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Yunho était un quelqu'un de plutôt agréable, dans la vie de tout les jours.

Il affichait un éternel sourire, avait un don pour savoir comment remonter le moral des gens, et était toujours prêt à rendre service, à ses amis comme à n'importe qui d'autre. Tout ceux qui le connaissaient un tant soit peu n'avaient que du bien à dire de lui. Et pourtant, Yunho avait un problème, qui le suivait depuis l'enfance.

Il était toujours au mauvais endroit, au mauvais moment.

S'il trouvait le sac d'une vieille dame abandonné au sol, il suffisait qu'il le ramasse pour être aussitôt accusé de vol. S'il acceptait de garder un œil sur la valise d'un inconnu à la gare, celle-ci était remplie de produits illégaux, et bien sûr la police débarquait et la trouvait en sa possession. Un jour, il avait même prêté son ordinateur à son colocataire qu'il ne connaissait pas très bien, et ce dernier l'avait utilisé pour détourner des numéros de cartes de crédit en ligne.

Évidemment, quand il avait disparu sans laisser de traces et que des enquêteurs avaient fini par tracer l'adresse IP de Yunho, il lui avait été impossible de leur faire comprendre qu'il était innocent.
Heureusement pour lui, personne n'avait pu prouver non plus de façon indiscutable qu'il était coupable, sinon il serait probablement encore en prison.

Il y avait d'ailleurs déjà séjourné, bien que pour une courte période, la faute à son casier judiciaire qui l'avait étiqueté comme étant "récidiviste". Mais étonnamment, tout s'était très bien passé pour lui là-bas. Ça venait peut-être de son naturel avenant, il n'en était pas vraiment sûr, mais la plupart des caïds de l'endroit s'étaient pris d'affection pour lui, et il n'avait jamais eu de vrais problèmes. Il avait même eu droit a du rab de dessert à la cantine, quelques fois.

En résumé, Yunho était probablement le délinquant le plus sympathique, et surtout, le plus innocent du monde.

Évidemment, cet état de fait rendait son quotidien un peu difficile, surtout quand il s'agissait de trouver du travail. Mais même s'il était obligé de cumuler les petits boulots mal payés, Yunho n'en perdait pas son optimisme pour autant. Il était heureux de simplement vivre, et il continuait de se laisser porter par le courant, persuadé que tout ce qui lui arrivait finirait par le mener un jour à quelque chose d'important.

Alors quand l'annonce un peu glauque d'une affichette, qu'il avait trouvée par terre devant sa supérette de quartier, avait attiré son œil, il avait décidé que c'était sûrement une bonne idée d'y répondre. Même si le job proposé impliquait apparemment de tester des médicaments douteux pour le compte d'une entreprise pharmaceutique.

Au moins, il était sûr qu'on ne lui demanderait pas ses antécédents judiciaires pour ça.

C'est donc comme ça qu'aujourd'hui il se retrouvait à passer sa soirée dans une salle d'attente vide, au rez-de-chaussé d'un laboratoire un peu flippant qui sentait l'hôpital, quand ce qui ressemblait fortement à une explosion fit trembler l'immeuble tout entier.

° ° °

Yunho était presque endormi sur sa chaise, une vieillerie en plastique orange fatigué, quand le sol avait vibré sous ses pieds. Immédiatement réveillé, son premier réflexe fut de se diriger vers la porte pour jeter un œil dans le couloir, et éventuellement se barrer de là si ça avait l'air de craindre un peu trop. Et il avait à peine fait deux pas en dehors de la salle d'attente qu'une alarme stridente se déclencha, confirmant qu'effectivement, ça devait craindre un peu trop.

Mais il n'eut pas le temps de se tourner vers la direction de la sortie qu'une forme sombre déboulait déjà de l'angle du couloir, à une vitesse qui rendit le choc inévitable. Sonné par le contact, les fesses douloureuses de leur rencontre avec le carrelage froid et abîmé, il eut à peine deux secondes pour constater que la forme était en réalité une fille, alors que celle-ci le relevait déjà sur ses pieds sans aucune difficulté en lui déboitant quasiment l'épaule au passage.

Ce qui n'était absolument pas normal, quand on considérait le gabarit de la demoiselle, et le fait que le jeune homme mesurait plus d'un mètre quatre-vingt, était de constitution plutôt solide, et pesait donc le poids en conséquence.

– Comment on sort ?!

La question urgente, remplie de panique, activa automatiquement l'instinct de protection de Yunho qui en oublia sa stupéfaction, lui faisant resserrer lui aussi sa main sur le bras de la fille qui le tenait toujours, avant de la tirer dans la bonne direction.

– Par-là.

Aucun d'eux ne se retourna en entendant un tumulte de bruits de pas dans leur dos, le son oppressant faisant remonter un désagréable frisson dans l'échine du jeune homme, et il coururent d'autant plus vite quand ils commencèrent à être frôlés par de petits sifflements dans l'air.

Des fléchettes, réalisa-t-il quand l'une d'entre-elles s'écrasa dans le mur en face de lui. C'était clairement mieux que des balles, mais pas moins dérangeant pour autant.

Heureusement la porte de sortie arrivait en vue, et pour une fois la malchance de Yunho l'avait abandonné. Ou alors c'était la chance de la fille qui avait produit un miracle, sous la forme d'un bus de l'autre côté de la rue. Sans ralentir une seule seconde, les deux fuyard sautèrent littéralement dedans juste avant la fermeture des portes et s'accroupirent ensuite au sol par réflexe, sous le regard un peu suspicieux du chauffeur.

Mais l'homme au regard éteint, visiblement blasé et fatigué malgré son jeune âge, en était à son dernier tour avant de retourner au dépôt pour être relevé par un chauffeur de nuit. Il avait vraiment envie de rentrer chez lui, alors à ce stade, ce n'était pas deux mômes bizarres qui allaient l'empêcher de démarrer.

À bout de souffle, Yunho se redressa en vitesse le temps de lui déposer quelques pièces sorties de sa poche pour le trajet, puis, à nouveau accroupi, attendit la fin de la secousse du départ pour se retourner vers la jeune fille avec un grand sourire.

– Moi c'est Yunho, et toi ?

Cette dernière, assise mais pas le moins du monde essoufflée, sembla perplexe une seconde, sûrement étonnée de voir que celui qui venait de l'aider à s'échapper d'une situation tout à fait aussi dangereuse qu'elle en avait l'air, sans poser aucune question, se soit remis aussi vite de ses émotions.

– Sierra, répondit-elle néanmoins, avant d'enchaîner, gênée. Désolée de te demander ça mais, je crois que j'ai besoin d'aide pour me relever.

Tout en parlant elle indiquait sa jambe, et le sourire de Yunho disparut comme il était venu, quand ses yeux se posèrent sur la fléchette dépassant de son mollet.

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[J'ai ri toute seule en écrivant ce chapitre, parce que j'imaginais le pauvre policier chargé de photographier Yunho au poste, obligé de lui dire : "Monsieur, arrêtez de sourire pendant la photo, s'il vous plaît."]

Nano (Jeong Yunho Fanfic)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant