Chapitre36 : Entretien avec Holmes

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J'avais d'abord pensé m'introduire dans la chambre d'Agathe à sa manière, c'est-à-dire par une fenêtre ouverte, mais ma mère, à qui j'avais confié mon problème, m'en avait dissuadée.

« Il ne faut pas que tu l'abordes par surprise, elle risquerait de se braquer. C'est une bonne petite, je pense qu'elle sera disposée à te parler... il faut simplement la mettre dans de bonnes conditions. Sans compter que Mme Dantès est maintenant tous les jours chez elle, je ne pense pas qu'elle serait ravie de te voir débarquer à l'improviste ! »

Maman s'était révélée la confidente idéale pendant ces jours d'été. En effet, Elsa avait décidé d'aller chez une amie pour se remettre de ses émotions (même si elle avait promis d'être là pour le départ de maman), Sophie était occupée dans le jardin et je ne voulais plus approcher papa depuis que j'avais eu à mon tour droit à la conversation. J'avais oublié à quel point c'était agréable de discuter avec ma mère...

Le cœur plus confiant que j'étais donc allée sonner chez les Dantès. Annabella avait eu l'air surprise de me trouver devant sa porte :

« Edmond n'est pas à la maison pour le moment, veux-tu que je lui dise que tu es passée ?

-Non, merci madame, je voulais parler à Agathe...

-Je te souhaite bien du plaisir ! grommela sa mère. Depuis qu'elle sait qu'elle va partir au pensionnat, elle boude dans sa chambre ! J'ai du mal à la faire venir manger à table avec nous !

Elle se mordit les lèvres.

-Je sais bien que ce n'est pas facile de quitter tout ce que l'on connaît, mais il n'y a rien de bon pour elle ici... Vous savez sûrement qu'elle souffrait de brimades... L'Angleterre est loin... mais vous êtes la preuve vivante que l'on peut survivre au changement !

Je lui fis un sourire crispé, un peu gênée qu'elle m'utilise pour se convaincre que son action était juste. Son raisonnement n'était pas dépourvu de bon sens, mais si je m'étais si bien adapté à ma nouvelle vie, c'était grâce à Edmond. Or, pour un Edmond, combien y avait-il d'Odilon ?

-Ne vous inquiétez pas, je vais aller la réconforter et la convaincre que tout va bien se passer ! »

***

Agathe se tenait assise bien droite face à son bureau. Des papiers étaient entassés devant elle mais elle ne semblait pas les voir. Ses polars, habituellement rangés par ordre alphabétique, étaient éparpillés dans toute la chambre. Je remarquais également que la fillette avait les yeux rouges. Lupa, couchée à ses pieds, grogna à mon entrée dans la pièce.

« Lupa ! Viens ici ! » cria Mme Dantès depuis la cuisine.

La chienne ne pouvait désobéir à un ordre direct de sa maîtresse. En jetant un regard coupable à la fillette, elle sortit de la pièce.

Je ne savais pas très bien comment commencer la conversation et Agathe ne m'aidait pas. Elle ne me regardait pas, ne donnait pas l'impression d'avoir conscience de ma présence. Je m'avançai lentement vers elle et posait doucement la main sur son épaule.

« Agathe, regarde-moi s'il te plaît. Il faut que nous parlions toutes les deux.

-Tu viens me dire combien je vais être heureuse dans ce stupide pensionnat anglais ? dit-elle sèchement. Épargne ta salive, maman m'a déjà fait le même discours. Bien la peine qu'elle revienne à la maison celle-là...

La dureté des paroles me surpris, mais je savais qu'elles étaient surtout motivées par la colère. Au fond d'elle la fillette était malgré tout contente de savoir sa mère près d'elle.

Le Papillon RougeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant