Chapitre 40 - Faites-moi sortir d'ici !

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Ça allait faire il ne sait combien de jour qu'il était retenu en captivité, ligoté et bâillonné comme le pire des traîtres.

Son heure était proche.

Quand ils en auront fini avec lui, ils le tueront certainement après.

La peur l'envahit.

Il repensa à sa défunte fille...

Il y a sept années de cela, avant qu'il ne provoque involontairement tout ce qui se passait actuellement dans le monde, il était un scientifique de renom admiré et respecté de tous...

Jusqu'au jour où il découvrit que sa fille était atteinte d'une maladie génétique rare orpheline. Bientôt elle perdit l'usage de la parole puis de ses membres et commença à avoir de graves douleurs à la tête ainsi que des problèmes respiratoires.

Impuissants, Ben et sa femme avaient regardé leur enfant souffrir.

Ben avait désespérément tenté de trouver le moyen de guérir sa fille en travaillant d'arrache pieds jours et nuits et en utilisant des équipements ultra sophistiqués qui coûtaient très cher à l'état.

Ils lui avaient alors fait comprendre que beaucoup d'enfants dans le monde souffraient eux aussi de maladies orphelines... sa fille n'était pas la seule à vivre ce cauchemar et il fallait qu'il stoppe ces recherches qui leur coûtaient une fortune.

Il les avait alors suppliés de le laisser continuer au moins en mémoire des quelques maladies génétiques orphelines pour lesquelles il avait trouvé un traitement mais ils ne voulurent rien entendre.

Ben s'était donc résigné.

Il donnait des médicaments à sa fille, au moins pour atténuer les symptômes de sa maladie. Mais au bout de deux ans d'intolérable souffrances, elle avait elle-même imploré son père de mettre fin à ses jours. Elle n'avait que douze ans.

La femme de Ben s'y était fortement opposée et elle ne lui avait jamais pardonné d'avoir euthanasié leur fille. Elle avait fini par le quitter après qu'il ait vainement essayé de lui expliquer que c'était la seule chose à faire pour lui éviter de souffrir davantage.

Suite à tout cela, il avait changé du tout au tout. Il y avait une limite à ce qu'un être humain pouvait endurer et ces limites, Ben les avaient atteintes.

Il était devenu vide.

Sa mère ne supportant plus de le voir dans cet état décida de l'emmener en excursion à l'autre bout du monde au nord-est de la Mongolie, dans un village isolé.

Lors d'une journée légèrement pluvieuse, Ben et leur guide mongole s'étaient aventurés aux abords du village pour creuser des trous afin d'y installer des pièges et capturer des bêtes. Les villageois n'avaient pas pour habitude de chasser ainsi et peinaient à cacher leur curiosité face à cette drôle de façon de capturer du gibier.

A un certain moment, la pelle de Ben avait tapé sur quelque chose de rigide... comme de la pierre.

En rapprochant son visage un peu plus près, il avait entraperçu quelque chose de rose... fluoresçant sous les morceaux de terre qui le recouvraient. Il avait donc déterré l'intriguant objet qui, en fait, s'était avéré être une fiole... une sorte de fiole contenant un liquide rose fluorescent.

Il en fut émerveillé et par mesure de prudence, il ne l'ouvrit pas tout de suite.

Afin d'étudier tranquillement le liquide contenu dans cette fiole, il avait attendu d'être rentré en Amérique et une fois de retour dans le continent, à New York, il avait passé quelques jours supplémentaires en compagnie de sa mère et au moment de se dire au revoir, il lui avait assuré qu'il allait mieux et qu'elle ne devait plus s'inquiéter.

Il s'était ensuite rendu à Teresina, la ville où se trouvait son laboratoire secret, dans les sous-sols d'une usine de fabrique de bière et quelques temps après avoir débuté l'étude du liquide se trouvant l'intérieur de la fiole, il avait commencé à le tester sur des rats sans grands résultats. Il avait alors engagé des hommes de main qu'il payait gracieusement et qui kidnappaient de pauvres gens sur lesquels il faisait ses expériences morbides.

Il avait fini par effectuer de petites modifications moléculaires sur les composants de ce liquide qui, tout de suite après, s'était mis en ébullition... tout seul... et avait alors commencé à s'évaporer dans les airs jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien dans le bécher au sein duquel il l'avait stocké.

Les minutes qui suivirent, il commença à perdre ses cheveux et au bout de quelques heures, il était transformé en ce qu'il était actuellement.

Il se souvenait avoir ressenti une envie de chair humaine ainsi que des pulsions meurtrières mais, contrairement à ses hommes de mains qui s'étaient enfuis pour se transformer quelques heures après lui, il pouvait contrôler ces impulsions.

Ses hommes de main avaient commencé les massacres et contaminé pas mal de monde et ainsi de suite. Les molécules quant à elles, s'étaient rapidement répandues dans la zone puis sur la planète.

Très vite, il s'était rendu compte de l'interconnexion qu'il y avait entre les personnes infectées et lui et il se servit de ça pour les contrôler.

Pff ! C'était la fin du monde et alors ? Qu'est-ce qu'il en avait à cirer ? Il avait perdu sa fille à cause de l'ingratitude du gouvernement et de la communauté scientifique et il avait été abandonné par sa femme...

Il eut un sourire navré, dévoilant au passage ses crocs. Si elle était restée à ses côtés, rien de tout cela ne serait arrivé. Ensemble, ils auraient pu traverser les moments difficiles dus à la perte de leur enfant. Mais non, elle lui avait aussi tourné le dos.

Afin de protéger sa mère, il était retourné à New York.

La ville était déjà partiellement ravagée mais l'armée militaire avait le contrôle et était en train d'achever sa purgation pendant que les robots constructeurs géants entamaient la construction de la muraille.

Il avait alors nourri l'espoir de retrouver sa mère vivante mais au bout de quelques semaines de recherches acharnées, il avait fini par abandonner et il était retourné à Teresina, triste et en colère.

Le monde quant à lui, avait continué de sombrer dans le chaos.

¾ Laissez-moi sortir d'ici ! aboya-t-il de toutes ses tripes. Vous verrez, mes fidèles compagnons viendront tous vous anéantir !

Reynold afficha un sourire carnassier.

¾ T'es vraiment sûr de vouloir sortir d'ici ? Parce que... (il jeta un coup d'œil à Marcus et à Jim se trouvant à ses côtés et eux aussi bouillonnant de colère) je ne donne pas cher de ta peau une fois que t'auras mis le nez hors de cette cellule, enfoiré !

¾ Puisque tu ne nous es plus d'aucune utilité, rajouta Marcus, on attend juste un mot des généraux pour te réduire en bouillie.

¾ Nos potes se sont bougé le train pour te traîner ici, dit Jim. Beaucoup de personnes se sont investies dans cette mission qui, au final, n'a servi à rien.

¾ Prépare-toi à crever dans les jours qui suivent, conclut Reynold... ou dans les heures qui suivent.

Ils tournèrent le dos et s'en allèrent, ignorant les cris de supplications de Ben.

Un nouveau monde - Les guerriers de Rudyr IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant