Lundi 23 Octobre 1978.
Toute la ville bouge à grande vitesse. Mais si nous nous attardons un peu plus sur les visages des Londoniens, on pourrait voir qu'ils sont encore endormis. C'est pour cette raison que tout le monde s'achète un café dans le Starbucks du coin. Je tapote sur mon gobelet en regardant la ville se réveiller avant de me joindre à la foule. Je fais claquer mes converses contre le béton en allant sur mon campus.
Une forte agitation est déjà présente. Je salue plusieurs personnes qui partagent des cours avec moi. La brise qui souffle en cette matinée d'Octobre fait flotter ma veste. Susie se tient devant la porte de l'amphi numéro cinq. Je lui souris et nous entrons. Aaron nous a réservé des places donc nous n'avons pas besoin d'en chercher. Le Professeur d'Histoire Médiéval entre et commence son cours.
Comme à mon habitude, je gratte le papier. Toutes pensées extérieures s'évaporent et je me concentre uniquement sur le cours. Le cours d'Histoire Ancienne s'enchaîne après puis de Latin. Nous sommes divisés en deux groupes pour ce dernier cours. Un qui est qualifié d'avancé et un autre de débutant. Je suis dans le deuxième avec Aaron.
Le midi, nous partons manger dans une brasserie pas très loin. Je me contente d'une salade n'ayant pas faim. Aaron nous raconte ses mésaventures avec son colocataire qui organise des fêtes bien trop souvent à son goût. L'heure de pause se finit et nous devons retourner en cours.
La journée se passe assez rapidement. Comme tous les lundis, je rentre directement chez moi, ne travaillant pas ce jour-là. Lily est déjà présente. Je la salue vaguement avant de m'enfermer dans ma chambre. J'attrape un Manuel de Magie de mon étagère et commence à le feuilleter.
Hier, nous avons fêté l'anniversaire de Peter. J'aurais voulu lui faire passer une bonne journée, mais avec Sirius, ça a encore explosé. On ne pourra plus rattraper les dégâts, ils sont irréversibles. Nous le savons tous les deux alors à quoi bon continuer encore et toujours ce cercle vicieux ? C'est pour cette raison que je lui ai donné rendez-vous aujourd'hui. Un frisson me parcourt le dos quand j'entends Lily ouvrir la porte. Une envie de vomir me saisit mais j'essaie de me ressaisir. On toque à ma porte. D'une voix faible, je l'invite à rentrer.
Ses yeux gris me fixent avec incompréhension. Ses cheveux bruns lui tombent sur les épaules, il se tient négligemment au cadran de ma porte. Je sens mes larmes arriver. Je lui fais signe de s'asseoir sur mon lit et j'en fais de même. Je me racle la gorge comme pour me donner du courage. Je suis une Gryffondor après tout.
« - Je t'ai demandé de venir ici pour quelque chose de difficile », je commence avec un nœud dans la gorge.
Il ne répond rien, mais je sais que la connexion s'est faite dans sa tête quand ses yeux s'emplissent de larmes. Je refoule les miennes.
« - Rien ne va plus entre nous. Nous ne pouvons plus nous voir sans nous sauter à la gorge. Je t'aime, mais on sait tous les deux que ce n'est plus possible entre nous. Je suis navrée Sirius, je conclue dans un sanglot.
- Je sais », il me souffle.
Il se laisse aller. Nous ne devons pas donner un très beau tableau comme ça. Moi dans ses bras en pleure et lui qui ne peut retenir ses larmes. Il relève doucement ma tête puis pose ses lèvres sur les miennes dans un dernier baiser. Ça fait mal, mais nous le devons. Il se détache de moi puis se lève et s'en va sans se retourner. Mon cœur explose. Je me roule en boule dans mes couvertures en éclatant en sanglot. Lily entre dans ma chambre et se couche à côté de moi en me prenant dans ses bras. J'agrippe son haut dans un élan désespéré que ce soit Sirius. Elle me caresse les cheveux pour me calmer.
Quelques heures après, un Patronus en forme de Lynx apparaît et la voix d'Alastor Maugrey résonne dans toute la pièce. Ma meilleure amie se redresse d'un coup. J'attrape ma baguette en enfilant mes converses noires. Elle fait de même et sans attendre, nous transplanons.
Nous arrivons sur le Chemin de Traverse, mon regard s'élargit quand je vois le nombre de cadavre par terre. Je suis prise d'un haut le cœur que je refoule avec beaucoup de mal. Comment peut-on faire ça ? Il y a des enfants bon sang. Je lance un premier sort sur un Mangemort près de moi. Il l'évite et le combat s'engage. Il m'envoie un sort jaune que je ne reconnais pas. Je roule sur le côté pour l'éviter, mais tombe sur le cadavre d'une jeune fille. Je sens la rage monter en moi. C'est inhumain de faire ça. Je ne peux pas les laisser s'en tirer aussi facilement qu'avec un simple Stupefix. On ne gagne pas une guerre en lançant des fleurs sur l'ennemi. On la gagne en le contrant avec des armes égales. Je me retourne d'un coup.
« - Avada Kedavra », je hurle.
Mes coéquipiers, qui ne sont pas très loin de moi, me jettent un coup d'œil horrifié, mais je les ignore. D'un simple regard glacial, je regarde le corps de mon adversaire tomber au sol. Je viens d'utiliser un des Impardonnables. Je ne ressens rien à part une rage folle. Je lui ai rendu la monnaie de sa pièce. Il ne méritait que ça.
Je continue sans relâche jusqu'à ce qu'ils partent tous à cause de l'arrivée des Aurors. Je m'accroupis par terre pour voir si je n'ai mal nul part. J'ai seulement une arcade fendue dont le sang gêne ma vue. Je l'essuie rageusement en partant retrouver Mary. Les autres nous rejoignent immédiatement n'ayant pas envie de se faire interroger par les Forces de l'Ordre qui sont tenus loin de nous, pour l'instant, par Maugrey.
« - Dumbledore veut qu'on le retrouve chez Dorcas », nous prévient Remus.
Je hoche simplement la tête en transplanant. Marlène est déjà là, nous entrons ensemble. Des gâteaux reposent sur la table avec quelques membres de l'Ordre. Pendant qu'on est en train de se battre, ils osent manger des biscuits. On met nos vies en danger pour eux. La colère fait trembler ma mâchoire tandis que j'essaie de la contenir. Le Directeur fait son apparition avec les autres. Je lève immédiatement mes barrières d'Occlumencie. Nous prenons tous place et le regard du vieux sorcier se pose sur moi. Je lui rends avec un air de défi.
« - Bonsoir à tous. Je tenais à vous féliciter tous pour vos exploits, il commence avec un sourire débile scotché sur le visage. Mais j'ai appris de mauvaises choses. Nous ne sommes pas comme les Mangemorts, nous n'utilisons pas leurs méthodes barbares. »
Plusieurs personnes hochent la tête. Je sais où il veut en venir. C'est évident.
« - Nous n'utilisons pas les Impardonnables, Miss Durward.
- Si nous ne les tuons pas, ils reviendront encore et toujours, je réponds glacialement.
- Nous ne sommes pas comme eux ! Il rétorque.
- Je me bats déjà en mettant ma vie en danger moi ! Je sais à quoi ressemble la guerre de près. Je me goinfre pas de biscuits en attendant que ça passe ! Alors, je sais qu'on doit utiliser les Impardonnables pour survivre. »
Nous nous engageons dans une voûte verbale. Si nous continuons à lancer des sorts qu'on nous apprend à Poudlard, on va vite finir dans un cercueil et Voldemort au pouvoir. Marlène et Benjy se joignent à moi tandis que les autres essaient de nous résonner. Je lance un regard de mépris à Sirius pensant que lui me supporterait, mais je me suis trompée. Il fixe obstinément ses mains. Je claque sauvagement la porte et disparais dans un crack. Ils sont enfoncés dans leur vision du bien et du mal. Du blanc et du noir. Sans voir que la seule façon de gagner contre les Mangemorts c'est de devenir comme eux, pour pouvoir rivaliser et les renverser. Le gris existe et c'est ce qui fait gagner. C'est ce pour quoi nous nous battons qui dit si la cause est juste ou pas. Et nos idéaux sont justes.
Je lance mon poing dans un mur sous l'assaut de la rage. Des larmes coulent sur mes joues tandis que je me déplace dans la rue en frappant tout ce que je peux. D'abord Sirius puis maintenant ça. Je pousse un hurlement de colère en me laissant tomber à terre. Je n'en peux plus. Tout est en train de dérailler. Il était un de mes piliers, mais je vais devoir faire sans à partir de maintenant. Tout est fini. Nous n'avons aucun avenir tous les deux. J'aurais aimé qu'on arrive à s'en sortir, mais la guerre ne nous permet pas de le faire. Il y a des choses plus importantes que l'amour et ses complications pour le moment. Un poids énorme repose sur mes épaules et je ne dois faire aucuns faux gestes. C'est trop pour moi. Je n'ai que dix-huit ans, pourtant j'ai trop de responsabilité. J'ai l'impression d'avoir cinquante ans. J'expire doucement en essayent de réguler ma respiration pour me calmer. Il faut que je puisse transplaner sans me désartibuler. Au bout de vingt minutes, je m'effondre enfin dans mon lit.
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Stab The Lightning
FanfictionLa guerre les engloutit un peu plus jour après jour. Tous droits réservés. @2018 Sukeine Tome 2 de Fighting the Storm.