Chapitre 15 : De mal en pis.

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Odilon Gédon fut élu « beau gosse de la classe » par Lavande Verredelait et ses amies, détrônant Benjamin et Edmond qui occupaient leur liste secrète depuis près de quatre ans.

Odilon Gédéon fut remarqué et félicité pour ses remarquables performances sportives en cours d'EPS.
Odilon Gédéon fut bientôt le meilleur ami de Benjamin et à la tête de quasiment tous les garçons de la classe.

Odilon Gédéon savait que ma mère avait disparu.

Odilon Gédéon ne m'aimait pas.

Il ne m'avait rien fait. Pas encore.

Pour ma part, je l'évitais soigneusement. Lorsque Saba qui semblait elle-même tombée sous le charme, me dit qu'il avait l'air « gentil le nouveau », je me contentais d'un sourire crispé et d'un hochement de tête.

Je n'avais pas eu l'occasion de me réconcilier avec Edmond. Pendant le trajet du retour dans le car, j'avais été si absorbé par l'arrivée du garçon que je n'avais pas eu le temps de dire quoique se soit. Comble de malheur, Mme Brontë avait décidé de faire un plan de classe, pour remédier aux bavardages persistants en cours de mathématiques. Je me retrouvais donc à côté de Suzanne Trickson qui vouait un culte aux rongeurs et possédait deux souris blanches, tandis qu'Edmond se retrouvait au premier rang à côté de Benjamin.

J'attendis avec hâte la récréation pour lui parler, mais alors que je sortais, Saba s'empressa de venir me parler. Malheureusement elle voulait de nouveau me demander mon opinion sur Odilon.

-Au fait, tu le connaissais d'avant ? ajouta-t-elle après un interrogatoire où je ne répondis que par monosyllabes.

-Euh... non.

-Ok. »

Elle sembla soulagée, elle ne voulait pas que j'ai des liens privilégiés avec notre nouveau camarade. Tout cet émois tournait au ridicule. Puis je me souvins de ce que m'avais dit Edmond le jour de la rentrée. J'apportais de la fraîcheur, de la nouveauté. Deux nouveaux élèves dans une petite commune inconnue comme celle-ci était quasiment un miracle. Finalement cette agitation n'était peut-être pas si étonnante que cela.

« Maëlys, tu viens d'arriver, tu NE LES CONNAIS PAS !! Tu as vécu en ville presque toute ta vie, tu ne sais pas comment c'est dans un petit village de campagne ! »

Il n'avait pas tout à fait tort. Je le cherchai des yeux et le vit en train de bavarder avec Benjamin. Il ne m'accorda pas un regard, même si, j'en étais convaincue, il savait que je l'observais. Il avait apparemment décidé de tenir compte de mes remarques.

« Très bien, pensais-je, tu veux jouer à ce jeu là... »

Je me tournais donc vers Saba avec un grand sourire et lui demandais :

« Et sinon, la gymnastique artistique, ça avance ? »

Pendant qu'elle me parlait avec enthousiasme de la nouvelle figure très complexe qu'elle avait réussi à maîtriser, je vis Odilon traverser la cour. Lavande, qui était déléguée de classe, devait lui avoir fait visiter le lycée, car elle se tenait juste derrière lui. Je me crispai mais il ne se tourna pas vers moi. Il s'avança plutôt vers Benjamin, la jeune fille toujours dans son sillage. Il salua son ami, puis Edmond. Celui-ci lui répondit poliment, mais je vis du coin de l'œil qu'après l'arrivée d'Odilon il ne participa plus à la conversation.

« Il se méfie de lui. » Songeai-je.

Edmond avait certainement remarqué le regard noir qu'Odilon m'avait adressé. Il attendait donc d'en savoir plus sur lui.

La cloche sonna, et je me hâtai de remonter en classe. Nous ne nous étions toujours pas expliqué.

***

Le Papillon RougeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant