« Vous avez déjà pris le car pour aller à l'école ?
-Maëlys, tu ne vas pas recommencer. Soupira mon père.
A l'heure du dîner j'en étais toujours à mes préoccupations en matière de car, soient :
Que se passerait-il si je le manquais ?
Où m'asseoir ?
Et si je tombais ?
-Tu ne peux pas manquer le car parce qu'il passe à 7h30, et te connaissant, tu seras prête bien avant.
-Et pour ce qui est de la place mets-toi au milieu. Les agités se mettent toujours au fond. Ajouta Sophie.
-Le car passe d'abord à côté de chez nous, tu auras forcément une place assise.
-Et si tu ne veux pas tomber, tu n'as qu'à dégager a mèche de cheveux de devant ton œil droit ! susurra Elsa.
J'émis un son inintelligible.
-Ah ! Quand vas-tu arrêter d'être complexée par tes yeux ?!
-Je ne suis pas complexée sans raison !
-Ils sont très bien tes yeux...
-Ah oui ?! m'exclamai-je. Souviens-toi de Célia Verredelait, en CE2 ! Elle m'a poursuivit dans toute la cour avec sa bande d'amies avant de m'attacher à l'aide d'une corde à sauter à un arbre, pour me faire brûler vive, en tant qu'extraterrestre !
-Je me souviens de cette fille ! C'est vrai qu'elle n'était pas très sympa avec toi, mais arrête de raconter qu'elle a voulu te mettre sur bûcher, c'est ridicule. Fit mon père avec un petit rire.
Ma sœur gloussa.
-Mais je vous assure qu'elle avait un briquet dans la main ! Elle ne l'a pas allumé parce que la cloche a sonné à ce moment-là!
Papa et Elsa étaient pliés en deux. Sophie ne riait pas, mais je voyais bien qu'elle se retenait à grand peine.
Je suis rousse. Cela ne me dérange pas le moins du monde, seulement j'avais droit à des surnoms tels que Rox et Rocky, Poil de Carotte ou sorcière dans certains cas extrêmes ! Ce qui me déplaisait le plus chez moi étaient mes yeux, qui avaient la particularité d'êtres vairons.
Mon œil gauche était noir et mon œil droit était bleu clair ! De toutes les couleurs possibles et imaginables qu'auraient pu prendre mes yeux, pourquoi avait-il fallu qu'elles soient si mal assorties ! J'avais l'impression d'avoir un œil plus gros que l'autre ! Cette particularité m'avait valu des regards horrifiés et des surnoms aussi agréables que ceux que l'on réservait à mes cheveux, comme monstre et extraterrestre.
De ce fait, je dissimulais mon œil droit derrière une mèche de cheveux depuis le CE2. Ma famille était d'ailleurs très agacée par cette technique de camouflage, (notamment ma sœur).
Je me mordis les lèvres comme à chaque fois que j'étais inquiète.
« Ne t'inquiète pas, tout va bien se passer. » dit Elsa d'un ton plus compatissant.
Je souris et montai rapidement dans ma chambre. Je préparai mes affaires et me couchai. Il était 22h. Mes pensées tourbillonnaient dans mon esprit et mon cerveau ne voulait pas se mettre au repos. Je respirai lentement, m'efforçant de me détendre, de ne penser à rien, de ne rien ressentir. Je restai ainsi des heures durant, plongée dans le noir. J'appréhendai la réaction de mes camarades face à la couleur de mes yeux, de mes cheveux. Et si je devais me présenter devant toute la classe ?
A 4 heures du matin, mes pensées finirent par dériver vers ma mère. Ma mère. Elle était partie lorsque j'étais en 6e. Enfin, partie n'est pas le mot exact. Elle avait disparu. Je m'en souvenais comme si c'était hier, et je crois que cette journée restera à jamais gravée dans ma mémoire, même si elle était en grande partie banale. Vendredi 13 septembre 2011. Maman partait au travail très tôt. C'est pour cela que je ne m'étais pas inquiétée lorsque je m'étais réveillée et qu'elle n'était pas à la maison. J'étais allée au collège, où j'avais passé une journée parfaitement normale.
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Le Papillon Rouge
Teen FictionDerrière chaque personne peut se cacher un secret extraordinaire. Maëlys, 15 ans, ressemble à de nombreuses jeunes filles de son âge, malgré ses yeux vairons et sa mèche rebelle. Elle se dispute avec sa belle-mère, découvre les premiers émois de l'...