Chapitre 9 : Belle-mère et fille.

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Notre exposé se déroula sans anicroches, et nous obtînmes même une des meilleures notes de la classe ! Les vacances de la Toussaint arrivèrent. Je pensais que nous retournerions à Paris, chez mes grands-parents paternels, mais papa m'expliqua qu'il préférait demeurer ici, pour finir quelques travaux dans la maison.

Pour ma part, j'étais sûre que tout était de la faute de Sophie. En effet, les parents de mon père aimaient beaucoup maman, et, même s'ils faisaient tout pour le cacher, ils n'appréciaient guère le nouveau choix de papa. Par égard pour cette dernière, mon père avait sans doute voulu lui éviter des vacances désagréables. Encore une fois il n'avait pas pensé à nous.

« Tu exagères, papa a vraiment des travaux à faire dans la maison, notamment dans ta chambre, vu que tu as mis du temps à dire à Sophie ce que tu voulais pour la décoration ! répliqua Elsa qui était revenue à la maison pour les vacances. Tu ne peux t'en prendre qu'à toi-même ! »

Cette réflexion n'améliora pas mon humeur ! Le pire était qu'Edmond était parti chez sa grand-mère, et il ne revenait pas avant fin de la deuxième semaine. Même s'il m'appelait tous les jours ou presque, je commençais à m'ennuyer. Je passais mon temps entre faire mes devoirs et ruminer de sombres pensées, ce qui n'était pas très amusant. Je ne disais cependant rien au jeune homme de mes griefs contre Sophie, pour ne pas passer pour la belle-fille ingrate. Edmond était en effet passé à la maison, pour finir notre exposé.

En apprenant qu'il était féru de jardinage, la jeune femme lui avait donné une magnifique encyclopédie illustrée sur les plantes comestibles de la région. Edmond éprouvait donc de la sympathie pour Sophie, même s'il s'efforçait de ne pas le laisser paraître devant moi.

« Maëlys, il faut que je te dise quelque chose.

Quand on parle du loup.

J'étais dans la cuisine, en train de faire mes questions d'histoire. Sophie se tenait derrière moi, hésitante.

-Désolée, répondis-je froidement, je suis occupée.

Plusieurs choses se produisirent alors en même temps. La porte de la cuisine claqua. Je sursautai et transperçai ma feuille avec la pointe de mon stylo plume. Sophie s'avança à grands pas, les mains sur les hanches, les yeux flamboyants. Pour la première fois depuis que je la connaissais, je songeai que le silence en cours de technologie n'était peut-être pas dû à l'ennui de la classe, mais au fait que la professeure avait de l'autorité.

-Tu vas m'écouter tout de suite. Gronda-t-elle.

Elle prit appuie sur la table et approcha son visage à deux centimètres du mien.

-Cela fait deux ans que tu me traites comme une intruse, une espèce de cafard, un parasite dans ta famille. J'ai essayé d'être indulgente, j'ai essayé d'être compréhensive. Ta mère avait disparu. Ce n'est pas comme si tes parents avaient divorcés. Mais cela fait deux ans Maëlys, deux ans que je suis entrée dans ta vie ! Que ça te plaise ou non ton père m'a choisi. Je vais partager sa vie, et la tienne aussi ! Tu penses peut-être que j'essaye d'être gentille et sympa avec toi par pitié ou par hypocrisie. Mais je t'apprécie. Enfin j'apprécie la Maëlys que je croyais cerner en tant qu'élève et par ce que son père m'avait dit d'elle ! La jeune fille cultivée, qui adore la lecture... et pas cet enfant de mauvais poils, odieuse ! Je te conseille donc de réfléchir à ton attitude, pour que l'on reparte sur de bonnes bases, sinon, je te garantis que tu vas passer de très mauvaises vacances ! »

Et Sophie quitta la cuisine en claquant la porte, ses cheveux flottants au vent. Je restais immobile, bouche bée. Ma mère était une personne qui partait facilement au quart de tour si l'on était insolente. Ma belle-mère en revanche était le calme et la patience assurée. C'était d'autant plus impressionnant de la voir s'énerver.

Je songeais d'abord à aller en parler à papa ou à Elsa. Sophie m'avait quand même qualifiée « d'enfant de mauvais poil et odieuse ». Mais en y réfléchissant... elle n'avait peut-être pas tort.

***

« J'ai l'impression que c'est exactement ce qu'il me fallait ! Elle a enfin été totalement elle-même avec moi. Dis-je à Edmond. Non pas que c'était une hypocrite, elle a dit qu'elle m'appréciait, ou plutôt elle appréciait la version de moi-même qui n'était pas croisée entre un bouledogue et un chat enragé, et je la crois. Je pense que j'avais besoin d'une bonne leçon, je recherchais la confrontation, le combat, je voulais qu'on me cri dessus.

Le jeune homme m'observa d'un air songeur.

- Je pense que ton analyse est juste est pertinente.

Nous étions à la fin de la deuxième semaine de vacances. Je lui avais brièvement raconté par texto la scène que j'avais eu avec Sophie. Il n'y avait pas eu d'autre coup d'éclat depuis, pour la simple et bonne raison que je me montrai plus aimable. Ce n'était pas l'amour fou, mais je commençai peu à peu à accepter ma belle-mère. Même si je ne pouvais éprouver pour elle un amour aussi fort que celui que j'éprouvais pour maman, je n'étais plus froide et distante, ce qui était déjà un progrès considérable.

-Il y a un problème, j'aimerais malgré tout m'excuser pour ma conduite, mais je ne sais pas comment faire, je n'oserai jamais lui dire en face...

-Pourquoi ne pas lui écrire une lettre ? proposa Edmond. Si on allait au village pour lui choisir une jolie carte ? »

Nous attrapâmes donc le car de 16 heures. J'achetai une carte avec un joli papillon dessus et écrivis de ma plus belle écriture :

Chère Sophie,

Je tenais à m'excuser pour ma conduite exécrable de ces derniers temps, que dis-je, de ces dernières années.

Je ne voulais pas que tu prennes la place de maman. J'avais l'espoir qu'elle reviendrait. Je l'attends toujours, je suis sûre qu'elle reviendra.

Mais, en attendant, j'accepte le fait que tu apportes joie et bonheur à papa. Merci de lui donner le sourire.

Je sais que cette lettre a l'air enfantine et puérile, mais c'est la seule manière que j'ai trouvée pour m'excuser dignement, sans bafouiller ou dire n'importe quoi.

Maëlys Eleonore Black, ta petite teigne préférée !

PS : Quand maman reviendra que se passera-t-il, comment feras-tu ?

Le Papillon RougeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant