Chloé

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Je regarde la lune et tire la première taffe. Elle n'est jamais bonne mais c'est la plus enivrante. J'adore me priver de cigarettes, sentir le manque à en devenir malade, jusqu'à ce que mon corps pue l'addiction, et lorsque je m'en allume enfin une, je la trouve aussi agréable que d'enfiler des chaussettes de coton neuves. Sentir la nicotine pénétrer mes poumons me donne la même sensation que de nourrir à un affamé. Pure satisfaction.

Je fume ce délicieux poison, regarde mon téléphone, il est 3h42.

Je tourne la tête, mes yeux se posent sur Chloé. Allongée sur mon lit, nue, ses seins pointent vers le plafond, son corps me donne envie de lui faire un tas de choses. Elle est belle. Ses cheveux blonds ont livré bataille et reposent éparpillés sur l'oreiller. Sous ses fines clavicules se dresse la plus belle partie de son corps, ses seins. Ils sont doux, petits mais fermes, comme je les aime. Je déteste les gros seins, ça bouge dans tous les sens au moindre au mouvement. Je refuse de coucher ou même d'embrasser une fille à gros seins, à choisir donne-moi torse ou Jane Birkin. Ceux de Chloé sont beaux, comme son ventre, aussi plat qu'un désert, avec un petit grain de beauté à la gauche de son nombril. Sur sa jambe une grosse tache de naissance lui dévore une partie de la cuisse. Même après toutes nos baises, elle a encore peur de cette marque. Elle est imposante, c'est vrai, comme une touche de couleur à son corps, une différence.

Ma cigarette crève entre mes mains alors que je n'ai tiré que trois fois dessus. Faut croire que le corps d'une femme compte plus que cigarette after sex. Je m'en rallume une, il en reste 7, comment je vais tenir toute la semaine, on est dimanche. Je me retourne, cherche mon paquet, mais une main l'a pris avant moi.

- Tu es réveillée depuis longtemps ? Elle prend une sèche.

- Non, je ne te sentais plus près de moi, j'avais aussi envie de ma "cigarette after sex", dit-elle avec un accent anglais exagéré, sûrement pour se moquer de mes anglicismes, qui, je le reconnais, peuvent être insupportables. Je souffle du nez, sa remarque n'est pas drôle, elle ne me fait pas rire.

La flamme du briquet illumine son visage, elle l'a posé contre mon torse légèrement musclé, la lumière de la lune et des lampadaires auraient suffis.

Elle se colle contre moi, je me crispe.

La lune ne brille pas haut du tout cette nuit, elle n'est pas pleine, elle est vilaine.

3 taffes et un sourire [terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant