Stab The Lightning

18

Lundi 8 Janvier 1979.

Regulus est reparti pour Poudlard hier. James a tenu à me garder chez lui même contre mon avis. Il a beau être immature parfois, il protège ses amis coûte que coûte. Lily a passé sa journée avec moi. Elle aussi est rentrée dans un sale état, mais heureusement ce n'étaient que des blessures superficielles. J'ai eu quelques nouvelles des autres, notamment Benjy. Il va bien mais a besoin de repos, il a failli y passer avant-hier. James m'a enfin donné la permission de rentrer dans mon appartement hier soir, mais seulement si Lily est là. Je l'ai remercié ainsi que Sirius. Je n'avais qu'une envie c'était de me rouler en boule dans mon lit. La rousse a compris cela dès que nous sommes rentrées. Je me suis endormie assez rapidement.

Ce matin, elle était déjà partie quand je me suis levée. Je n'ai pas la force d'aller en cours aujourd'hui. Je demanderais à Susie de me passer ses cours. Je me traîne difficilement jusque dans ma cuisine. Je me fais un chocolat chaud puis me pose sur mon canapé entourée de ma couette. La télévision passe un film à l'eau de rose que je regarde à peine. Je sirote doucement ma boisson en fixant un point sur le mur. Personne n'a fait allusion à ce qu'a dit le Mangemort, mais cela me glace le sang de savoir que nous sommes leurs cibles prioritaires à abattre.

Je pose mon mug sur la table et pars dans la salle de bain. J'allume l'eau de la baignoire puis me déshabille doucement. Je me regarde à peine dans la glace. J'entre dans l'eau bouillante et me laisse aller en plongeant ma tête. Je la ressors pour respirer, mais ne bouge pas le reste de mon corps. Je reste comme cela jusqu'à ce que l'eau devienne froide. Je me lève et m'enroule dans une serviette avant de faire pareil pour mes cheveux. Je me poste devant le lavabo où se trouve le miroir. Je grimace devant le reflet. J'ai d'énormes cernes violettes sous les yeux. Mon visage est blanc. Je détourne le regard pour me sécher. J'enfile mes sous-vêtements et pars dans ma chambre. Je mets un jean et un énorme pull.

Je suis lasse de tout cela. De cette routine morbide qui m'accompagne depuis ma sortie de Poudlard. Jour après jour, je sacrifie ma vie et ma jeunesse dans cette guerre. Je suis lasse de voir mon innocence partir en fumée. Lasse de devoir jouer un rôle en permanence pour ne pas inquiéter mes amis. Lasse de perdre pied à mesure que le temps passe.

Mais aussi lasse de devoir faire face à des choses aussi futiles que les sentiments. Devoir tous les jours combattre un ennemi invisible, qui s'immisce absolument partout. Où que je sois, quoi que je fasse, il est toujours dans un coin de ma tête. J'ai beau les repousser de toutes mes forces, mes sentiments pour Sirius finissent toujours par revenir. Comme s'il était marqué au fer rouge dans mon cœur.

Sans m'en apercevoir, mes yeux s'humidifient. Ma respiration se fait plus difficile et mon ventre se tord. Sans pouvoir me retenir, je fonds en larme le souffle court. Pourquoi je dois subir ça à mon âge ? Pourquoi je ne peux pas vivre normalement ? Pourquoi mes sentiments restent intacts ? Mes larmes redoublent d'intensité. Je pousse un cri de désespoir. C'est trop de pression. Trop de responsabilités. Je n'ai que 18 ans. Pourquoi ?

Au bout d'une trentaine de minutes, j'arrive à me calmer et comme un robot, j'enfile mon manteau et mes converses puis transplane. Je frappe à la porte, mais personne n'ouvre alors je me résigne à m'asseoir par terre pour l'attendre. J'ai besoin de lui parler. C'est le seul susceptible de me comprendre et m'aider. Le vent me glace le sang. Je resserre mon manteau et enfouit ma tête dans mon écharpe. Dix minutes après, un cri de surprise me sort de ma torpeur. Je relève la tête pour tomber sur mon ami. Je me remets sur mes pieds en lui souriant. Il me fait rentrer en catastrophe et me place devant le feu.

« - Mais qu'est-ce qui te prend de camper devant ma porte par ce froid ? Tu devais te reposer !

- Tu es le seul vers qui je pouvais me tourner », je grogne.