Chapitre 10

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Jasper's P.O.V.

 

Ce qui est amusant, quand on est loup, c'est qu'on peut lire dans les pensées de l'autre. Quand les autres sont éveillés, ils ressentent que quelqu'un a fait intrusion dans leur tête. Mais quand ils dorment, c'est là que ça devient intérréssant... Premièrement, ils ne sont conscients de rien, leur cerveau est donc ouvert sans personne pour surveiller les intrus, et deuxièmement, on peut donc espionner leurs rêves sans problème... Je ne sais pas si quelqu'un a essayé avant moi, mais je doute que les autres soient au courant. La première fois que j'avais essayé, c'était il y a environ six mois, un soir où j'était avec Thom et Marc et que je m'ennuyais à mourir. Les deux dormaient déjà profondément, pendant que je tournais en rond et que je n'avais pas sommeil. Puis, une idée me traversa l'esprit. J'essayai de lire dans leurs pensées, mais c'était autre chose que je voyais. Ça me pris un certain temps avant de comprendre que c'était leurs rêves que je regardais. Ceux de Thom étaient pour la plupart assez sombres et parlaient en général de forêt, de sapins et d'endroits sombres, tandis que ceux de Marc-Antoine parlaient de trophées, de médailles, et de combats gagnés, ce qui me faisait lever les yeux au ciel à chaque fois. Bon... Leya dormait, à présent. Je pouvais donc essayer d'espionner un peu les rêves qu'elle faisait. Le premier rêve était assez banal... Des papillons qui se promenaient dans un paradis, étrange. Le deuxième rêve, c'était Leya sur une scène de spectacle, et elle chantait devant une centaine de personnes. Soudain, son père apparut, lui fis signe de la main, puis il reçu un appel et s'éloigna. Comme si un appel était plus important que sa fille! Quel crétin, celui-là. Une chance que ce n'était qu'un rêve! Quand elle s'apperçut de son départ, sa voix se mit à trembler, elle oublia les paroles, fixant les gens devant elle, qui commençaient à se moquer, puis elle s'enfuit, courant pour s'éloigner de cet endroit. Elle sorti dehors pour prendre l'air, puis elle se mis à sangloter. Pauvre elle... Elle courut, courut, et courut encore, sans s'arrêter. Elle suivait le chemin de la rue St-Cynthia, et elle tourna sur une autre rue, changeant de trajectoire, se dirigeant vers la forêt enfoncée dans l'obscurité. Je ressentais sa peur, je me mettais vraiment à sa place, et je la comprenais absolument. Je voyais défiler les sapins à travers ses yeux, et je sentais qu'elle avait froid. Elle courut encore un instant, puis s'arrêta au pied d'un arbre, à bout de souffle. Elle s'effondra et se noya dans son chagrin, glacée par la peur et le froid en cette nuit sombre et à la température étonnament basse pour une première semaine de novembre. Soudain, une ombre bougea près d'elle. Elle se figea sur place, le coeur battant à deux cent mille à l'heure. C'est alors qu'elle vit un loup couleur beige aux reflets dorés qui se faufilait entre les épinettes, se mouvant gracieusement. Le loup la regarda dans les yeux, et je me rendis compte que c'était mes yeux qui la regardait. Le loup s'approcha d'elle et l'emmena plus loin dans cette grande étendue couverte d'arbres sinistre. Il l'entraînai près d'une cabane, puis en un éclair, il se changea en humain, en l'occurence en moi. Me voir selon ses yeux était assez drôle, et je vis que son regard s'attarda plus vers mon visage qu'autre chose. Elle contemplait mes prunelles, puis mon sourire en coin -en quel honneur le moi dans son rêve lui souriait-il ainsi? Surement pour la rassurer, quoi d'autre!- et elle finit par observer mes cheveux, chatoyants et tout dépeignés -je me demandai si j'avais l'air de ça en réalité. Je ne passais pas tout mon temps devant le miroir! Ensuite, le Jasper de son rêve la pris dans ses bras, et ses pleurs repartirent de plus belle. De la manière dont elle s'accrochait à lui, on aurait dit qu'elle s'agrippait à une bouée de sauvetage! Elle pleura sur son épaule, et murmura: «Jasper, tu es mon sauveur... Je... Je...» On aurait dit qu'elle voulait lui dire quelque chose, mais aucun son ne sortait de sa bouche, aussitôt qu'elle ouvrait les lèvres pour parler, l'air arrêtait d'entrer en elle, et elle n'arrivait plus à respirer. Vraiment, il devait y avoir une raison au fait qu'elle ne pouvait rien lui dire. Elle adressa un dernier regard au ciel, étoilé, puis je ne vis rien d'autre. Bon sang, tu parles d'un rêve! Le problème, c'est que je n'avais aucune idée de si quelque chose dans son rêve était vrai, dans la réalité. Ça pouvait dire beaucoup de choses, mieux valait ne pas m'en faire avec ça. Mais je restais tout de même curieux, elle m'intriguait encore plus! Je devrais lui poser quelques questions le lendemain, évidemment... Question de calmer mes interrogations, devenues si nombreuses à son sujet! Mais il est vrai qu'elle m'en avait déjà beaucoup dit à son propos, pendant que de mon côté je ne lui avait pas vraiment parlé de moi... Bon, tant pis! Si elle me questionnait, je répondrais en toute honnêteté. Je risquais fort de l'ennuyer, avec toutes les choses qu'elle avait vécu, tout ses goûts si variés, cette personnalité colorée, ce caractère qui me faisait bien rigoler quelques fois... Elle était pleine de vie, et je n'étais rien à côté d'elle. Pour une fois dans ma vie, ce n'était pas moi qui était mieux qu'une fille, mais bien une fille qui était mieux que moi! Je n'y étais pas habitué, ça me déconcertais. Quand j'en eu assez de ressasser tout ça, je fini par m'endormir, dans un sommeil sans rêves...

Éternels (en réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant