PROLOGUE

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Un bruit de clef qui s'introduit dans la serrure.

« Et c'est reparti », pense la jeune fille avec horreur.

   Aline court dans sa chambre, ferme la porte derrière elle et déplace un meuble devant pour bloquer l'accès. Les larmes commencent à couler, la jeune fille est déjà secouée de sanglots.

- ALINE ! DESCEND IMMÉDIATEMENT ! hurle une voix rauque.

   L'adolescente sort de sa chambre et descend les escaliers à contre-cœur, le pas traînant et la boule au ventre, telle une condamnée à mort qui s'apprête à monter à l'échafaud. La seule différence, c'est que le bourreau qui l'attend a pour guillotine deux poings puissants qui attendent avec impatience l'arrivée de leur sac de frappe.

   Une fois en bas des escaliers, Aline croise les mains derrière son dos et baisse la tête, comme elle a l'habitude de le faire continuellement. Son père se tient debout dans l'encadrement de la porte d'entrée et toise sa fille d'un œil mauvais, fulminant de colère.

- Approche.

Aline ne bouge pas d'un millimètre, tétanisée. Tremblante de peur, l'adolescente n'a qu'une envie : se transformer un petite souris et pouvoir disparaître dans un des trous du mur décrépit.

- APPROCHE !

   Ravalant sa peur, la jeune fille s'avance tant bien que mal. Elle n'en a aucune envie, mais sait très bien ce qu'il l'attend si elle n'obéit pas.

- Qu'est-ce que...

- Ferme ta gueule ! hurle-t-il en la giflant violemment.

- Je... papa, s'il te plaît...

- Je t'ai dit de te taire !

   Aline tombe au sol, complètement sonnée, les coups pleuvant sur d'elle telle une averse. La jeune fille se replie sur elle-même, serre les dents et fait de son mieux pour cacher son visage, afin de se protéger : elle n'aurait rien dû dire.

- Tu es allée te plaindre au lycée ! aboie de nouveau son père en attrapant sa fille par les cheveux, la soulevant du sol. Tu leur as dit tout ce qui se passe à la maison, n'est-ce pas ?!

- Non, je n'ai rien dit ! Je te jure que je n'ai...

Il la secoue violemment.

- A-arrête... tu me fais mal ! Je t'en supplie, lâche-moi...

- Tu mens à ton père, en plus ?!

- Arrête papa, arrête ! S'il-te-plaît...

   Malgré ses efforts, Aline ne parvient pas à se retenir plus longtemps et éclate de nouveau en sanglots, pétrifiée. Son père ne réagit pas et se contente de la regarder avec mépris, complètement insensible aux larmes de sa fille.

- Ta gueule ! crache-t-il en lui envoyant un coup de poing en plein visage.

Il lui lâche les cheveux et la jeune fille retombe lourdement au sol, grimaçant et serrant les poings de douleur.

- On verra si tu me mens encore après ça... ricane-t-il en la rouant de coups de pieds.

- Je t'en supplie...

   L'ignorant totalement, il se contente de lui asséner un violent coup de pied derrière le crâne pour la faire taire, et recommence à la battre. Aline se met à cracher du sang, elle sent qu'elle est en train de perdre connaissance : comme des centaines de fois auparavant, son corps s'apprête à la lâcher, incapable d'en supporter davantage.

Ce soir-là, c'est un soir comme n'importe quel autre pour Aline. Mais non.

À ce moment précis, sa vie va basculer à tout jamais, car elle ignore que ces coups seront les derniers...

***

   Soudain, les sirènes d'une voiture de police se mettent à retentir dans la rue, se rapprochant de plus en plus du petit immeuble délabré. Le père d'Aline cesse de frapper, sachant pertinemment ce qui va suivre : il avait redouté cette situation pendant plus de douze ans.

   Quelques minutes plus tard, la porte défoncée s'ouvre toute grande, claquant contre le mur. Des agents de police suivis de secouristes s'engouffrent dans l'appartement comme un seul homme.

- Vous êtes en état d'arrestation ! hurle un policier en saisissant le père d'Aline, lui passant les menottes aux poignets. Et vous, ajoute-t-il en s'adressant aux secouristes, occupez-vous de la petite !

   Sans perdre une seconde de plus, les urgentistes s'élancent vers la jeune fille, et la prennent en charge immédiatement : l'adolescente est dans un état critique, et à présent chaque minute compte.

... Oui. Ce soir-là, la vie d'Aline va vraiment changer. A tout jamais.

FIN DU PROLOGUE

(Sur)vivanteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant