Chapitre 32: La colère d'Elsa.

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Nous rattrapâmes Elsa de justesse.

« Sœurette ! criai-je d'une voix assez forte pour que mes parents sachent que nous étions derrière la porte. Il faut que je te raconte ce qu'a fait maman pendant toutes ses années, pourquoi elle est partie...

-Sophie me l'a déjà dit. Me coupa-t-elle sèchement.

-Alors cela atténue peut-être un peu...

-Cela n'atténue rien du tout, elle a quand même voulu disparaître quelques jours avec son ex-petit ami de lycée ou je ne sais qui...

-C'était sur un coup de tête ! Elle a voulu revenir !

-Elle a aussi voulu nous quitter !

-Les gens font parfois des actions inconsidérées, cela arrive non. »

Il y eut un silence. Nous songeâmes toutes les deux aux nombreuses actions inconsidérées qu'Elsa avait pu faire dans sa vie et j'en conclus qu'elle était presque à égalité avec maman. Ma sœur respira profondément.

-Je sais que, outre son coup de tête, elle a des raisons plutôt valables pour être partie... même si je pense malgré tout qu'elle aurait pu appeler la police, ou en reparler à papa...

-Ils ne s'écoutaient plus... commençai-je.

Mais elle m'interrompit.

-Je vais malgré tout lui demander de nous quitter.

-QUOI ?! m'exclamais-je.

-Enfin Maëlys réfléchit ! Elle ne peut pas revenir dans notre vie comme ça, après cinq ans ! Et as-tu pensé à Sophie ?!

-Je ne sais pas ! Je ne sais plus ! m'écriai-je. D'une part j'ai envie que Sophie reste mais d'un autre côté j'aimerais bien que maman revienne et que tout soit comme avant ! »

J'avais enfin exprimé ce qui me tourmentait depuis que j'avais compris que nous avions une chance de retrouver ma mère. Une sorte de couinement nous fit nous retourner. Sophie était assise en haut des marches et pleurait. Elle avait tout entendu. Elsa et moi montâmes précipitamment l'escalier. Par respect pour notre intimité, Edmond préféra rester en bas.

« Ne pleure pas ! dis-je en m'agenouillant devant elle.

-Tu... tu sais Maë... sanglota-t-elle. Si vous... si vous préférez que je parte, je m'en irai. Je veux que vous soyez heureux, avec votre père, et si Koridwen vous permettait de...

-Ne joue pas les héroïnes tragiques ! fit Elsa en lui donnant un mouchoir. Nous ne voulons pas que tu partes...

Elle me regarda.

-Nous ne savons pas... soufflai-je. Nous ne savons pas quoi faire. Aucune des possibilités ne nous semble la bonne.

Sophie se moucha, s'essuya les yeux et nous regarda avec le plus grand sérieux. Elle s'adressa d'abord à ma sœur :

-Elsa, il faut que tu te réconcilies avec ta mère.

Ma sœur laissa échapper un grognement sonore.

-Je sais de quoi je parle, cela fait au moins... dix ans que je ne parle plus à la mienne.

-Sérieusement ?! m'exclamai-je. Tu ne nous l'avais jamais dit !

-Ma mère était une femme extrêmement brillante. Elle travaillait dans un service de recherche pour lutter contre le cancer du poumon. J'ai également deux sœurs toutes aussi intelligentes. A côté d'elles, j'avais l'impression d'être un peu le vilain petit canard. Je me disputais souvent avec ma mère. J'ai quitté la maison à dix-huit ans, sans chercher à la revoir. Deux ans plus tard, j'ai appris avec surprise que mes parents avaient divorcé. Mon père m'a présenté sa nouvelle compagne, et, entre nous cela a tout de suite été le coup de foudre !

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