Un nouveau monde - Les guerriers de Rudyr I

Prologue - Nuit sanglante

Village de Mabu, au nord du Mozambique, 2100

Comme tous les jours, Kowitta aidait Noujea, sa mère, à préparer les repas après que les hommes soient revenus de la chasse. Elle était l'aînée de trois sœurs, Sani, Rouna, Missa. Ce n'était pas souvent évident mais tout finissait toujours par s'arranger.

--    Papa ! Papa !

Missa la petite dernière âgée d'à peine douze ans n'arrivait pas à se faire voir dans la foule par son père du fait de sa petite taille.

-- Papa ! Je suis là ! insista-t-elle.

Il la vit enfin et tendit les bras pour l'y accueillir et cette dernière comme à son habitude y bondit tel un cerf. 

Une fois que tout fut près, ils commencèrent à manger dans la bonne humeur tout en se racontant leur journée comme à l'accoutumée.

***

En pleine nuit, Kowitta et ses sœurs furent réveillées en sursaut par leur mère qui les pressa d'emballer le nécessaire.

-- Où est papa ? demanda Kowitta. Il ne vient pas avec nous ?

Sa mère, pour toute réponse, lui fit un sourire attendrissant et lui caressa la joue en lui disant que par la grâce des anciens dieux, il les rejoindra dès que possible. Mais Kowitta n'était pas dupe et savait bien que son père était parti en guerre et qu'il y avait des chances qu'il n'en revienne pas.

Les larmes aux yeux, elle continua d'emballer ce qu'il leur fallait.

-- Mère, sommes-nous encore envahis ? demanda Rouna.

-- Oui ma fille, c'est pourquoi je dois vous emmener dans un endroit sécurisé, tes sœurs et toi... On doit se dépêcher, d'accord ?

-- Oui mère.

Soudain elles entendirent un rugissement guttural pas loin de leur cabane. Elles interrompirent chacune leurs gestes et se demandèrent ce que c'était...

Ça ne pouvait être un animal... C'était quelque chose mais certainement pas un animal.

Noujea fit signe aux filles de ne faire aucun bruit et surtout de ne pas bouger.

Il s'ensuivit d'autres rugissements encore plus voraces les uns que les autres ainsi que des cris perçants d'hommes, de femmes et d'enfants agonisants. Impuissante, Noujea ne pouvait malheureusement rien faire pour eux, elle devait absolument mettre ses filles à l'abri, ce n'était pas le moment de faiblir...

Par chance, leur cabane était dans un coin un peu reculé du village et donc pas facilement à portée de vu de l'ennemi.

Restant sur leurs gardes, elles attendirent que les choses se soient calmées pour s'éloigner discrètement du village. Noujea savait très bien comment faire lorsqu'ils étaient attaqués. Son mari le lui avait appris et tous deux savaient que la priorité était de mettre leurs filles dans un abri sûr.

Elles entendirent les buissons bouger derrière elles alors qu'elles commençaient à peine à sortir du village.

Quelqu'un s'approchait d'elles...

Avec sa petite silhouette, Noujea cachait ses filles derrière elle et tenait un couteau en main, prête à trucider l'individu.

Kowitta quant à elle, tenait Missa dans ses bras... la pauvre petite, sous le choc, s'était évanouie à la vue des restes de cadavres jonchant le sol sur leur passage.