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Isaac

Une journée de travail comme les autres. Je cherche toujours comment faire pour mettre la main sur ce putain de Travis sans mêler Connor à cette histoire. Je me casse la tête mais dans tous les cas j'ai l'impression que ça me paraît impossible.

Il n'était pas bien ce matin. Je l'ai senti. Il n'a rien consommé hier je le sais. Il m'a dit ne plus rien avoir sur lui et même si l'envie de fouiller ses poches me torturait je ne l'ai pas fait. Je dois lui faire confiance, l'aider sans être constamment sur son dos alors j'ai repoussé mon envie et je l'ai laissé seul ce matin. Je croise les doigts pour qu'il ne se précipite pas chez ce connard chercher de quoi se sentir mieux. J'ai beau lui apporter du réconfort je sais que ce ne sera pas suffisant. Pas quand il est embarqué dans cette saloperie depuis deux ans.

J'ai juste hâte de rentrer et de le retrouver à la maison. Enfin, chez moi. Peut-être qu'un jour ce sera chez nous. Il m'a demandé si j'allais l'attendre. Évidemment que je vais l'attendre, comme si le contraire était envisageable ! Finalement si je n'ai pas réussi à faire parler mon coeur hier soir, aujourd'hui il le fait de lui même. Comment en si peu de temps j'ai pu développer autant d'affection pour une personne ?

En rentrant d'une intervention un peu musclée, je rejoins la salle de pause et prends mon téléphone en main avec l'envie de lui envoyer un message. Juste pour qu'il sache que je pense à lui mais j'ai peur de la façon dont il pourrait le prendre. Quand la sonnerie m'averti d'un message, je souris en voyant son nom s'afficher.

"J'ai rendez-vous avec un médecin. Ta mère a vraiment fait vite. Tu crois que c'est parce que je suis un cas tellement désespéré qu'elle doit agir aussi rapidement ? En tout cas je suis pressé de te retrouver ce soir. Je me sens mal et je sais qu'avec toi j'irai bien. Si tu veux de moi dans ton lit..."

Bon et bien au moins si je doutais de pouvoir lui écrire le premier, je peux maintenant lui répondre.

"Tu n'es pas un cas désespéré. Et tant mieux si ça va vite. Tu seras débarrassé de ça et tu pourras enfin reprendre ta vie comme tu l'as laissée il y a deux ans ou faire ce qui te rend heureux. Je veux de toi dans mon lit et n'importe où ailleurs. J'ai hâte de rentrer. "

-Avec qui tu parles ? Me demande Parker.

-Avec Connor.

-C'est pas le fils des voisins hein ? Insiste-t-il.

-Euh... Je...

-Isaac, dit-il plus bas, je ne suis pas un de ces connards de l'école de police ok ? J'ai bien vu qu'il y avait autre chose. Tu peux me le dire à moi.

-C'est compliqué, je soupire.

-T'inquiète pas, je suis patient et intelligent. Je comprendrai.

C'est un de mes meilleurs amis ici. Il est vrai qu'il n'est pas comme les autres. Je décide de lui confier deux ou trois trucs sans pour autant tout dévoiler. On ne sait jamais. Il m'écoute sans broncher se contenant d'hocher la tête au fur et à mesure de mes explications.

-Je m'en doutais un peu. Mais tu devrais être prudent.

-Pourquoi ?

-Le prend pas mal, commence-t-il, t'es mon ami et t'as l'air hyper épris mais... Tu crois pas que... Qu'il est juste intéressé ? Par ce que tu peux lui apporter j'entends. Pas par la merveilleuse personne que tu es.

Ça, ça fait mal. Je ne le pense pas ou alors il est bon comédien. Je hausse les épaules parce que maintenant, à cause de lui, j'ai un léger doute.

-Je pense pas que ce soit son genre, dis-je néanmoins.

-Isaac, le mec crèche dehors depuis deux piges. Tu lui offres un toit, de la bouffe et...

-Et quoi ?

Je vais finir par m'énerver.

-Rien, laisse tomber. Juste fais gaffe à toi.

Pour toute réponse je pousse un petit grognement. Il a dit qu'il pensait être amoureux de moi, même si vraiment il joue la comédie il ne peut pas être aussi... méchant au point de mentir sur ça. Et puis les larmes qu'il a versé, le réconfort qu'il a cherché dans mes bras je... Non, je me refuse de croire que Connor se sert de moi. Il avait même peur que je lui demande quelque chose en retour de mon aide ! Je suis certain que je compte pour lui autant qu'il compte pour moi.

Parker a raison, je suis déjà très épris de lui et si vraiment il se joue de moi je pense que j'aurai plus mal que jamais. Il n'a rien à voir avec ceux que j'ai connu avant même s'ils étaient peu nombreux. Tout en lui me donne envie de l'aimer et de le protéger. Il me tarde de rentrer et de le voir, de sonder son regard afin de déterminer s'il est sincère avec moi.

En début de soirée je me traîne jusqu'à l'appartement. Je ne m'attends pas à ce qu'il soit là, hier il est rentré tard. Je déverrouille la porte, jette mes clés sur le petit meuble dans l'entrée et me laisse tomber dans le canapé en soufflant bruyamment. Parler avec mon ami ne m'a pas vraiment aidé. Pire que ça, je n'avais jamais vraiment douté des intentions de mon petit gars mais maintenant je n'arrive pas à faire taire cette petite voix dans ma tête qui me crie de me méfier.

-Isaac, t'es rentré ?

Je me redresse quand sa voix me parvient de la chambre. Il est ici. Je vais le rejoindre et le trouve allongé sur le lit à fixer le plafond les traits soucieux.

-Ça va ? Demandai-je en allant m'asseoir près de lui.

-J'en sais trop rien.

-Est-ce que tu veux en parler ?

-Je peux commencer n'importe quand. Dès demain si je le veux. C'est juste que...

Je n'ose pas le brusquer. Je préfère attendre qu'il parle de lui-même alors je laisse le silence s'installer.

-J'ai peur, finit-il par avouer en se relevant pour me regarder.

-De quoi tu as peur au juste ?

-Peur d'échouer, peur de ne pas avoir la force de combattre tout ça. Peur que... Peur que durant mon absence tu rencontres un type qui soit mieux que moi sur tous les plans. Ce qui ne serait pas dur à trouver, pouffe-t-il sans joie. J'ai peur que tu ne m'attendes pas. Je... Si t'es pas là à mon retour je sais que je replongerai. Que je me détruirai. C'est dingue franchement, on se connaît à peine mais tu m'es déjà indispensable Isaac.

Je suis touché par ses paroles. Il l'est lui-même, ça se voit. Non clairement il ne joue pas la comédie. Pas aussi bien. Il s'avance légèrement pour saisir mon t-shirt dans son poing et m'amener à lui. Mon corps suit le mouvement et nos bouches ne sont plus qu'à quelques millimètres l'une de l'autre.

-Dis-moi que j'ai tort de penser tout ça. S'il te plaît, donne moi l'espoir d'y arriver.

Son souffle s'échoue sur mes lèvres et j'efface la minuscule distance qu'il restait entre nous pour trouver les siennes.

Give me hopeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant