Travis
Je n'ai opposé aucune résistance quand les flics m'ont coincé juste quand je terminais de ranger les sacs dans mon coffre. Ça n'aurait servi à rien de toute façon. Je savais qu'ils étaient sur mon dos depuis un moment et j'ai relâché ma vigilance. Je n'ai que ce que je mérite après tout. Moi l'enfant issu d'un coup d'un soir entre deux jeunes gens trop alcoolisés pour penser à se protéger.
Ma mère m'a mis au monde et n'ayant aucune envie de s'encombrer d'un marmot qui aurait réduit ses chances de devenir une starlette à la con, ce qu'elle n'a jamais réussi à faire, a miraculeusement retrouvé la trace de mon géniteur. Elle est simplement venu avec le bébé que j'étais en lui disant que j'étais son fils et qu'il devait assumer ses responsabilités. Le pauvre ne devait certainement pas s'attendre à une chose pareille. Mais il l'a fait sans poser de question.
Mon père était un homme merveilleux. Doux, affectueux, patient et avait de l'amour à revendre. Il n'avait rien demandé lui non plus mais pourtant il m'a accepté et s'est occupé de moi sans jamais se plaindre. Il m'a tout donné jusqu'au jour de sa mort. Jusqu'au jour où il m'a brutalement été arraché quand j'avais onze ans, se trouvant simplement au mauvais endroit au mauvais moment. Après avoir séjourné pendant un temps dans une famille d'accueil, les Mayers, qui avaient un fils plus jeune de quelques années avec qui je m'entendais super bien, on est venu m'annoncer que j'allais maintenant vivre avec mon oncle. Le frère de mon père. Je ne l'avais vu qu'en de très rares occasions et n'avait pas de réelle opinion sur lui du haut mes onze printemps mais je me disais que s'il était le frère de mon papa alors ça devait être un homme bien comme lui. Je ne pouvais pas plus me tromper. J'ai quitté ces gentilles personnes et mon nouvel ami pour ne plus jamais les revoir.
Plutôt que de s'occuper de son neveu c'étaient surtout les prestations sociales qui allaient de paire avec l'enfant que j'étais qui l'intéressaient. Il se fichait pas mal de moi, m'envoyant à l'école sans argent pour la cantine ou même un déjeuner qu'il aurait préparé lui même comme le faisait papa. Cependant je ne disais rien. J'avais osé me plaindre une fois et la correction qui avait suivie m'avait laissée des marques partout sur le corps pendant des jours. Je comprenais alors que si mon père n'avait jamais eu de réels contacts avec lui c'était parce qu'ils étaient totalement opposés l'un à l'autre. L'un était le bien quand l'autre représentait le mal. Seulement je ne savais pas encore à quel point il était mauvais...
Je ne m'en suis aperçu qu'à l'âge de quatorze ans. J'avais traîné un peu sur le retour de l'école avec un de mes seuls amis. Billy, c'était son prénom. Je l'adorais. C'était un garçon gentil et jovial qui me faisait me sentir bien quand il parlait avec moi mais aussi misérable quand il se sentait obligé de partager les déjeuners que sa mère confectionnait pour lui. Mais Billy ne disait jamais rien. Il s'en fichait. J'étais son ami et il m'aimait alors il me cédait toujours de bon cœur un peu de sa nourriture. Je me suis rendu compte au fur et à mesure qu'il me faisait ressentir d'étranges choses que je ne savais pas nommer. Quoiqu'il en soit, ce jour-là, j'avais trente minutes de retard sur mon horaire habituel et mon oncle m'attendait de pied ferme devant sa maison. Billy était avec moi et m'avait pressé la main avant de partir avec un regard désolé. Je lui avais dit que mon oncle était sévère sans entrer dans les détails.
Mon oncle était calme en apparence mais à l'intérieur il bouillonnait. Il avait vu ma main dans celle de Billy et m'avait insulté. En plus d'être en retard, je laissais un garçon avoir un tel geste envers moi. Il disait que c'était la faute de mon père, qu'il m'avait mal élevé, que j'étais une sale tapette. Je ne voyais pas ce qu'il y avait de mal dans le geste de mon meilleur ami. Je n'avais que quatorze ans, j'étais encore un enfant innocent qui ne connaissait rien à l'amour et à ses différentes formes. Cet après-midi là en plus des nombreux coups, j'ai subi la pire humiliation de ma vie. Du moins je croyais que rien ne pouvait être pire mais encore une fois, j'avais tort.
VOUS LISEZ
Give me hope
RomanceConnor est un jeune homme rejeté par sa famille à cause de son homosexualité. Il vit dans la rue entouré d'autres jeunes perdus. Travis, fait ce qu'il veut d'eux en échange d'argent ou de drogues pour les plus accros. Isaac est un jeune policier à...