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Replaçant à sa convenance sur son petit bureau la plaque indiquant son nom, "Jung Wooyoung", le petit décoloré à lunettes gesticula ensuite dans son siège jusqu'à s'y enfoncer de manière confortable, avant d'envoyer valser les mèches de cheveux sur son front en soupirant d'ennui.

Le business était mort de chez mort, encore une fois.

Pourtant le jeune homme était satisfait de son métier. Car depuis toujours, Wooyoung rêvait d'être comme ces enquêteurs de séries télé qu'il admirait tant. Il avait même entreprit des études de droit pour devenir procureur, poussé par ses parents, avant de réaliser que c'était bel et bien l'expérience du terrain qui l'attirait. Alors il s'était orienté vers l'école de police, mais là encore cela avait été un échec.

La hiérarchie, le protocole, les ordres... Autant de choses qui muselaient beaucoup trop sa personnalité énergique et son esprit d'initiative, autant d'épines qu'il se passait bien d'avoir dans le pied au quotidien.

Mais toutes ces tentatives avaient eu le mérite de lui ouvrir les yeux, et enfin il avait trouvé la voie idéale pour lui en devenant détective privé. Là au moins il était libre, débarrassé de la vision strictement noire et blanche du monde qu'on avait essayé de lui enseigner depuis toujours. Car Wooyoung le savait, parfois les gens les plus propres sur eux se révélaient être des personnes ignobles. Et parfois, les méthodes les moins conventionnelle étaient celles qui permettaient d'ouvrir la voie à la justice.

C'était d'ailleurs en gardant ça en tête qu'il avait fini par tisser une relation un peu étrange avec deux mercenaires d'environ son âge, des criminels selon les règles de la société, mais que le jeune détective ne parvenait pas à considérer comme tels pour autant. Ayant souvent entendu parler d'eux en laissant traîner ses oreilles aux bons endroits et en usant de son charme naturel, il avait fini par les croiser en chair et en os par hasard, alors qu'il avait accepté de s'occuper de l'affaire d'un adolescent dont le père avait mystérieusement disparu.

Il s'était avéré que le pauvre homme avait été assassiné pour s'être rebellé contre la mauvaise personne, laquelle s'était empressée d'embaucher Mingi et Jongho pour faire disparaître le pauvre garçon trop curieux à son tour.

Le sentant menacé, Wooyoung n'avait pas hésité à l'héberger dans son propre appartement le temps de parvenir à une solution, et ce jusqu'à ce que les deux mercenaires armés et tout de noir vêtus ne fassent irruption chez lui en pleine nuit. Et même s'il les avait identifiés instantanément, le détective avait senti quelque chose d'anormal chez le duo pourtant d'apparence si dangereuse.

Vous comptez vraiment le tuer pour quelques billets ? Avait-il demandé à celui des deux qui semblait le plus antipathique.

Pour un virement bancaire en fait, on est pas si archaïques. Et oui, c'est sûrement ce que notre employeur voudrait, mais c'est pas franchement dans nos plans, avait déclaré Jongho, avec un demi-sourire provoquant.

Ah oui ? J'avais pourtant cru comprendre que vous vous vantiez partout d'avoir des statistiques parfaites, le laisser en vie ça pourrait faire un peu tâche dans votre CV non ?

– Écoute, la pipelette, on nous à demandé de "le faire disparaître" et on va le faire de la façon qu'on veut, c'est tout ce que tu dois savoir. Maintenant tu nous laisses l'emmener, où ça risque de mal tourner pour vous deux, c'est clair ?

Ça avait été très clair en effet, les soupçons de Wooyoung se confirmant lorsqu'il avait finalement fait signe au pauvre adolescent de suivre les deux hommes, et qu'il avait surpris le chuchotements que Mingi lui avait adressé en lui faisant passer la porte :

T'en fais pas, on va te sortir de ce bordel.

Après ça, il avait bel et bien disparu sans laisser aucune trace, pas même un cadavre. Puis un dossier complet et anonyme sur les activités crapuleuse d'un certain individu était apparu dans la boîte aux lettres de Wooyoung quelques jours plus tard, le détective devinant sans peine qui pouvait bien le lui avoir expédié. Il s'était donc empressé d'utiliser son réseau de contacts dans la police, envoyant ainsi l'ancien commanditaire de l'assassinat de son jeune client sous les verrous pour un long moment.

