Je baisse les yeux et me roule en boule, encore plus que ce que j'étais avant. Je ramène mes genoux à mon torse et les entours de mes bras y mets ma tête. Je pleure. Je pleure à grosses gouttes, je sanglote. Je ne pleure pas de peur ou de rage, non je pleure de fatigue et de tristesse. Oui de tristesse, je n'en peux plus. Je suis seul, si seul. Je n'y arrive plus. Je crois sérieusement que je vais craquer, si ce n'est déjà fait depuis un moment. Depuis 1 ans et demi. Je pleure si fort que j'en ai des secousses. La dernière fois que j'ai pleuré comme c'était ce fameux jour. Je serre fort mes genoux contre moi, comme un doudou, une personne, comme pour espérer me consoler, me rassurer, me dire que tout va bien aller, que tout va s'arranger, que ce n'est qu'une mauvaise phase et que dans la vie il y a des hauts et des bas et que c'est bientôt fini. Je veux que tout s'arrête. Je veux que "ce bas" qui dure depuis des mois n'existe plus. Je veux partir, loin, dans un autre pays, un pays où tout va bien, ou tout est plus facile. Je veux pouvoir rire, sourire à pleine dents, profiter. J'aimerais pouvoir vivre. Je ne vis plus. Je ne suis que spectateur et je vois mon malheur jouer avec moi comme on joue avec une poupée.J'ai mal au ventre à force de me contracter pour tenter de me calmer mais rien n'y fait. Encore une fois, je souffre. Je bouge ma main pour me frotter les yeux et sent une main sur mon épaule. Je l'avais oublié. Il la retire et m'aide à me lever. Je ne lui dis même pas merci, je devrais mais je n'ai pas la force de parler, j'en ai peine pour marcher. Il doit être 22h. je me dirige vers ce même banc. Je vais m'assoir et fixe le vide. Mr. Capuche se dirige vers moi et, alors que je m'attendais à ce qu'il me parle ou s'assoie avec moi, il me donne un briquet et s'en va. Sans rien m'avoir dit. Ce type est vraiment bizarre. Il reste près de moi, met sa main sur mon épaule comme si nous étions amis, mais ne dit rien pour me rassurer, m'aide à me lever comme si nous étions camardes et s'en va comme si nous étions de parfaits étranger, ce que nous sommes. Je m'allume ma cigarette et la fume en silence. Je ne veux pas rentrer chez moi mais je suis obligé, je ne vais pas passer ma nuit dehors, même si tout ce dont je rêve, là maintenant. Bon je me lèvre et rentre à la maison. Il n'y a pas de bus. Je vais renter à pied, ça va me prendre 1h mais ça va me faire décompresser.
***
Comme prévu, j'ai marché pendant longtemps. Des larmes ont coulé sans mon accord mais j'ai été bien. Je n'avais rien en tête, juste les paroles de mes musiques qui défilaient et les lumières des lampadaires. Je n'ai croisé personne, tout le monde est dans les bars. Je n'ai vu qu'un couple s'embrasser et j'ai pensé à Chloé. Je me suis dit que je ne l'avais pas vu aujourd'hui alors que sur le mot que j'ai mis hier, j'avais noté "à demain". Je la verrais demain.
J'arrive devant chez moi et je vois Aden assis sur le palier. Il a les mains liées et les coudes posés sur ses cuisses. Il a l'air perdu dans ses pensé. J'arrive en face de lui, son visage se lève et ses yeux s'encrent dans les miens et il se remet à regarder dans le vide. Je m'assieds à côté de lui.
« Tu sais Cami, quand je te parle comme si tu avais 12 ans, c'est parce que j'aimerais que tu retournes à cet âge, que l'on retourne à cet âge. Qu'on aille au parc faire du skate en mangeant des têtes brûlées, qu'on fasse de jeu à la con comme essayé de mettre le plus de marshmallow dans la bouche ou juste parler, parler pendant des heures du nouveau jeu vidéo qui va sortir et comment organiser nos aprèms pour pouvoir le finir ensemble avant les autres. Que tu parles tout court enfaite. Tu ne parles plus, ris plus, souris de temps en temps. Tu acceptes plus mes câlins, tu fais plus de blagues. » les larmes lui montent aux yeux mais je ne vais rien dire, c'est vrai que ce qu'il me dit me fait de la peine. Moi aussi j'ai envie de revenir en ces temps. « Alors je sais, enfin non je sais pas tu m'en parles pas, mais j'imagine ce que tu peux ressentir, j'imagine pas à quel point ça doit être difficile de devoir t'occuper tout seul de Charlotte, que ta mère est devenu une loque et que ton pè-»
« Ne le dis pas » je lance
« Si je vais le dire ! c'est que tu sais peur de ton père !!! » à ces mots mon cœur se serre. « C'est normal, mais tourne la page, ça fait plus d'une année. Tu dois accepter et avancer ! tu ne peux pas vivre comme pour toujours ! tu n'es plus que l'ombre de toi-même, regarde-toi ! »
« Tu crois que je n'essaie pas ? tu crois que j'aime ressentir ça comme si ça faisait hier que c'était arrivé. J'essaie chaque putain de minute mais ça ne fonctionne pas ! rien ne fonctionne !! je n'arrive pas ! il me hante Aden, il me hante chaque jour, chaque heure, chaque seconde de ma vie !!! il est là » je montre ma tête avec mon doigt » « à passer en boucle les images. J'ai envie de mourir Aden, j'ai vraiment envie que tout s'arrête. » lorsque je prononce ma dernière phrase, il se lève et me prend dans ses bras et me serre fort. »
« Ne dis jamais ça Camille. »
« Cami » il ricane et je l'entends renifler. Je lui ai fait de la peine en disant ça, je le sais.
« Ne m'abandonne pas, t'es mon meilleur pote » je décide de répondre à son câlin, même si je n'aime pas ça et que je me sens oppressé je le fais quand même.
Et c'est là que je le vois marché tout seul, de l'autre côté de la route, sous la lumière d'un lampadaire, une cigarette éteinte dans la bouche. Je mets ma main dans ma poche et serre son briquet dans ma main.
Son visage se tourne, on se regarde dans les yeux et il s'en va. Encore une fois pour la troisième fois de la journée.
Il m'a suivi ?
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3 taffes et un sourire [terminé]
Romantizm« Ta copine, la blonde, elle embrasse bien ? » « Comment tu sais que c'est ma copine ? » « Je vous ai vus le premier jour, elle t'a roulé une grosse pelle. C'était bien ? » je ne le comprends pas. Il parle de manière calme et posé, une voix un tout...