Chapitre 14 : Les ennuis commencent.

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« Non. Dit Edmond d'un ton catégorique.

-Allez quoi, s'il te plaît, ce sera amusant ! gémis-je.

-Pas question. »

Je soupirai. Nous étions en train de sortir nos affaires de français. Le jour se levait à peine et tout le monde était encore un peu endormit. Ayant moi-même fait une énième insomnie je m'étais carrément endormie sur l'épaule du jeune homme dans le car qui nous conduisait au lycée. Il ne m'avait réveillé qu'à l'arrivée, et j'avais été très gênée en découvrant que les autres élèves nous regardaient avec des sourires entendus. Lavande m'avait fusillé du regard. Si les yeux pouvaient lancer des éclairs, je serai morte foudroyée sur place !

J'avais profité du fait qu'Edmond soit encore tout chamboulé de s'être fait taper dans le dos par ses congénères masculins venus le féliciter de m'avoir mis le grappin dessus pour passer à l'attaque, et lui proposer de venir à la fête de Saba avec moi. A ma grande déception, il avait malgré tout refusé. Nous étions donc tous les deux en train de nous défier du regard quand Mme Brontë entra.

« On en reparlera après. » Dis-je pour lui faire comprendre que je ne considérais pas le sujet clos.


Il haussa les épaules d'un air agacé.

« Bonjour à tous ! s'exclama notre professeure.

Elle avait remplacé son fichu rouge par des caches-oreilles (le mois de novembre était particulièrement froid). Ses cheveux courts étaient toujours aussi rose qu'en septembre, ce qui laissait supposer qu'elle « ratait » souvent sa teinture.

« Aujourd'hui nous étudions le chapitre deux de Candide par notre bien aimée Voltaire.

Benjamin le comique du premier rang fit mine de se tirer une balle dans le crâne.

Alors que Mme Brontë s'apprêtait à répliquer par une plaisanterie, des coups furent frappés à la porte de la salle. Notre professeure fit signe aux élèves qui avaient encore leur bonnet de les enlever. Elle-même ôta ses caches-oreilles et se hâta d'aller ouvrir.

A notre grande surprise, M. Bourgeon, notre cher directeur entra dans la classe.

L'hiver n'était vraiment pas sa saison préférée, il avait de toute évidence un rhume carabiné. Il portait une grosse écharpe de laine qui semblait tricotée main et tremblait de tout son corps.

« B...Bonjour à dous. Fit-il en parlant du nez.

-Que nous vaut ce plaisir ? s'enquit Mme Brontë.

M. Bourgeon cligna des yeux comme si la vue des cheveux flamboyants de Mme Brontë l'éblouissaient et répondit :

-Et bien nous debion accueillir un noubelle élèbe aujourd'hui, bais je crains qu'il ait eu des comblications. Il a banqué le car...

Il y eu des ricanements dans la classe. Edmond lui-même eu un léger sourire moqueur. Manquer le car le jour où l'on devait venir dans une nouvelle école, il fallait vraiment le faire !

-Il a peut-être eu une panne d'oreiller ! lança Benjamin.

-Silence ! répliqua le directeur d'un ton sec.

Malgré son rhume, il était impressionnant, les élèves se turent instantanément.

-Ce jeune homme vient de Paris, comme notre chère Maëlys Black ici présente.

Je rougis légèrement en voyant M. Bourgeon se tourner vers moi.

-Je vous demande de lui réserver un aussi bon accueil que celui que vous avez fait à Mlle Black. Il devrait arriver après le déjeuner...

Le Papillon RougeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant