Stab The Lightning

10.

Mardi 14 Novembre 1978.

Le soleil se couche à l'horizon. Un flot d'étudiant passe le portail du campus pour rentrer chez eux. Je me mêle à cette foule en jetant des coups d'œil à la lune en train de se lever. Elle est pleine. Mes entrailles me démangent comme tous les mois depuis que j'ai découvert le secret de Remus.

Je m'engouffre dans le métro pour aller à Camden Town au Black Heart. Dans la rame, je trouve une place près de la porte. Je scrute les personnes se trouvant devant moi. Ils n'ont aucune idée de ce qui plane au-dessus d'eux. Une mère tient son fils par la main tandis qu'il s'agite dans tous les sens. Un couple d'adolescent se regardent amoureusement. Des collègues de bureau discutent en allant boire une bière. Un groupe d'amis rigolent à la blague de l'un d'eux. Je reporte mon regard vers les vitres où l'on peut voir les souterrains défiler puis enfin ma station. Je sors avec quelques autres personnes puis me retrouve enfin à l'extérieur. J'enfourne mes mains dans mes poches après avoir remonté mon écharpe aux couleurs de Gryffondor autour de mon cou.

Je me retrouve devant les portes du pub que je pousse sans ménagement en m'engouffrant dedans. Je me dirige vers les vestiaires pour enlever mes habits et enfiler mon uniforme. Lily n'est pas encore arrivée, mais je prends déjà la relève de mes deux collègues. Je commence à servir quelques verres et repas. Ma meilleure amie arrive peu de temps après et m'adresse un sourire crispé comme à chaque pleine Lune. Nous nous activons auprès des clients en paraissant joyeuses, mais la peur nous tiraille. Notre ami est transformé en bête déchaîné et risque de se faire du mal à lui-même. Et il est seul dans une cage. Normalement les garçons se relaient pour que Remus ne soit jamais seul, mais nous avons une réunion de l'Ordre cette nuit. Ils doivent être présents.

Nous continuons à arpenter le pub, jusqu'à la fin de notre service. Je repars dans le vestiaire quand Phil et Eli prennent la relève. Je remets mon énorme pull en maille et mon manteau ainsi que mon écharpe avant de suivre Lily à l'extérieur du Black Heart. On se dirige vers l'aire de Transplanage la plus proche. La réunion se tient dans la maison de Benjy Fenwick, un ancien Poufsouffle. Je réapparais devant son portique et m'empresse d'aller toquer à la porte, Lily sur les talons. Caradoc apparaît en nous demandons si on préfère prendre du chocolat ou du lait. Nous répondons du thé avec un nuage de lait avant d'entrer. Je monte mes barrières d'Occlumancie sachant que Dumbledore sera là. La majorité de l'Ordre est déjà présent. Je m'assois à côté de Sturgis Padmore qui me sourit. Nous discutons un peu tous les deux avant que Dumbledore ne réclame une minute de silence pour les Potter. Puis il prend la parole.

« - Les disparitions de Moldus s'intensifient, les dommages de leur côté ne font que croître. Les membres hauts placés du Ministère se font remplacer un à un par des fidèles de Voldemort. Mais notre Ministre Harold Minchum garde position contre le Mage Noir. Nous allons envoyer Benjy et Sturgis en Roumanie pour aller voir les Vampires. Nous savons que Voldemort les veut de son côté. Les dernières attaques n'ont pas été aussi meurtrière grâce à notre équipe d'intervention qui s'est agrandis depuis juillet. Nous savons par Marlène que St-Mangouste est débordé et a reçu l'ordre de mettre dehors les patients dès qu'ils peuvent marcher, surtout les Aurors. »

En faisant ça, ils renvoient sur le terrain des Aurors qui n'ont même pas complètement guérit et qui sont donc plus propices à se refaire encore mal. Ils continuent de tous discuter ensemble. Je fixe mon regard sur les Maraudeurs qui ont un teint livide. James plus que les deux autres. Marlène a de grosses cernes sous les yeux dû à ses gardes de nuit et les missions de l'Ordre. Nous finissons cette réunion en parlant les uns avec les autres. Mais une question reste en suspens. Je m'approche de Dumbledore et lui demande quelques minutes, ce qu'il m'accorde.

« - Que va devenir Regulus une fois sortit de Poudlard ? Je demande de but en blanc.

- Et bien, nous avions pensé à le faire intégrer les rangs de Voldemort pour qu'il serve d'espion. Mr. Black a eu cette idée-là et je l'approuve, cela nous serait d'une grande aide.

- Vous vous foutez de moi ? Je lâche avec hargne.

- Miss Durward voyons.

- C'est un gosse ! Un gosse et vous voulez le donner en pâture au plus grand Mage Noir pour qu'il vous communique des informations au prix de sa vie ?

- Il est majeur...

- J'en ai rien à foutre de ça, je le coupe. Il est pas question qu'il retourne là-bas alors qu'il vient à peine d'en sortir ! Il peut très bien combattre à nos côtés, mais il est totalement hors de question qu'il devienne un Mangemort vous m'entendez ?

- Il faut penser au plus grand bien, il répond calmement.

- Vous rigolez quand même ? Allez-y vous tiens ! Après tout, c'est pour le plus grand bien ! Mon cul oui, il ne deviendra jamais un Mangemort. C'est le détruire psychologiquement de faire ça. Il est hors de question que Regulus torture et tue des gens pour votre bon plaisir, je dis en le fixant méchamment.

- Je suis d'accord avec elle, s'incruste Sirius. Mon frère n'ira pas chez les Mangemorts pour vous. Envoyez quelque d'autre je m'en fous, mais je vous interdis de toucher à mon frère. »

Nous tournons les talons pour sortir de cette maison devenue étouffante. J'attrape à la voler mes affaires suivi de Sirius. Une fois que le vent me fouette le visage, je souffle un bon coup. Personne ne touchera à Regulus. Et encore moins un vieux glucosé qui pense qu'on obtient la paix en disant à nos ennemis que ce qu'ils font c'est mal. J'adresse un signe de main à mes amis et préviens Lily que je ne rentrerais pas ce soir, mais que j'irais chez Nathan. J'ai besoin de décompresser de tout cela et le seul qui n'est pas impliqué c'est bien mon meilleur ami. Sans attendre je transplane jusqu'en Irlande devant l'immeuble du châtain. Je monte deux à deux les marches et toque à sa porte. Je l'entends grogner quand la porte s'ouvre. Il est plus de minuit alors je dois le réveiller. En me voyant, il aborde une moue surprise avant de me faire rentrer.

« - Je vais exploser », je lui avoue simplement.

Il m'entraîne dans sa chambre et me donne l'un de ses pyjamas. Je m'écroule dans son lit et Nathan vient me prendre dans ses bras. Sans pouvoir me retenir, je fonds en larme. La guerre commence à m'user. La peur me tiraille les entrailles constamment. Je crains que quelque chose arrive à mes amis, à ma famille. Je sais que je ne pourrais pas les protéger de tout le monde. Je n'en ai pas le niveau. Je me tue à apprendre le plus de nouveaux sorts dans des vieux grimoires et je m'entraîne de plus en plus le mercredi. Mes cours à la fac me prennent beaucoup de temps, surtout avec les partiels qui arrivent. L'odeur de mon meilleur ami m'apaise tandis qu'il joue avec des mèches de mes cheveux. Il me berce pendant une demi-heure pour que je puisse me calmer et m'endormir. Je ne sais pas ce que je ferais sans lui.

Malgré tout ce qu'il se passe dans ma vie, il reste une constante. Il est ma passerelle avec le monde normal d'une fille de dix-huit ans. C'est mon pilier pour ne pas perdre pied.