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– Bon, on ne peut pas avoir Suarez, mais s'il te plaît, essaie de négocier avec Tello. Je t'envoie le dossier par mail.

Eli était furieux, le Barca mettait toujours le grappin sur ses joueurs favoris.

– Tu vas devoir te débrouiller père.

– Pardon ?

Eden était calme, les émotions ne l'atteignaient guère pourtant sa voix était plus violente que d'ordinaire. Elle était détachée de chaque mot qu'elle prononçait, comme si rien n'avait d'importance pour elle.

– Je sais ce que tu as fait après la mort de maman.

L'homme fut pris d'une chaleur abominable, il desserra sa cravate légèrement et but une gorgée d'eau.

– Comment ça ?

– Toi et le « grand » Neymar avez apparemment décidé de mon avenir, mais c'est terminé maintenant, avec tout le respect que je te dois, va te faire foutre.

– Eden...

– Non. Arrête de m'appeler, de te servir de moi. C'est terminé. Tes petites affaires, la danse, tout. Tu me laisses tranquille.

– C'est vraiment ce que tu veux ? Je te coupe les vivres dès maintenant. Adieu ta vie luxueuse.

– Oui, tu peux. Je ne veux plus jamais entendre parler de toi, plus jamais.

Elle ne pleurait pas. Elle eut envie de craquer, mais ça ne sortait pas. Encore en état de choc des révélations de Neymar, celui en qui elle avait toujours eu confiance, elle coupa le seul lien familiale qui lui restait. Comme ça, d'un simple coup de fil, tel un automate.

Lorsqu'elle raccrocha, elle rassembla ses affaires. Elle n'en avait pas tant que ça, du moins elle laissa un paquet de choses qui n'avait plus d'importance à ses yeux. Puis elle appela le beau Feo avec qui elle flirtait de temps à autre depuis un mois. Il était gentil, simple et inconnu du monde. Il ne dépassait jamais les limites et se contentait de ce qu'Eden avait à lui offrir, soit rien. Un cinéma, un restaurant, une balade à vélo, tout était si facile. Pas d'état d'âme, pas d'attachement inutile, rien de bien sérieux.

De son côté, lui sentait bien qu'elle était brisée, mais il ne cherchait jamais plus loin. Un jour peut être qu'elle lui confierait ses peines et alors il l'écoutera attentivement.

– Qu'est-ce que tu veux faire ce soir ?

Elle se tritura les lèvres.

– Je ne suis pas disponible ce soir, d'ailleurs je finis de manger et je m'en vais...

– Oh. Ça va ?

Pensive, elle ne pouvait rien avaler. Une boule s'était formée au creux de son estomac et la bile lui tapait à la gorge avec acidité, c'était si désagréable qu'elle eut l'impression de vouloir vomir.

– J'ai rompu avec mon père.

Le beau brun but une gorgée d'eau, les sourcils légèrement haussés. Elle avait sorti ça comme ça. Ça n'avait pas de sens, il ne connaissait rien d'elle.

– Je vois...

– Rien de grave, mais ça fait bizarre.

– Ça va aller ?

Elle sourit, à la fois soulagée mais quelque peu désorientée.

– Oui. Je crois.

Non ça n'irait pas. Ça n'irait pas, jamais. Mais elle allait faire avec. Eden était de celles qui croyaient qu'un cœur brisé ne pouvait jamais être réparé, je suis aussi de cet avis, nous devons juste faire avec.

MEU ABRIGO Où les histoires vivent. Découvrez maintenant