Le duo lui avait ensuite régulièrement envoyé de quoi régler d'autres affaires similaires, et un rapport de confiance s'était installé entre les trois garçons, même si Wooyoung s'amusait grandement de sa capacité à excéder Jongho à la vitesse de l'éclair.

En y repensant, cela faisait un moment qu'il n'avait pas eu de nouvelles d'eux, au point de se demander s'ils n'avaient pas fini par quitter le pays, comme ils l'avaient évoqué quelques fois. Wooyoung devinait que le duo avait de vieux démons à fuir, même s'ils s'étaient fermés à chaque fois qu'il avait tenté d'en parler avec eux.

Il en était là de ses pensées lorsque son téléphone se mit à sonner, téléphone qu'il décrocha après s'être composé son visage de professionnel.

– Jung Wooyoung, détective privé à votre service que puis-je faire pour vous ?

Laisse ton speech au placard la pipelette, c'est moi.

– Aaaah Choi Jongho, ça faisait un bail ! Je pensais à toi justement ! D'ailleurs c'est pas ton style de téléphoner, y t'arrives quoi tout d'un coup ?

T'as de la chance que ce soit un coup de fil sécurisé, sinon j't'aurais fait une tête au carré pour avoir dit mon nom, espèce de gros débile. C'est pour ça que je t'appelle jamais. Et aussi parce que tu me soule.

Tu m'as manqué toi aussi.

Un profond soupir doublé du rire reconnaissable de Mingi résonnèrent à l'autre bout de la ligne, faisant sourire Wooyoung à son tour. Bien évidemment il se doutait que le mercenaire un peu rigide aurait sécurisé la ligne avant d'appeler, et l'occasion de l'agacer un peu était beaucoup trop belle pour qu'il passe à côté.

Puis, reprenant son sérieux, il demanda :

– Sans blague, il se passe quoi ?

On a besoin que tu t'occupes d'un dossier compliqué pour nous à Daejeon. Ramène tes fesses à la gare et on enverra quelqu'un te chercher.

– Quoi ? Pourquoi je dois me déplacer cette fois ?

Le jeune détective pouvait sentir le sérieux du mercenaire percer dans sa voix, lui indiquant que ce qu'il lui proposait avait toutes les chances de se révéler être quelque chose de vraiment spécial. Mais jusque là il avait toujours travaillé dans son propre environnement et de sa propre façon, et il appréciait peu la convocation. Et d'ailleurs, Jongho avait dû le sentir puisqu'il expliqua d'un ton légèrement plus aimable :

Tu pourra rentrer chez toi quand tu veut, mais on a besoin que tu vois les choses de tes propres yeux avant que tu décides si tu veut nous aider ou pas... J'te l'ai dis, c'est un dossier compliqué. Alors, tu marches ou non ?

Je marche, mais vous aurez intérêt à me rembourser les frais de déplacement.

T'en fais pas pour ça. Le prochain train est dans 54 minutes, grouilles toi.

La tonalité de fin d'appel sonnait déjà avant que Wooyoung n'ai pû ajouter quoi que ce soit, le détective raccrochant à son tour le combiné un geste lent. Techniquement, il n'avait pas grand chose d'autre à faire, et tout ce mystère commençait à le faire brûler de curiosité.

Alors, saisissant sa veste et le sac qu'il avait toujours dans un coin de la pièce en prévision de ce genre de voyages impromptus, il ferma la porte de son bureau à clef derrière lui, échangeant ses lunettes de vue pour des lunettes de soleil avant de sortir dans la rue. L'air était agréable, et la perspective de pouvoir travailler sur quelque chose d'intéressant tout en faisant péter les plombs à Jongho commençaient à faire monter un sourire à ses lèvres, tandis qu'il se mettait à marcher vers la gare.

– Allez Wooyoung, direction Daejeon !

Nano (Jeong Yunho Fanfic)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant