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Samedi 24 Mars 1979.

Mes tennis foulent à un rythme régulier le sol. Mon Walkman sur mes oreilles, je cours comme tous les jours. J'ai dû arrêter pendant un moment à cause de ma rééducation, mais ça fait un peu moins d'un mois que j'ai pu reprendre. Malgré mon énorme sweat, le vent me fouette quand même le visage. Mon souffle est régulier. Plusieurs personnes me fixent du regard. Je m'arrête devant un Starbucks, décidant de faire une pause pour prendre un chocolat chaud. Je repars directement pour emprunter une rue où peu de monde se presse. Je marche doucement en sirotant ma boisson. Je la jette dans une poubelle et pousse la porte d'un établissement à l'air vieillot. Le gérant me salue sans grande conviction tandis que je me dirige vers l'arrière. Là-bas, je sors ma baguette, tout en rangeant mon Walkman, et tapote certaines briques.

Le mur s'ouvre sur l'avenue la plus fréquentée des sorciers de Londres. Les commerces sont déjà tous ouverts, mais pour l'instant les clients ne sont pas encore au rendez-vous. Je flâne un peu en regardant les vitrines des boutiques. Que puis-je bien acheter pour l'anniversaire de James ? Deux miroirs identiques sont exposés. Je rentre dedans pour les observer jusqu'au moment où le vendeur s'approche de moi.

« - Puis-je vous aider ?

- Oui, j'aimerais savoir si ces miroirs ont été ensorcelés.

- Et bien effectivement, on raconte qu'ils ont le pouvoir de parler et de voir l'autre personne détenant le second miroir à n'importe quelles distances.

- Comme un téléphone un peu, je murmure.

- Pardon ?

- Non, rien. Ils coûtent combien ?

- Oh et bien, cinq galions, m'apprend-t-il.

- Je vous les prends. »

Certes c'est cher pour de simples miroirs, mais je suis quasiment sûr de pouvoir les faire fonctionner. Je les achète puis ressors de la boutique. De là, je fais un tour à l'animalerie pour acheter des graines pour Bagheera. Mon estomac se met à grogner quand je m'apprête à repartir. Le menu du Chaudron Baveur me fait de l'œil. Je m'y rends le plus vite possible et percute quelqu'un. Je grogne en m'excusant et reste abasourdit devant la personne qui me fait un sourire étincelant.

« - Je dois venir jusqu'ici pour pouvoir te parler ?

- Qu'est-ce que tu fais là ? Il n'y a pas de commerce dans l'endroit pommé où tu vis ? Je lui demande en ricanant.

- Il y en a, mais pas avec autant de produit madame je-sais-tout. Et toi, tu fais quoi ici ?

- Je suis venue acheter le cadeau d'anniversaire de James et j'allais manger un bout, tu veux venir ?

- Qui suis-je pour refuser le plaisir de ta compagnie ? »

Je rigole en rentrant dans l'établissement suivie de Benjy. Nous nous installons à une table après avoir commandé. Ses cheveux blonds lui tombent devant les yeux, mais cela n'a pas l'air de le gêner.

« - Alors, qu'est-ce que tu fais comme travail ? Il me demande. Nous n'avons jamais le temps de se parler, déplore-t-il.

- J'étudie l'histoire dans le monde Moldu, et toi ?

- J'ai trouvé un petit boulot au Ministère il y a un an, au département des jeux et sports. En ce moment, c'est très calme. On ne peut pas dire que l'engouement soit au sport avec cette guerre.

- Tu as eu plus d'informations par apport à l'attaque de Godric's Hollow ? Ils ne disent pas grands choses dans la Gazette.

- Pas une de plus que toi, très peu d'informations parviennent à mon service tu sais, il me dit en grimaçant.

- J'espère qu'on va vite en finir avec cette guerre. »

Il hoche la tête en buvant une gorgée de Bière-Au-Beurre. La conversation continue sur des sujets plus banals. Je m'astique mon riz au poulet en faisant divaguer mon regard sur les tables autour de nous. Dans le fond, des Harpies jouent aux cartes, des personnes échangent des paroles dans un nuage de fumée dû à leurs cigares.

« - À mon plus grand regret, je vais devoir te laisser ici », m'explique Benjy.

Je lui souris en le saluant puis fini mon repas. Je transplane directement dans mon appartement pour m'enfermer dans ma chambre. Remus est parti voir des amis. Je déballe les deux miroirs pour les poser l'un à côté de l'autre sur mon lit. Ça doit fonctionner comme un téléphone, il doit falloir dire quelque chose pour qu'ils téléphonent.

« - Appelle Cassiopée Durward », je marmonne.

Le deuxième miroir devient noir avant que mon reflet n'y apparaisse, tout comme pour le mien ou le plafond s'affiche. Ce n'était pas si difficile que ça. Il suffit de connaître un peu la technologie Moldu. Combien d'objets sont dans le même cas ? Je souffle avant de lancer un sort pour emballer le cadeau. Je m'allonge sur mon lit en regardant la cage de Bagheera vide. Elle est partie ce matin et ne rentrera sûrement que demain.

Un petit coup à ma fenêtre me fait me sortir de la torpeur dans laquelle j'avais commencé à plonger pour m'endormir. Un hibou attend que je lui ouvre, une fois fait il vient se poser sur mon épaule en me tendant sa patte. Je saisis la lettre et lui donne quelques graines ainsi qu'un peu d'eau. Il repart directement après. Je déroule le parchemin pour commencer à le lire. Il vient de Regulus. Comme à chaque fois, il subit des insultes et parfois des coups. Il serait mort en dehors de l'école. Pandora fait de son mieux pour l'aider, mais elle est aussi perdue que lui. Je grogne de rage en lisant certains passages, si je pouvais je m'y rendrais pour lancer des Chauve-Furie à quelques-uns.

Comme à chaque fois, je lui rédige une lettre accompagnée d'encas. J'ai l'impression d'être une mère envoyant un colis de Noël à son fils. J'espère vraiment que Sirius en fait de même. Je pose le tout, attendant que Bagheera revienne pour l'envoyer et par sous la douche avec des vêtements propres.

Je n'y passe pas beaucoup de temps car j'ai besoin de réviser mes cours et de feuilleter certains ouvrages que je n'ai pas encore eu le temps de lire sur la Magie. J'enfile ma tenue pour mon service, comme ça je n'aurais pas besoin de me changer, et me plonge directement dans les écrits.

Ce n'est que quand Remus toque à ma porte de chambre que je me rends compte de l'heure. Je vais encore être en retard. J'enfile mes chaussures en partant dans le salon en courant sous les rires de mon ami. J'attrape mon manteau à la volé et transplane directement. Je me retrouve à quelques rues de Camden Town. Je prends une grande inspiration et commence à courir le plus vite possible. Quand je passe enfin les portes du Black Heart, je souffle en fonçant à l'arrière pour pointer. Lily ricane en me regardant. Je lui fais une grimace puis me tourne vers mon premier client de la soirée.

La routine recommence et nous parions sur quel client va finir le premier à vomir. Pour une fois, je mise sur un quarantenaire assit au bar le regard dans le vide. Je m'approche de lui doucement.

« - Vous voulez en parler ? Je demande en servant une Guiness à un autre client.

- Je vais pas vous embêter avec mes histoires, il marmonne.

- J'aimerais bien les entendre pourtant.

- Ma boîte a fait faillite, je suis tout bonnement à la rue.

- Je suis désolée pour vous, mais je suis sûr que vous allez rebondir et trouver un nouveau boulot. Vous aviez rêvé de faire quoi avant ? Je lui demande.

- A mon âge, c'est plus possible vous savez.

- Il n'est jamais trop tard pour réaliser ses rêves.

- Je voulais devenir libraire, il murmure en prenant une gorgée de bière.

- Faites-le. C'est ce que vous voulez faire et vous êtes libre. »

Nous parlons ainsi pendant tout mon service. J'espère sincèrement qu'il va tenter le coup, il n'a plus rien à perdre maintenant. Au moment où je cède la place à Phil et Eli, je le salue en lui souriant. Nous faisons un bout de chemin avec Lily avant de nous séparer à l'air de Transplanage, où elle me répète encore les directives pour l'anniversaire de James. 

Stab The LightningOù les histoires vivent. Découvrez maintenant