Chapitre 27 : Les deux mères

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Les rideaux n'étaient pas tirés, et dans les derniers éclats du soleil je vis quelque chose qui me coupa le souffle.

« Baissez-vous ! dis-je aux deux autres.

Nous nous baissâmes derrière un massif de fleurs que Sophie avait eu la brillante idée de planter sous la fenêtre. En parlant du loup... ma belle-mère se tenait appuyée contre le plan de travail de la cuisine. Mais elle n'était pas seule. J'entendais quelqu'un bouger à l'autre bout de la pièce. La personne s'avança dans notre champ de vision.

« Excusez-moi pour cette entrée. Dit une voix féminine.

Ma mère. Ma mère était là devant moi. Je ne l'avais pas vu depuis cinq ans et je ressentis un certain choc. Son visage était plus maigre, et de nouvelles rides étaient apparues au coin de ses yeux et de sa bouche. Elle était également plus sale, comme si elle avait passé toutes ses années à courir les bois et les champs. Mais le plus impressionnant était que...

« Ses cheveux sont blancs ! » chuchota Edmond.

Il avait raison. Sa chevelure, autrefois rousse et soyeuse, était devenue blanche comme neige. Elle semblait également être moins épaisse mais peut-être était-ce dû au fait qu'elle était pleine de nœuds.

« Qui êtes.... Oh mon dieu ! Vous êtes Koridwen Black... Souffla Sophie.

Elle semblait à la fois effrayée et en colère.

-Asseyez-vous.

Cela ressemblait plus à un ordre qu'à une formule de politesse. Ma mère s'assit du bout des fesses sur l'une des chaises.

-Du thé ?

Et sans attendre la réponse, ma belle-mère mis de l'eau à chauffer avec des gestes brutaux. On avait l'impression qu'elle réfléchissait à une stratégie.

-Merci. Répondit ma mère.

A voir les deux femmes assise l'une en face de l'autre, on aurait cru voir deux amies prenant aimablement une tasse de thé... s'il n'y avait pas eu cette tension dans l'air. Le tout était de savoir qui allait rompre le silence la première.

« Qui êtes-vous ? demanda enfin maman.

Je me mordis la lèvre. Je voyais dans ses yeux qu'elle avait déjà une petite idée de la réponse... et qu'elle la redoutait.

-Je suis la nouvelle compagne de Simon. Répondit ma belle-mère. Il y avait un mélange de gêne et de défi dans sa voix.

-Ah, d'accord. »

Ma mère encaissa le choc. Je la vis serrer les poings sous la table. Sophie se pencha vers elle :

« Où étiez-vous ? Pourquoi êtes-vous partie ? Pourquoi ne revenir que...

-Ce n'est pas à vous que j'expliquerai tout cela mais à Simon et à mes filles. Coupa sèchement maman. Où sont-ils ?

-Ils ne sont pas encore rentrées. Simon est parti récupérer Elsa à l'internat et Maëlys est avec des amis.

-Et elle n'est pas encore là à cette heure ? interrogea maman d'un ton qui sous-entendait clairement que Sophie était une belle-mère irresponsable.

Sentant que la situation allait déraper, je me redressai brusquement et lançai :

« Ne t'inquiète pas maman, je suis rentrée ! »

***

Sophie renversa sa tasse de thé. Ma mère se leva d'un bond.

« Maëlys ! Non d'un chien comme tu as grandi !

Le Papillon RougeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant