pour leur courage à toutes épreuves. Les seules discussions posées que j'ai pu avoir avec Sirius sont d'ailleurs à propos de son frère. C'est le seul sujet sur lequel nous sommes parfaitement d'accord. Nous voulons sa protection avant tout. Je ressens de plus en plus cet instinct que j'avais envers Edward se faire avec Regulus. Cela me fait un peu peur, mais me rassure en même temps. Edward ne sera jamais remplacé, mais une part de moi en a peur.

Je me concentre sur l'écriture de ma lettre tout en mangeant un biscuit n'ayant pas très faim pour le déjeuner. Ces derniers temps j'ai perdu du poids, ce qui inquiète Lily, n'ayant ni l'envie ni le besoin de manger. J'ai beaucoup trop de choses à faire pour me permettre de perdre du temps à manger quelque chose. Je préfère largement apprendre le plus de sort ou bien réviser mes cours.

J'attache le parchemin à la patte de Bagheera qui s'envole en me volant un bout de gâteau. J'enfile mes chaussures qui sont cette fois des Dr. Martens noir. Cette après-midi, Maugrey tient à nous entraîner tous les sept, nous les nouveaux membres de l'équipe d'intervention. Me préparant à toutes éventualités, je me réside donc à laisser mes converses, ne voulant pas les tremper dans la boue, ou que sais-je. Dans ma veste, je range ma baguette et pars dans un crack en direction de l'adresse donnée par Maugrey.

Après des semaines de paperasses, nous avons enfin reçu l'autorisation pour transplaner dans notre appartement. Comme il est Moldu, nous ne pouvions pas le faire sans nous exposer à des poursuites.

Je me retrouve dans une forêt sinistre où règne une humidité dérangeante. L'odeur du bois s'infiltre dans mes narines tandis que je commence à avancer sans savoir où je vais. Un crépitement se fait entendre derrière moi et je me baisse instantanément en dégainant ma baguette. L'entraînement commence donc maintenant. Je réplique en lançant un sort ayant pour effet de casser la baguette de la personne visée, ce qui est très pratique quand l'adversaire ne sait pas pratiquer la magie sans baguette. Bien entendu, mon sort ne touche personne. Sans attendre je commence à grimper à un arbre. J'aurais une meilleure vue de là-haut et les feuilles me cacheront.

L'adrénaline se repend dans tout mon corps. Cette sensation si familière me redonne de l'énergie. Je scrute le sol. J'aperçois un Maugrey transplanant partout à la fois en lançant des sorts, je vois même certains de mes amis courir. Je ricane en allumant une boule de feu dans ma main. C'est toujours un plaisir de sentir ma magie bouillir en moi. Je sais que Maugrey est beaucoup trop réactif pour se laisser piéger par ma boule de feu alors dès qu'il apparaît, je la lui lance. Il la part d'un bond sur le côté et elle finit par brûler un arbre. Un jet d'eau vient l'éteindre et un sourire né sur mon visage sachant que c'est Mary ou Marlène qui vient de faire ça.

Maintenant que ma position est découverte, je prends une énorme inspiration et m'élance dans le vide. Je déteste le vide sous mon corps, mais me réceptionne assez justement sur l'arbre d'après. Je recommence plusieurs fois. Je pense que je n'ai pas hurlé à chaque fois grâce à l'adrénaline. Sirius court jusqu'en bas de l'arbre dans lequel je suis perchée. Je le regarde faire sans bouger, sans dire un mot.

Une envie soudaine de l'aider me prend, mais je la refoule. Cela ne nous mènera à rien. Je resserre mes doigts autour de ma baguette. L'Auror transplane encore un peu partout. Je lance un sort pour faire craquer les feuilles à terre. Je veux l'attirer dans un piège. Il se fait prendre. Je lance un Stupefix qu'il évite mais j'ai préparé le coup et en envois deux autres. L'un, un peu plus à droite et l'autre à gauche ne sachant de quel côté il va esquiver. Il se fait prendre, mais ne se fait que désarmer à ma grande surprise. Je descends rapidement de ma branche pour lui faire face. Il grogne sauvagement en récupérant sa baguette pour envoyer un Patronus aux autres.

« - L'entraînement est fini. Il y en aura un presque tous les mercredis par un membre de l'Ordre. Évitez d'être aussi incompétents qu'aujourd'hui si vous ne voulez pas mourir. »

Il repart sans rien ajouter. Je grogne avant de transplaner jusqu'à chez moi. J'enlève mes chaussures pleines de boues pour les balancer dans l'évier avec pour objectif de les décrasser. Je le fais le plus vite possible pour ensuite aller me laver. Sous l'eau bouillante, je sens toute l'énergie quitter mon corps et me retrouve soudainement lasse. Lasse de tout. M'enroulant dans ma serviette, je me plante devant mon miroir. Mes cheveux bleus s'arrêtent un peu plus haut que mes épaules. Mes yeux n'ont plus l'étincelle qu'on pouvait y trouver avant, ils sont désormais beaucoup plus foncés qu'avant, mais vide de tout le reste. La guerre a pris le pas sur mon physique. On peut apercevoir mes os sous une couche de peau. Il faut que je me mette au sport, même si j'en ai une sainte horreur. Je ne peux pas continuer comme ça sinon je ne pourrais plus être aussi réactive.

J'enfile un pyjama puis commence à concocter un emploi du temps. Tous les soirs, je ferais une heure de sport en variant musculation et course malgré ma répugnance. Pour commencer cela me paraît pour le moins acceptable. Je m'allonge sur mon lit en mettant mes couettes sur mon corps. Je me replonge dans un de mes cours d'Histoire Médiévale en faisant apparaître un chocolat chaud. Je ne sais pas d'où il vient, mais il est très bon. J'enclenche mon tourne disque qui commence à jouer Space Oddity de David Bowie.

Je n'entends même pas Lily rentrer tellement je suis obnubilée par mes cours et la musique. Quand le vinyle se finit, j'en mets un de AC/DC. Je commence à me déhancher seule sur mon lit. Sans grande surprise, ma meilleure amie me rejoint à l'entente d'un des groupes préférés de son père. Nous sautons au rythme de la musique sans nous préoccuper du reste. Comme deux filles ordinaires qui n'auraient pas un Mage Noir à vaincre. Nous dansons comme à Poudlard. Nous crions les paroles, car nous n'avons pas besoin de nos propres mots pour nous comprendre. Alors, nous sommes là. Nous nous vidons la tête. Nous sommes deux. Deux meilleures amies.

J'efface la guerre de ma mémoire, les Sang-Pur, ma famille, Sirius. J'efface tout à ce moment-là. Juste Lily et la musique existent pour moi. J'enferme mon esprit dans cette chambre lavande. Bagheera sur son perchoir nous regarde d'un œil mauvais. Mais je n'y prête pas attention. Je suis en train de danser avec ma meilleure amie comme si c'était la dernière fois. Et cela peut très bien l'être. L'avenir est incertain.


n.d.a. J'ai vraiment eu du mal à écrire ce chapitre et je n'en suis toujours pas satisfaite. Mais je ne sais pas comment l'améliorer puis avec les cours j'ai abandonné l'idée de le changer pour l'instant. 

Stab The LightningOù les histoires vivent. Découvrez maintenant