Chapitre 10 : Le pacte

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Je pris une grande inspiration et regardai Edmond droit dans les yeux.

« J'ai réfléchi à la proposition de ta sœur. Je pense que je vais accepter.

Le jeune homme manqua de s'étouffer avec son croissant.

-Edmond, lança Gilles, pour l'amour de mon emploi, fais moins de bruit, sinon je vais être renvoyé ! »

Les vacances étaient terminées, nous étions dans le car qui nous conduisait au lycée. Mon ami, comme à son habitude, n'avait pas petit-déjeuner (je me demandais parfois s'il ne le faisait pas exprès pour le plaisir d'énerver Gilles), et j'étais en train de lui annoncer la grande décision que j'avais prise cette nuit, au cours d'une de mes insomnies.

« Je ne sais pas si tu comprends dans quoi tu t'engages en passant un accord avec Agathe. Dit-il d'un air grave. Ce n'est pas une petite fille qui joue à Sherlock Holmes. Enfin, dans un sens s'en est une, mais ma sœur est vraiment investie dans ce qu'elle fait, et généralement elle obtient des résultats.

-Tant mieux, c'est ce que je recherche.

-Elle pourrait révéler des choses qui ne te plairont pas.

-Comme quoi par exemple ? demandai-je d'une voix tendue.

-Elle pourrait te dire que ta mère est avec un autre homme, qu'elle a refait sa vie... ou qu'elle ne veut pas revenir. »

J'en restai bouche bée. Comment Edmond pouvait-il me dire une chose pareille ! Mais n'étais-ce pas ce que je redoutais en secret ?

Je lui lançai malgré tout un regard assassin.

-Pourquoi me dis-tu ça, après tout ce que je t'ai raconté sur elle ?! Elle nous aime. Et je suis convaincue qu'elle aime mon père.

-Parfois les adultes prennent des décisions inconsidérées.

-Qu'est-ce que tu en sais ? répliquai-je, irritée par son ton calme et patient, comme si j'étais une gamine hystérique.

-Regarde mes parents par exemple. Ils ont voulu des enfants, ils en ont eu deux, mais ils ne sont jamais là pour s'en occuper. »

Cette réflexion me fit oublier pendant quelques secondes ma colère. Quand Edmond m'avait dit qu'il passait les vacances chez sa grand-mère, j'avais pensé que ses parents viendraient également, au moins pour quelques jours. Mais ce n'était peut-être pas le cas.

-Ma mère n'est pas une adulte comme les autres. »

Edmond hocha la tête pour clore le débat, et changea de sujet.

Mais lorsque nous descendîmes du car il ajouta :

-Agathe va fouiller dans vos vies, ne l'oublie pas. »

Je hochai la tête, déterminée.

Saba me fit signe un peu plus loin.

« Je reviens. » Dis-je, contente d'avoir un prétexte pour m'éloigner de lui un instant.

« Ça va ? me demanda-t-elle lorsque j'arrivais à sa hauteur. Tu as l'air bizarre.

-Non, non, tout va bien.

-Vous vous êtes disputés ? m'interrogea Noémie en me faisant la bise.

Puis elle ajouta sans attendre ma réponse :

-Ne te fais pas de soucis, c'est normal dans un couple.

-Pas du tout, ce n'est pas du tout ce que tu crois ! m'exclamai-je en prenant la couleur d'une tomate bien mûre.

Le Papillon RougeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant