Un nouveau monde - Les guerriers de Rudyr I

Chapitre 66 - Mon frère... Opréidan. Il m'a retrouvé

¾ Mon frère, murmura Lyéross.

Opréidan se releva.

Au même moment, son colossal sous-commandeur Garécross atterrit à côté de lui puis ce fut au tour de la vingtaine d'homme l'accompagnant.

Leurs longs cheveux d'un rouge éclatant bataillaient au vent.

Ils étaient tous habillés de la même manière... pantalons et bottes noires avec une simple bandoulière traversant selon une diagonale leurs torses musclés.

Tout comme Red et ses compagnons d'armes, ils étaient armés comme il n'était pas permis : d'énormes couteaux et armes kalyriennes accrochées à leurs ceintures ou sur leurs bandoulières. Ces armes ressemblaient vaguement à des pistolets mais ce n'était pas des pistolets. De plus, Red ne reconnaissait pas le métal dans lequel étaient faites ces armes.

Opréidan attira leur attention.

Il surpassait largement les autres en termes de puissance. Ça se ressentait.

Même à trois contre un, Red, Stan et Guandé auraient à peine réussi à l'effleurer.

Ce sang-pur était juste monstrueusement... sacrément puissant.

Il croisa les bras sur sa poitrine puis il prit le temps d'observer et d'évaluer chacun d'entre eux. Il distingua non sans problème les trois phyriens royaux des autres. Ensuite, son regard se posa sur son demi-frère et leur cousin Cole dont un œil était vert et l'autre jaune.

¾ Qu'avez-vous fait de ma mère et de ma cousine ? cracha Lyéross.

¾ Attention, petit ! l'avertit Garécross. Tu as l'air d'oublier à qui tu t'adresses.

Rouge de colère, Lyéross fonça sur son frère.

« Ne fais pas ça ! » grogna Guandé.

Garécross voulut s'interposer mais d'un regard, Opréidan le lui interdit et sans bouger le petit doigt, il stoppa son frère par ses facultés télékinésiques.

Lyéross avait beau lutter contre ce flot de puissance psychique s'abattant sur lui, mais ses efforts étaient vains.

Red et ses coéquipiers s'apprêtaient à intervenir et ne sachant que faire pour les empêcher de se battre, Kowitta cria « Non ! »

Elle se mit devant Red.

¾ Non, je vous en prie, ne faites pas ça.

Elle se tourna vers Opréidan dont elle attira bientôt l'attention et elle continua de s'adresser à Red et à ses frères d'arme.

¾ Je peux le ressentir... au fond de lui, il ne veut pas tuer Lyéross.

¾ Impossible ! s'écria Lyéross qui essayait tant bien que mal de se libérer de l'étau psychique de son frère. Tu ne sais pas de quoi tu parles, Kowitta. Ce kalyrien que tu as en face de toi est aussi cruel, voire pire que le roi son père... notre père.

« L'humaine dit-elle vrai ? » demanda Garécross à Opréidan.

Opréidan ne répondit pas et fixa Lyéross de son regard perçant.

Cela allait faire plus de trois millénaires que Garécross côtoyait et servait ce guerrier... depuis son adolescence, en fait. Et ce mâle n'avait jamais, au grand jamais épargné la vie de quelqu'un. Enfin... jusqu'à ce jour au temple avec l'esclave.

Il avait toujours obéi à ses pulsions meurtrières et sadiques. Il n'avait pas d'âme.

Après un court moment, le prince kalyrien se décida à parler.

¾ Ne reviens pas au palais.

Garécross n'était pas si surpris que ça par ce revirement de situation, contrairement à Lyéross qui demeurait incrédule car il savait la raison pour laquelle son demi-frère était là : le tuer et récupérer le cristal.

Garécross comprenait maintenant pourquoi est-ce qu'Opréidan avait été d'une humeur noire depuis leur départ... Il avait sûrement dû être en train de réfléchir à la décision qu'il allait prendre en ce moment-même, concernant la vie ou la mort de son jeune frère.

Sa question était donc « Pourquoi ? »

Il pensait pourtant connaître ce guerrier par cœur mais il fallait bien croire qu'il en était loin.

¾ Je vais te ramener ta cousine, continua Opréidan. Ta mère est maladive et mourante donc il se peut que tu ne la revoies pas vivante. Je te conseille juste de ne pas remettre les pieds dans la forteresse et d'attendre mon retour.

Opréidan fixa Red et continua de s'adresser à Lyéross.

¾ Maintenant, je vais te relâcher. Mais si tu oses encore m'attaquer, je te tue sur le champ.

En clair, Opréidan les menaçait tous... menaces qui ne les impressionnaient guère mais qu'il valait mieux ne pas prendre à la légère.

¾ Qu'est-ce qui nous dit que tu honoreras ta promesse ? grogna Red suspicieux.

¾ En quatre mille ans d'existence, intervint Garécross, il n'a jamais manqué à sa parole.

« Quatre quoi ? s'ébahit Stan. Bordel de merde ! »

« Ouais, grogna Red. Je suis choqué. »

Les hommes d'Opréidan se demandèrent eux-aussi ce qui se passait.

Probablement leur prince cherchait-il à faire une alliance étant donné qu'ils savaient depuis plusieurs siècles déjà qu'il se préparait à renverser son père et à prendre le pouvoir...

Ils préférèrent ne pas demander, de peur de mettre le prince en colère.

Seul Garécross qui le connaissait depuis bien plus longtemps qu'eux, pouvait se permettre ces petites libertés. Avant d'être son sous-commandeur, il était par-dessus tout son fidèle ami.

Eux, ils devaient juste lui obéir et lui faire confiance.

Depuis toujours, ils avaient procédé ainsi et n'avaient jamais été déçus. Ils faisaient partie du cercle très fermé des guerriers assez proches de lui et qui lui resteraient fidèles jusqu'à leur mort.

Durant les multiples combats qu'ils ont mené face aux armées de son cousin Dradéross, fils légitime du précédent roi, Opréidan leur avait, à mainte reprise, sauvé la vie et cette vie, il aurait très bien pu la leur prendre quand il le voulait et quand ça lui chantait mais il ne l'avait jamais fait.

Il se montrait très cruel mais contrairement à son père, il était juste et il n'était certainement pas un lâche.

Non, lui, il n'aurait surement pas empoisonné son père comme ce dernier l'avait fait avec son frère aîné, afin d'accéder au trône.

Ce serait avec un combat à la loyale qu'il réclamerait le trône, un combat dont il avait de grandes chances d'en sortir vainqueur. Après tout, il n'y avait qu'un siècle d'écart entre son père et lui et un demi-siècle avec sa mère.

Lyéross tourna la tête vers Kowitta.

¾ Est-il vraiment sincère ? Dois-je me fier à lui ?

¾ Oui Lyéross, je le ressens, il est sincère. Fais-moi confiance.

Après un moment d'hésitation, il cessa de se débattre et Opréidan le libéra de son emprise télékinésique.

¾ Pourquoi ferais-tu cela pour lui ? lui demanda Red.

¾ Faut dire que ton père et toi n'avez pas du tout bonne réputation auprès de nous, grogna Stan.

Le visage d'Opréidan demeura inexpressif et son regard perçant s'attarda une dernière fois sur son jeune frère qui, il devait se l'avouer, n'avait visiblement pas froid aux yeux. Puis, sans un mot, il tourna le dos et disparût...

Il venait juste de s'évaporer dans les airs.

Ses hommes en firent autant.

Kowitta quant à elle, fut soulagée. La situation aurait très vite pu dégénérer.