Rébellion

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1894, deux années plus tard.

Très loin de Godric's Hollow, au beau milieu d'un immense champs disposé en cercle, lui-même bordé d'une forêt dense et sombre, un jeune garçon se tenait là, devant un grand manoir dominant le champ d'herbes sèches. Ce manoir épousait la silhouette d'un chapiteau de cirque, avec ses toits pointus et grandes tours, à la différence que ses lignes étaient bien plus droites et ses couleurs bien plus sinistres et fades. Un enfant l'aurait comparé à un château hanté, et un adulte à la maison du Diable en personne.

Le jeune homme attendait près d'un chariot, reconnaissable entre tous : celui que les jeunes sorciers utilisaient pour emporter leurs affaires à l'école des sorciers où ils étaient assignés. Néanmoins, celui-ci pouvait paraître étrange à première vue, non pas par son allure, mais par le peu de chose qu'il transportait. Il y avait une petite valise, renfermant quelques vêtements et de quoi se toiletter, une cage n'étant guère plus grande que la valisette, et derrière ses barreaux, une drôle de petite créature. Elle n'était pas très attirante en raison de sa forme de lézard épiné, aux couleurs bleu grisé et rayures blanches. C'était un chupacabra. On n'y trouvait rien de plus.

 Le jeune garçon ne bougeait pas. Il se tenait bien droit, vêtu de son costume bleu nuit, le regard en direction de la forêt. Son visage s'accordait parfaitement à sa morphologie : fin, au teint pâle, et ne laissait transparaître aucunes émotions, comme s'il était en colère. Ce qui pouvait le distinguer facilement, c'était ses yeux. Celui de gauche était d'un marron sombre, tandis que celui de droite était d'un blanc très vif, comparable à celui que reflétait la neige en un jour de soleil éclatant. Sa taille pouvait également portée à confusion, étant plus grande que celle des autres enfants de son âge, on pouvait croire qu'il était plus âgé. Ses cheveux étaient blonds, à mi-longueur, plaqués le long de son crâne. Il s'appelait Gellert Grindelwald, et il venait d'atteindre l'âge d'entrer dans une école de sorcier.

Il attendait sa mère qui devait soi-disant lui dire au revoir, car oui, il se rendrait seul à l'école de Durmstrang. Gellert savait pertinemment qu'elle voulait juste lui assiéger ses règles, et sûrement lui rappeler à quel point il était inutile. Remarque blessante à première vue, mais il en avait l'habitude, sa mère étant pour lui le pire monstre que le monde moldu ai pu créer.

Elle sortit enfin. Une femme aux longs cheveux blonds, coiffés en un chignon imposant sur le haut de son crâne. Elle était d'une beauté à couper le souffle, divine, ensorcelante, mais trompeuse. Belle à l'extérieur, mais odieuse à l'intérieur. Elle revêtait une longue robe de sirène pourpre, sa base étant en toile et cachait ses pieds. Elle descendit les grands escaliers menant à la porte d'entrée du manoir, en direction de son fils, qui n'avait pas daigné lui faire face, regardant toujours droit devant lui. Elle arriva enfin au bas des escaliers et garda une certaine distance :

- Retournes-toi jeune insolent, dit-elle d'une voix profonde, il va falloir que l'on discute de certaines choses toi et moi.

- Oui, répondit froidement Gellert en faisant un demi-tour lent en direction de sa mère.

- Comme tu le sais, reprit-elle, les supérieurs de ton école, aussi stupides soient-ils, n'ont encore aucunes informations sur notre famille, ni sur les récents... « incidents » que j'ai pu rencontrer dernièrement.Gellert se mordit discrètement les lèvres à ces paroles.

- Je veux d'abord que tu leur fasses croire que je suis l'une des votre, une sorcière, une créature impure, une chaudronnière ? Insista-t-elle.

Le mot « chaudronnière » était utilisé par les moldus au temps du Moyen-âge pour désigner les sorcières, stéréotypées par une vielle femme au dos vouté, le nez crochu et recouvert de pustules. Il faut dire que, bien qu'ils aient été témoins de beaucoup de manifestations magiques, ils ne savaient en réalité que peu de chose sur le monde magique.

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