Le Papillon Rouge

Chapitre 12 : Le rêve.

Un papillon rouge volait devant moi. J'essayais de l'attraper avec un filet, mais il ne cessait de m'échapper. La voix de mon père raisonnait à mes oreilles : « Ta mère n'a pas toujours été sage quand elle était jeune ! ». Et il éclatait de rire. Ma mère riait avec lui :

« J'étais une vraie canaille ! Le papillon rouge, insaisissable, invisible, aussi léger que l'air et rapide comme l'éclair ! ».

Je ne comprenais pas ce qu'elle voulait dire. Le papillon se posa sur mon nez et la scène changea.

*

Je me tenais devant un présentoir remplit de boucles d'oreilles et de colliers en toc. Mon regard était irrésistiblement attiré vers un collier avec un petit papillon qui se balançait, comme si le coléoptère allait s'envoler d'un instant à l'autre.

« Maman ! Je veux celui-là !

-Ah non ! Pas un papillon !

-Mais pourquoi ?!

-Le battement d'aile d'un papillon peut provoquer un séisme à l'autre bout du globe ! »

Exaspérée, je tirai de ma poche ma montre à gousset.

« 6h32 » marmonnai-je.

**

Je me retrouvai soudain dans mon ancienne chambre. Je tournai mon regard vers mon réveil lumineux, mais il avait été remplacé par la montre à gousset, qui indiquait toujours 6h32.

« Elle s'est arrêtée. » pensais-je.

Je me levai en la tenant à la main, et me rendis dans le salon pour aller demander à maman de la réparer. J'allais entrer dans la pièce quand j'entendis la porte d'entrée s'ouvrir et se refermer. Je me précipitai. Il n'y avait personne. Je tirai le battant en criant : « Maman ! ». La porte s'ouvrit sur l'obscurité et le néant. Je sentis quelque chose de doux me frôler la joue. Le papillon rouge sortit dans la nuit.

« Non, ne sors pas, tu vas te perdre ! » hurlai-je.

Mais il avait déjà disparu.

***

« Le papillon rouge, insaisissable, invisible, aussi léger que l'air et rapide comme l'éclair ! ». Je regardai la montre à gousset. 6h32.

« Le papillon rouge, insaisissable, invisible... »

****

Du rouge. Du rouge partout. Une flaque rouge. Du sang. Ma mère est dans une mare de sang. Dans un lac de sang. Dans une mer de sang. Elle se relève, dégoulinante, elle m'appelle :

« Maëlys ! Au secours ! »

*****

Est-ce un rêve ou un souvenir ?

Je crois que c'est un souvenir.

Mais c'est étrange car j'ai des ailes dans le dos.

De grandes ailes rouges.

Je ne crois pas en avoir dans la réalité.

Pour l'instant elles sont repliées dans mon dos. Je suis assise à mon ancien bureau, dans mon ancienne chambre. Ma mère est debout dans l'encadrement de la porte, les bras croisés.

« Maëlys, il faut que tu t'améliores en maths !

-Maman, je fais ce que je peux ! répliquai-je avec colère.

-Et bien visiblement pas assez ! Tu as eu en dessous de la moyenne à ton dernier contrôle !

-J'avais révisé !