Chapitre 19 : L'histoire se répète.

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« Mlle Black, mais qu'est-ce qui vous a pris ?! »

Assise sur une chaise du bureau du directeur, les yeux baissés, je ne répondis rien. Je me posais la question en effet : « Qu'est-ce qui m'avait pris ? Pourquoi avais-je perdu mon sang-froid ? J'étais dans les ennuis jusqu'au cou ! »

-C'est évident ! lança Mme Gédéon, cette fille est une folle furieuse !

-Madame, je vous en prie, dit M. Bourgeon d'un ton suppliant. Attendons de connaître toute l'affaire avant de tirer des conclusions hâtives !

-Mais enfin M. le directeur, elle a jeté un cadavre de souris sur le visage de mon fils !

-Je vous assure, Mme Gédéon, que Maëlys est une personne douce et calme, dit Mme Brontë. Votre fils a dû lui faire quelque chose de très grave pour qu'elle se mette en colère à ce point.

Du coin de l'œil, je vis qu'elle fixait Odilon d'un regard intense. Lui aussi gardait les yeux baissés.

-Qu'insinuez-vous madame ? dit la femme d'un ton sec.

-Pour l'instant, je ne formule que des suppositions. J'attends l'arrivée du père de Maëlys pour creuser tout cela. Mais si votre fils était innocent, il aurait déjà dû nous le dire, ne croyez-vous pas ?

-C'est parce qu'il est en état de choc ! Non contente de lui avoir quasiment fait avaler des boyaux de souris, elle l'a aussi griffé au visage.

-Il semblerait qu'il lui ait également donné un coup de poing sur l'œil...

-Il se défendait !

-D'après ce que je peux observer dans la chevelure de votre fils, intervint Mme Dode qui était assise à côté de madame Gédéon, je crois qu'il s'agit de résidu d'intestins...

-Purity-Garence, s'il vous plaît, ce n'est vraiment pas le moment ! s'exclama M. Bourgeon.

-Mais c'est i-mmonde ! couina la mère d'Odilon d'une voix perçante. Que quelqu'un les lui enlève, vite !

-Décidément personne n'apprécie à sa juste valeur mes spécimens de laboratoire ! déplora la professeur d'SVT.

-Purity-Garence.... Commença le directeur.

Mais à cet instant la porte s'ouvrit. Mon père, l'air complètement paniqué, déboula dans le bureau. Ses yeux se posèrent sur moi. Il ouvrit la bouche d'un air stupéfait.

-Maëlys... » souffla-t-il.

Avec mes cheveux roux qui me tombaient sur le visage, mes plaies et mes bosses, je devais lui rappeler une autre élève de qu'il avait rencontré trente ans plus tôt. Si j'avais toujours été fière de ma ressemblance avec ma mère, elle me jouait à présent des mauvais tours, car papa, pâle comme un linge, dû s'appuyer au chambranle de la porte pour ne pas tomber.

« M. Black, vous vous sentez bien ? interrogea Mme Brontë d'un air inquiet.

Mme Dode se leva pour lui laisser sa chaise.

Mon père s'y laissa tomber. Son regard se posa alors sur Odilon.

-Mais... mais... mais c'est i-mmonde ! Qu'est-ce que ce garçon a dans les cheveux ?! On dirait des morceaux de chaire !

-Pour être précis, il s'agit d'un morceau d'intestin de... commença la professeure d'SVT.

Mais M. Bourgeon l'interrompit et raconta comment j'avais perdu mon sang-froid en plein cours de biologie.

-... et donc après avoir enfoncé le cadavre de la souris dans le visage de son camarade de classe, ils en sont venus au main. Il a fallut que trois élèves ceinturent Odilon pendant que votre fille était tenue par Mme Dode. Heureusement, la bagarre n'a duré que quelques minutes, si bien qu'il n'y a pas d'autres blessures à déplorer que des plaies ou des bosses.

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