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-Oublie ça ! S'exclame Connor face à mon manque de réaction.

-Ça va être difficile...

-J'aurais pas dû te dire un truc pareil. C'est vrai, on se connaît depuis genre cinq minutes, on a grillé toutes les étapes et moi j'suis là à te...

Je l'embrasse pour qu'il arrête de parler. Il me fait ressentir des choses c'est clair mais je ne peux m'empêcher de me demander s'il pense ça à cause de ce que je fais pour lui. Je retrouve sa langue et le fait gémir en le collant plus contre mon corps. Mes mains sont sous ses fesses et les siennes tirent mes cheveux. Je n'arrive peut-être pas à lui dire ce que j'éprouve pour lui mais je peux lui montrer avec mes gestes.

Je le renverse dans le canapé et me positionne au dessus de lui. Je reprends possession de sa bouche et part à la rencontre de sa langue. Nous nous embrassons jusqu'à ce que l'air nous manque. Je glisse une main sous son t-shirt pour caresser sa peau puis le releve afin de poser mes lèvres sur son corps. Je prends mon temps, embrassant son ventre plat tout en passant le bout de mes doigts sur ses flancs. Il frissonne et se tortille un peu. Il veut plus alors j'ouvre les boutons de son pantalon et libére son sexe déjà tendu. Je fais quelque va-et-vient pour qu'il soit complètement dur puis le prends dans ma bouche. Il laisse échapper un petit cri de plaisir qui me donne envie de tout lui donner. Je m'applique donc à lui donner le maximum de sensation le prenant toujours plus loin, laissant ma langue jouer un peu avant de creuser les joues pour l'amener à la jouissance. Mes doigts passent sous ses bourses pour titiller son entrée. Il gémit mon prénom en donnant un coup de bassin qui lui fait taper le fond de ma gorge. Je ne relâche pas mes efforts jusqu'à récolter le fruit de son orgasme sur ma langue. Je n'ai pas hésité, durant nos conversations j'ai appris qu'il était clean donc je n'ai pas peur.

Une dernière fois je lèche les traces de semence sur lui et l'attire dans mes bras incapable de prononcer le moindre mot. Il vient automatiquement nicher sa tête dans mon cou. Je ne sais pas combien de temps nous restons comme ça mais sa respiration se fait plus régulière et il s'endort. Pour ne pas le réveiller je l'allonge et me place derrière lui afin de l'enlacer fermement.

****
Connor

Je me réveille en pleine nuit collant de sueur. Nous sommes encore dans le canapé d'Isaac et il dort profondément. Je me lève pour me rafraîchir à la salle de bain. J'ai envie d'une clope alors sans faire de bruit je prends ma veste et quitte l'appartement pour prendre l'air.

Dehors je réfléchis à tout ce que sa mère m'a dit. Au vu de ma consommation elle envisage une cure de désintox. Ça me fout les jetons. Je lui ai dit que si l'asso pouvait m'aider et me trouver une place dans un centre j'étais partant mais la vérité c'est que c'est dur. Elle n'a pas su me donner le déroulement exact des opérations parce que, semble-t-il, c'est différent pour chaque personne. En plus je prends n'importe quoi du coup moment que ça me fait planer donc difficile de dire à quoi je suis réellement dépendant. Je devrais sans doute rester enfermé pendant un mois. Minimum.

Il faut que je sois absolument motivé parce que c'est le point essentiel, la clé de ma réussite en quelque sorte. Je le suis, j'ai envie d'arrêter. Je suis juste tellement négatif que j'ai peur de replonger une fois dehors. Elle m'a dit que je serai bien suivi à l'extérieur et que si tout se passe bien je pourrai même reprendre des études ou alors trouver un job. C'est super mais la seule chose qui me donne envie de le faire c'est la perspective de rendre Isaac heureux et fier de moi. J'ai pas menti tout à l'heure. Je crois réellement être amoureux de lui. Je le dis tout le temps mais c'est un ange. Si le fait de me ressaisir et de prendre ma vie en main peut me permettre de la partager avec cet homme, alors je suis prêt à tous les sacrifices.

Je tire une dernière fois sur ma clope avant de l'envoyer valser d'une pichenette. Je n'ai rien pris aujourd'hui, je ne me sens pas trop mal mais qu'en sera-t-il des jours suivants ? Je risque d'être insupportable et je préfère que ce soit une équipe médicale qui subit mes sautes d'humeur plutôt qu'Isaac. Je sais qu'il ne m'en voudrait pas mais il ne le mérite pas. C'est la seule personne depuis que je suis à la rue qui m'a tendue la main. Vraiment tendu la main. Travis peut bien dire ce qu'il veut, même si Isaac m'abandonne un jour, j'aurais au moins eu la sensation d'avoir compté pour quelqu'un durant un temps.

À cause de la fraîcheur de la nuit je frissonne légèrement. Je regagne l'appartement et le trouve assis encore tout endormi dans le canapé.

-Désolé. Je voulais pas te réveiller. J'étais juste sorti pour une cigarette.

-C'est pas grave. Ce truc n'est pas très confortable de toutes façons, dit-il doucement.

D'un signe de tête il m'invite à le suivre dans son lit. Nous nous déshabillons et nous allongeons l'un contre l'autre reprenant notre nuit où elle s'était interrompue.

Étonnement je me réveille avant lui et, même si je ne suis pas chez moi, fouille dans les placards pour lui préparer un petit déjeuner. J'ai besoin de m'occuper les mains et l'esprit. Je me sens barbouillé ce matin et je ne sais que trop bien pourquoi.

Depuis la chambre dont j'ai laissé la porte entrouverte, j'entends son réveil, un grognement puis plus rien. Il doit encore avoir la trouille que je sois parti. Il déboule dans la cuisine la mine contrariée puis soupire de soulagement. Qu'est ce que je disais ? Il a dit qu'il me faisait confiance mais je vois bien que c'est faux. Ça me déçoit mais en même temps je le comprends. Il vient déposer un baiser sur ma nuque qui me fait sourire malgré tout.

-T'as trouvé tout ce qu'il te fallait ?

-Ouais, désolé j'ai fouillé mais j'avais envie de te faire plaisir.

-Sois pas désolé. Fais comme tu veux. Et merci, dit-il en souriant.

Il voit que je ne mange pas me contentant juste d'une tasse de café mais ne dit rien. Il a remarqué que je n'étais pas dans mon assiette, c'est évident.

-Si ta mère a une place pour moi dans un des centres qu'elle a sollicité, est-ce que tu... Est-ce que tu m'attendras ? Murmurai-je craignant sa réponse.

-Évidemment ! Je sais pas quel genre de personne tu penses que je suis mais je ne vais pas faire tout ça pour toi, être comme ça avec toi, pour te laisser tomber juste après.

-J'ai peur. Peur, de ne pas y arriver, peur de replonger, peur de te décevoir... T'es la seule personne qui se soucie de moi, dis-je sur le point de craquer.

-C'est normal d'avoir peur. Mais je t'assure que ça va aller.

Ses mots me font du bien et m'apaisent. Une fois de plus, ses bras m'apportent le réconfort dont j'ai besoin. J'espère vraiment que j'aurai des bonnes nouvelles rapidement parce que le manque commence à se faire ressentir. Juste un peu pour l'instant mais je sais qu'au fur et à mesure que les heures passeront, j'aurai de plus en plus mal.

Je tourne comme un lion en cage une bonne partie de la matinée avant de me décider à sortir. Si je reste enfermé je vais finir par casser quelque chose pour passer mes nerfs. Je marche lentement ne sachant même pas où aller. Je sors mon téléphone et mon doigt fait défiler le peu de contact qu'il contient. Je ne m'arrête pas au nom de d'Isaac mais sur celui de Travis. J'ai envie d'un truc. Même un petit joint peu importe mais il me faut quelque chose. Je manque de faire tomber l'appareil quand il se met à sonner.

-Allô, je réponds d'une voix mal assurée.

-Connor, j'ai une bonne nouvelle. Ce n'est pas exactement ce que j'espérais mais il y a une potentielle place pour toi dans un service pas loin d'ici. Tu as un rendez-vous cet après-midi.

-Ah déjà. Euh... Ouais ok, merci. C'est... Super, dis-je sans joie.

-Retrouve moi à l'asso dés que possible. Je t'accompagne.

-D'accord.

Putain quel timing de merde ! Même pas le temps de trouver un dernier truc à fumer ou à sniffer. En soufflant bruyamment, je fais demi tour et prends le chemin qui me conduira à ma guérison. Croisons les doigts pour !

Give me hopeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant