Isaac
Encore une journée de travail qui s'achève. Je ne suis qu'un "bleu". On ne me confie pas de missions importantes mais pour le moment ça m'est bien égal. J'exerce enfin le métier que je rêvais de faire même si l'école de police n'a pas toujours été une partie de plaisir. Néanmoins je suis fier d'y avoir réussi.
J'ai vite compris qu'il ne faisait pas bon être gay auprès de certains camarades. Je ne suis pas un lâche qui fuit ses problèmes ou cache ce qu'il est mais j'ai préféré me faire discret et ne pas faire de vagues. Le résultat en vaut la chandelle puisque j'y suis arrivé. On ne peut pas en dire autant de certains de ces homophobes.
Je ne me réjouis jamais du malheur des autres mais je dois bien avouer que je n'ai pas su retenir un petit sourire satisfait quand j'ai vu qu'ils avaient échoué. Ce genre de type n'a pas sa place au sein de la police. Ils seraient capable de féliciter des connards coupable d'une agression sur un couple gay. Je n'exagère pas, certaines de leurs paroles résonnent encore dans ma tête.
Je salue rapidement mes collègues, dont certains sont devenus des amis, puis me dirige vers la sortie. J'appréhende déjà la journée de demain parce que je vais devoir réaliser une tâche dont je ne me sens pas capable. Je ne sais même pas pourquoi le chef -mon père- m'a collé là-dessus mais les ordres sont les ordres qu'on soit d'accord ou pas.
Je ne suis pas du tout d'accord !
En gros avec mes collègues nous allons devoir déloger une bande de jeunes qui squattent un petit entrepôt désaffecté. Je passe devant tous les jours pour rentrer chez moi et il me semble qu'à part y dormir ils n'y font rien de mal. Mais il est vrai qu'on ne sait jamais ce qui se passe réellement entre quatres murs. J'en ai déjà croisé plus d'un et ils sont tous SDF. Ils n'ont nulle part d'autre où aller. Ce bâtiment est inutilisé depuis des lustres, qui ça gêne que des personnes sans toit s'y réfugient ?
Quand on est flic on n'écoute pas son coeur...
C'est ce que me répète toujours mon père. Je veux bien mais parfois c'est difficile. Surtout dans des cas comme ça. Devoir les foutre dehors et condamner les lieux n'est pas ce que j'imaginais faire en tant qu'officier de police mais comme d'habitude je ferai mon devoir même si ça ne me plaît pas.
Je rentre à pieds profitant de la fraîcheur de la soirée et laisse mon regard dériver vers l'endroit où je serai.demain vêtu de mon uniforme. Je bouscule une personne sans faire exprès et m'excuse rapidement.
-Y'a pas de mal, grommelle une voix éraillée.
C'est un homme. Enfin un jeune homme. Il ne doit pas être beaucoup plus jeune que moi. Vingt ans tout au plus. Sous la lumière des réverbères j'entrevois son visage. Il semble beau mais usé, fatigué.
-Tu... Tu vis ici ? Ne puis-je m'empêcher de demander.
-Ouais à défaut d'autre chose, répond celui-ci en haussant les épaules.
-Quel âge tu as ?
-T'es de la police ou quoi ? S'agace-t-il.
Si tu savais...
-Excuse moi, ça ne me regarde pas. C'est juste que tu sembles si jeune pour être à la rue... Quoique j'imagine que tu n'es pas le seul dans ce cas.
Il sort un truc de sa poche et l'allume. Ça n'a pas l'odeur de la cigarette, il fume de l'herbe devant moi ! En même temps il ne sait pas qui je suis... Je devrais sûrement dire ou faire quelque chose pour l'en empêcher mais je ne fais rien. Embarrassé, je mets les mains dans les poches de ma veste et reste planté là comme un idiot.
-C'est ce qui arrive quand tes parents te foutent dehors sans rien d'autre que ce que t'as sur toi ! Mais on se débrouille comme on peut ! Dit-il d'un ton nonchalant.
-Pourquoi ils t'ont mis dehors ?
-Parce que dans ma famille t'as pas le droit d'être, je cite, une tapette ! Renifle-t-il avec dédain.
-Ils t'ont viré parce que t'es gay ? Je m'exclame choqué qu'on puisse faire une chose pareille à son enfant.
-Et ouais ! Ah et puis peut-être un peu aussi parce que je suis un petit con selon mon père mais bon... C'est la vie !
-Tu sais que t'es pas obligé de rester dehors. Y'a plein de centres d'aide pour les gens comme toi, lui indiquai-je.
-Sans doute.
Il regarde l'heure sur une vieille montre au cadran fissuré.
-Tu ne devrais pas rester ici. Pas à cette heure là.
-Il va se passer quoi ? Je m'inquiète.
-Rien de bien méchant mais toi t'es pas de la bande donc vaut mieux pas qu'on te vois traîner dans le coin.
-Ok... Bon bah à un de ces jours alors, murmurai-je.
La lumière des lampadaires se reflète dans ses yeux aussi noirs que la nuit. Je soupire avant de reprendre mon chemin.
-C'est ça ! Ça m'étonnerait mais pourquoi pas ? Au fait c'est quoi ton nom ? Hurle-t-il alors que je me suis déjà éloigné.
-Isaac !
-Si jamais l'envie te prend et que tu reviens dans le quartier demande Connor ok ?
Connor... Il s'appelle Connor.
Et demain quand il me verra débarquer pour le foutre dehors une fois de plus il regrettera vite ses paroles...
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Give me hope
RomanceConnor est un jeune homme rejeté par sa famille à cause de son homosexualité. Il vit dans la rue entouré d'autres jeunes perdus. Travis, fait ce qu'il veut d'eux en échange d'argent ou de drogues pour les plus accros. Isaac est un jeune policier à...